Si l'interprétation n'a de valeur que dans le cadre d'une seule culture, comment se fait-il que nous trouvions des éléments identiques dans de nombreuses cultures, bien qu'elles puissent être orientées vers des buts différents ? Faut-il invoquer la diffusion ? C'est bien peu probable. Du reste, cela ne prouverait rien car une collectivité n'empruntera ou n'acceptera que des éléments culturels correspondant à quelque chose dans sa propre organisation. Mais il existe une preuve bien plus frappante : c'est que dans toutes les cultures, les rêves ont la même signification latente.
Je suis d'accord avec Rickman, quand il écrit : « La seconde erreur est de présumer que le surmoi provient de la société dans son ensemble, qu'il est une manifestation d'un « instinct grégaire mal défini ». « Quant à sa source dans la société globale, en réalité cela se passe dans le sens inverse. Les opinions de la société découlent de processus d'identification qui sont aussi à l'oeuvre dans la formation du surmoi individuel. » « Le surmoi est une fonction mentale inconsciente ; les effets de son action peuvent par moments être conscient. »
L'analyse des rêves est un très bon exemple de ce que j'avance. Si nous ne considérions pas chaque détail du rêve hors de son contexte, nous ne pourrions jamais en trouver le contenu inconscient. Le récit manifeste du rêve est ce que le rêve a l'air d'être : ce processus est tout aussi valable quand on l'applique à la culture.
Ce livre voudrait répondre à quelques-unes des questions qui se posent aux frontières de la psychanalyse et de l'anthropologie. Pour dire les choses autrement, je vais essayer de montrer quelle méthode il convient d'adopter quand on se propose d'appliquer la psychanalyse à l'anthropologie.
L'idéal du moi est à la fois conscient, préconscient et inconscient. Cela nous oblige à examiner un autre terme qui peut être défini de plusieurs façons, celui de « personnalité ».