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EAN : 9782847423679
318 pages
PASSAGE (31/08/2017)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Soldat déprimé au sein d’une armée laissée à l’abandon, le sergent Dida se contente de survivre. Il ne croit plus en rien. Un jour pourtant, la chance s’arrête sur le seuil de sa vie.

Dans une station-service écrasée de soleil, un officier jette son mégot dans une flaque d’hydrocarbure. Ce mépris souverain pour la mort enflamme l’imagination du sergent. Il vient de rencontrer son héros… Il ne faut pas rater cette occasion ! Le jeune homme a encore que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Tout d'abord, je vais commencer par remercier les Editions le Passage ainsi que l'opération Masse Critique de Babelio pour m'avoir offert de si bon coeur cet ouvrage.
Je dois avouer que cela me change complètement de mes lectures habituelles qui sont essentiellement orientées SFFF. Mais je suis vraiment heureux, justement, d'avoir été investi de cette mission qui était de découvrir un univers, des propos et un auteur nouveaux pour moi.

Le récit se lit bien et relativement facilement. Il n'y a absolument aucune longueur, et aucun passage ne m'a semblé futile et inutile. J'ai énormément apprécié la richesse du vocabulaire utilisé. L'auteur parvient aisément à allier un style d'écriture facile de compréhension et léger, avec une grande intelligence dans le choix lexical.


L'intrigue est intéressante. Il s'agit de l'ascension fulgurante d'un homme qui part de rien et qui, par le hasard d'une rencontre, puis le hasard d'autres rencontres également, parvient à la plus haute fonction de son pays.
Par moments, on croirait lire un mode d'emploi possible pour mener un coup d'Etat.
On pourrait critiquer en avançant l'argument que tout parait trop simple, mais cela au contraire sert la fluidité de la lecture. Sans entrer dans trop de détails qui pourraient rapidement s'avérer lourds et ennuyeux, on découvre les mauvais côtés de la prise du pouvoir et les mauvais côtés de la conservation de ce pouvoir.
Le but n'est pas de se questionner sur le bien-fondé des choix et décisions du nouveau chef de l'Etat, mais bien de montrer qu'un pays ne se dirige pas seul. Il faut prendre en compte les actions et décisions des intervenants internes et externes. Si un pays est instable au point de pouvoir être renversé par un putsch alors il faut garder à l'esprit que le putschiste peut lui-même être à son tour renversé, sauf s'il accepte d'entrer dans un jeu politique qui, l'écoeurait à la base, et constituait sa principale motivation pour la prise du pouvoir. Tout dirigeant communiste, voire utopique, a dû se rendre coupable de bien des atrocités pour se maintenir et maintenir le régime désiré.

Sans dévoiler la fin du livre, je dirai que la morale est bonne et tout à fait réaliste. On ne peut pas diriger un pays, une société, de façon solitaire. Il faut être prêt à faire des sacrifices et à s'assoir sur une partie de son amour propre également.

Par contre, parce qu'il faut tout de même critiquer un peu chaque bouquin, j'aurai aimé voir davantage d'intrigues secondaires, creuser peut-être encore un peu plus les relations avec les ambassadeurs, ou développer les personnages gravitant directement autour de Dida en leur ajoutant des péripéties ou un passé. Je trouve que ça aurait rendu le tout encore plus épique.

En tout cas, j'encourage vivement l'auteur à réitérer l'expérience de l'écriture de romans, car force est de constater qu'il est doué pour cet exercice et qu'il a des choses intéressantes à raconter. S'il me lit, je le félicite pour l'évasion africaine qu'il m'a offerte.

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Il est vrai que ce roman est aux antipodes de mes lectures habituelles (d'ordinaire plutôt axées sur les polars et autres thrillers en tout genre) et en cela je remercie vivement les éditions le Passage ainsi que l'opération Masse critique de Babelio qui me font ainsi découvrir de nouveaux sujets, de nouveaux auteurs et me font voyager aussi par la même occasion.

Pour ce premier roman d'Olivier Rogez, nous partons vers un pays de l'Afrique de l'Ouest, qui n'est jamais nommé précisément dans le livre mais on comprend qu'il a dû être une ancienne colonie française et qu'il pourrait être à mon sens la Guinée dont l'histoire du capitaine Moussa Dadis Camara pourrait avoir inspiré ce livre. Mais peu importe car le livre retrace une histoire universelle, celle du destin d'une nation secouée par les soubresauts de l'Histoire et de l'ascension au pouvoir d'un simple sergent surgi de nulle part, promu capitaine à la faveur d'une situation opportune puis Chef d'Etat.

Ce sergent, vit d'expédients glanés à droite et à gauche en faisant des « petits boulots » et en rendant quelques services, la solde de l'armée suffisant à peine à le maintenir en vie. Car tout part à vau-l'eau dans ce pays-là. La misère est latente et tous ceux qui s'en « sortent » vivent de « combines » ou de larcins divers. Les « bandits » sont rois au royaume de cocagne. Au plus haut niveau de l'état la corruption règne en maître. C'est la loi du chacun pour soi.

Un matin, la population constate une effervescence inhabituelle aux abords du palais présidentiel et pour cause, le vieux chef d'état Doumbia, se meurt. Aussitôt les spéculations vont bon train ; les tractations et les manipulations pour la succession vont bientôt faire rage au cénacle et chacun des protagonistes se voit jouer un rôle prépondérant et accéder à la fonction suprême au prix de duels meurtriers et sans pitié pour leurs adversaires.

Mais c'est sans compter sur une équation à plusieurs inconnues : l'armée ainsi que le peuple et ses réactions. Car même s'il est rarement consulté pour ce qui est des décisions au plus haut niveau il n'en reste pas moins un joker non négligeable que tous cherchent à manipuler.

Mais que fera Dida une fois son coup d'état mené à bien quasiment sur un coup de tête ? Quelle sera son programme pour la destinée de son pays ? Là est tout le coeur du livre. Quel sera sa réflexion et son cheminement ? Quel rôle son entourage va-t-il jouer ? Sera-t-il positif ou négatif ? Arrivera-t-il à se sortir de la spirale de la corruption et des exactions commises pour le « bien de l'état » (ou du peuple et ce qui ne se rejoint pas toujours)?

Nous le suivront d'espoirs en désillusions, de déceptions en illuminations ; l'auteur avec un langage frais, coloré et vivant, autopsie comment le pouvoir influe sur la personnalité, guide l'individu jusqu'à son ultime revendication : déclencher la Révolution. Une vraie révolution, celle qui libère les âmes, celle qui redonnera égalité aux humains, qui rompra les chaines qui les avilis et les soumets, qui détruira toute corruption et qui fera renaitre un ordre nouveau. Mais Dida réussira-t-il à imposer sa vision de l'avenir ? Existe-t-il une révolution « positive » ?

L'auteur qui est grand reporter pour RFI en Afrique connait bien ces questions brulantes et tente d'y introduire avec un certain succès, sa propre vision des choses. Cependant il se défend d'avoir écrit un livre « sur l'Afrique » en arguant que ces problèmes-là sont mondiaux et qu'on peut retrouver la même situation sur n'importe quel continent. Il veut donc élargir le débat à quelque chose de plus philosophique, de plus global sur l'impact du pouvoir sur une personne, l'usure de son exercice et la finalité de la puissance gagnée par la force.

Ce livre est une vraie belle découverte et la fin m'a étonnée et puis elle nous rappelle somme toute que L Histoire n'est qu'un éternel recommencement…



Lien : https://christinehoussin1.wi..
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Olivier Rogez aime l'Afrique. Cela se lit, cela se sent, cela se ressent... Et son roman est un témoignage de cet amour. Un amour qui permet de voir les rides et les failles, tout autant que le potentiel et la force de ce continent.

Qui trop embrasse, mal étreint, dit le proverbe.

Et c'est un peu le problème du roman d'Olivier Rogez. Cet amour est à ce point envahissant, que l'auteur n'a pas le recul nécessaire. Ce n'est que mon point de vue, bien sûr.

Olivier Rogez nous offre un conte africain, presque une fable, une parabole. C'est l'ascension ahurissante de Dida, sergent désoeuvré qui se voit élevé au rang de capitaine et confier la gestion des stocks d'essence... de quoi devenir riche et puissant... mais Dida va avoir un flash, une révélation, et il va envisager d'amener son pays à la démocratie (le Burkina Faso, mais ce n'est jamais dit, si ma mémoire est bonne, donnant au roman une dimension universelle).

Olivier Rogez nous conte cela au premier degré. L'absurde naît des situations réelles. Pas de l'imagination de l'auteur. Les personnages apparaissent à nos regards, parce que nous les connaissons. On se prend à penser à Bokassa. Ou à d'autres militaires putschistes en Afrique. le choix ne manque pas. Mais tout cela sent le vrai. On n'est à peine dans la fiction.

C'est le reproche majeur que je ferai à Olivier Rogez. J'aurais aimé plus d'absurde, du Kafka (on s'en rapproche parfois), du Paasilinna (on ne s'en rapproche jamais), ou des auteurs du même acabit. du vrai absurde, créé de toutes pièces, par la fiction, pas juste l'absurde et le surréalisme qui nous ont été fournis par l'Afrique elle-même. On se situe au premier degré, alors on sourit un peu mais le destin de ce continent nous explose à la figure et nous ne le savons que trop bien... La fin ne convainc pas, parce qu'elle est trop réelle... malgré une pirouette dans les derniers paragraphes, qui nous ramène au point de départ (et c'est tellement vrai).

Cela dit, j'ai apprécié cette lecture, ce style, ces idées, cette passion pour l'Afrique. Merci à Babelio (Masse Critique de septembre 2017) et aux Editions le Passage.
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L'Afrique encore, après le fulgurant "Un yankee à Gamboma" de Marius Nguié qui avait pour cadre une bourgade, nous changeons d'échelle dans cette pantalonnade à peine exagérée d'un coup d'état militaire dans un pays africain certes imaginaire mais si réaliste.

Car si Olivier Rogez avance masqué là où Marius Nguié nomme courageusement lieux et responsables politiques, tous deux nous parlent de la même chose.

L'auteur force à peine le trait et son récit, nourri de son expérience journalistique, emprunte à l'évidence à de nombreuses situations réellement survenues plus ou moins récemment sur ce continent si durement malmené.

En l'espèce, l'attitude, le comportement et les propos du personnage de l'Ambassadrice de France sont autant de prétextes à des scènes particulièrement savoureuses de cynisme diplomatique.

Dramatiquement burlesque et malheureusement si représentatif des exactions intérieures et des interventions extérieures qui harassent l'Afrique depuis des décennies.
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Voilà un livre que je n'aurais jamais lu sans le prix Roblès. Une histoire sur une dictature de l'Afrique de l'Ouest. Merci, très peu pour moi, j'ai déjà donné.
Eh bien contrairement à toute attente, j'ai été favorablement impressionnée et ce assez rapidement. D'abord, par le personnage, issu de rien, crève-la-faim d'une armée corrompue puis par le style d'Olivier Rogez, à la fois fluide et émaillé d'un vocabulaire relevé et enfin par le fait que l'on vit " de l'intérieur " la fin d'une dictature et cet après, tellement difficile dont on voit les effets sur nos écrans de télé, bien calés dans nos fauteuils.
Rien n'est rose et les miracles n'existent pas même si on voudrait y croire.
Merci à Olivier Rogez pour ce livre. J'ai hâte de le rencontrer en juin prochain.
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critiques presse (1)
LeMonde
08 décembre 2017
Olivier Rogez conduit le récit avec une grande maîtrise et un véritable sens du rythme. La narration est haletante, le suspense de plus en plus dense. Il parvient surtout à faire exister ses personnages.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Son âme était partagée. Son moi, discipliné par la vie sous les drapeaux, s'offusquait de voir des prisonniers jouir en toute impunité d'un régime si relâché. Son surmoi, rebelle et anarchiste, s'amusait à voir ces hommes contrevenir ouvertement aux normes du système carcéral. (p.63)
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La foule se battrait avec l'énergie des révoltés, des justes, des désespérés. Elle se battrait car elle n'avait rien à perdre, et aucune autre échappatoire. Ce peuple croupissait dans le caniveau de la vie, luttait chaque jour pour trouver de quoi espérer, n'arrivait plus à vaincre la misère et la faim, n'en pouvait plus de ce soleil sans pitié qui le tuait à petit feu. Il brûlait de rendre au centuple aux élites opulentes le mépris qu'il recevait et marchait maintenant vers un destin dont il n'osait dessiner les contours mais qui serait à coup sûr plus glorieux et plus brillant que cette vie misérable à laquelle il était condamné de naissance.
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Le capitaine Dida ne connaissait rien à la politique, rien aux relations internationales, mais il savait une chose : lorsque l'on dérange un lion, il vaut mieux savoir courir vite. (p.227)
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- Sais-tu quelle est la différence entre un président mort et un président?
- Non.
- Le mort est toujours plus grand. Moi, je ne suis qu'un petit capitaine vivant. L'Histoire ne retiendra rien d'autre que mes échecs ! (p.308)
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Des millénaires d'obéissance ont enseigné à certaines lignées de femmes à ne jamais protester quand les hommes sont ainsi emportés par une violente tempête d'hormones.
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Videos de Olivier Rogez (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Rogez
Olivier Rogez vous présente son ouvrage "Les hommes incertains" aux éditions le Passage.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2349178/olivier-rogez-les-hommes-incertains
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