AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Dominique Rabourdin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782841148271
173 pages
Ramsay (19/09/2006)
3.81/5   21 notes
Résumé :
En 1957, Claude Chabrol et Eric Rohmer sont critiques aux Cahiers du cinéma. Ils défendent vigoureusement la fameuse "politique des auteurs" et, à ce titre, obligent les cinéphiles à prendre en considération l'œuvre d'un cinéaste jusqu'alors réputé commercial : Alfred Hitchcock. Ce livre est ainsi le premier ouvrage consacré à Hitchcock malgré 45 films déjà réalisés, Hitchcock était encore boudé des historiens du cinéma. Eric Rohmer et Claude Chabrol se livrent à un... >Voir plus
Que lire après HitchcockVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Aborder Hitchcock par Eric Rohmer et Claude Chabrol me semblait indispensable puisque j'adore le cinéma d'Hitchcock et qu'à chaque fois que je lis ou vois un documentaire sur Sir Alfred, les intervenants mentionnent ce livre.

Il faut dire qu'il a tout du livre culte puisqu'il fût le tout premier bouquin écrit sur le cinéaste. Jamais avant Rohmer et Chabrol, la critique ne s'était à ce point intéressée à l'oeuvre de l'artiste.

C'est avec plaisir et impatience que j'ai débuté ma lecture et mon enthousiasme est vite retombé. Et ceci pour une raison : ce livre s'est pris un terrible coup de vieux.

Il est publié pour la première fois en 1957 et les deux futurs cinéastes dispensent des idées bien dans leur époque mais qui m'ont fait bondir de ma chaise. Entre autre : une vraie femme est une femme au foyer et surtout une bonne ménagère, l'homosexualité est un vice et, misère ! l'homosexuel est un pédéraste (on a échappé de peu à sodomite). Les premières pages ont été un calvaire pour mes nerfs tant ces propos rassis m'ont dérangée.
Autre époque, autre moeurs me dira-t-on...

Mais le livre date aussi dans son analyse car il s'arrête au moment de la sortie du Faux Coupable (The Wrong Man) et n'a pas été actualisé au regard des neufs films réalisés par Hitch après le Faux Coupable. Aussi l'étude des auteurs a perdu de sa pertinence à l'aune de l'évolution du travail d'Hitchcock.

Par exemple, lorsqu'ils nous disent que pour Hitchcock, la femme idéale est une ménagère, on voit bien qu'ils n'ont pas vu Sueurs Froides, Les Oiseaux, Psychose, La Mort aux Trousses et même Pas de Printemps pour Marnie. Quid de la ménagère chez Madeleine, Melanie, Marion, Eve et Marnie ?

En outre le style est souvent pompeux et les analyses des films poussent parfois le bouchon. Le cinéma est symbole et peut-être que celui d'Hitchcock plus qu'un autre mais de là à tomber dans des travers métaphysiques, il y a des limites.

Ce qui m'a aussi agacée, et là c'est vraiment très personnel, c'est que les auteurs et moi ne sommes pas souvent d'accord sur la qualité des films présentés. Et même si nous les apprécions, ce n'est pas pour les mêmes raisons. Les voir anéantir The Skin Game qui n'est pourtant pas un navet et à peine égratigner le Chant du Danube qui est probablement un des plus mauvais film de l'histoire du cinéma m'a fait mal aux dents.
Dire que L'Homme qui en savait trop de 1934 est l'un de ses moins bons films de la période anglaise m'a donné envie de hurler et je préfère ne pas revenir sur Rebecca ou sur Mr and Mrs Smith, je risque de faire une attaque.

Je pense que ce livre conserve sa réputation de standard pour deux raisons : 1/ c'est le premier bouquin sur Hitchcock ; 2/ les deux auteurs sont devenus des cinéastes réputés dont la parole s'est transformée en or.
Je ne dis pas que tout est à jeter dans cet ouvrage mais il n'est pas à la hauteur de sa réputation. Pour en savoir plus sur Hitchcock, mieux vaut lire le Hitchcock/Truffaut et mieux encore, voir les films d'Alfred.
Commenter  J’apprécie          106
Les deux auteurs nous présentent les films du maître par ordre chronologique. On apprend pourquoi il décide de faire tel et tel film, ce qu'il a voulu montrer, les techniques qu'il a voulu appliquer, les qualités des acteurs qu'il a choisi. On apprend aussi quel a été le sort du film : succès, demi-échec, échec et si ce résultat était ou non mérité selon le point de vue des auteurs mais aussi du metteur en scène.

Au fil des pages et des films, on se rend compte d'une réalité dépeinte par tous les artistes : les oeuvres les plus personnelles d'Hitchcock, celles qu'il a le plus peaufinées ont été, en règle générale, mal comprises par le public. Alors que les adaptations faites sans recherche, sans effet de style, sans technique novatrice dans le mouvement de caméras ou le son, sont en général celles qui ont obtenu le plus de succès. le cinéma d'auteur tel qu'Hitchcock le concevait le confinait à l'échec alors qu'il excellait dans le cinéma simplement commercial, c'est-à-dire des histoires policières mouvementées, voire débridées.

Pour ce faire, « il inventa un nouveau genre : le feuilleton d'espionnage intelligent. Beaucoup d'action, de voyages, de mines patibulaires, de gags, avec par instants un approfondissement inattendu de certaines situations » (p. 44-45).

Mais, pour prendre, la recette réclamait un savant mélange des éléments : sa perception du monde, la morale, la mauvaise conscience, l'un de ses procédés préférés : la brusque rupture de ton, la mauvaise conscience, le coupable présumé en réalité innocent, mettre plus de lui-même, élever le débat.

On retrouvera tout au long de ce parcours cinématographique son don inné pour choisir les acteurs à même de transmettre ces sentiments qu'il souhaite faire partager au public.

On remarquera aussi que Alma Réville s'implique plus directement encore dans les adaptations à partir des « 39 marches » avec le succès que l'on sait.

Si ce livre est très agréable à lire c'est parce que les auteurs ont su nous entraîner de façon graduelle dans leur analyse de l'oeuvre d'Hitchcock. Les analyses se font plus cinématographiques au fil des pages. Et le lecteur se forme suffisamment en lisant les premiers chapitres pour être ensuite capable de comprendre les analyses plus pointues des derniers films commentés.

Il est aussi très agréable de lire cette succession d'histoires courtes qui résument les scénarii. Assurément ces deux auteurs qui deviendront plus tard des réalisateurs reconnus ont le don de raconter des histoires (dans le bon sens du terme). Que cela fait du bien de lire des propos si intelligents !


Seul regret : la publication de ce livre date de 1957. le dernier film analysé est donc "Le faux coupable" de 1956. "La mort aux trousses" échappe donc à la sagacité des deux auteurs dans ce livre !
Commenter  J’apprécie          20
Quand deux immenses auteurs français décident d'aborder le cas Hitchcock on ne peut que se plonger avec passion dans cet ouvrage remarquable d'intelligence . Ils étaient encore à l'époque au début de leurs parcours , mais l'acuité de leur regard sur l'oeuvre de Hitch est remarquable . S'employant par tout les moyens à faire découvrir cet auteur plutot perçu comme banal à l'époque comme un grand artiste , ils livrent un ouvrage prenant de bout en bout . Un grand moment de dialogue intelligent entre deux monstres sacrés du cinéma français qui nous manquent bien . Et qui parviennent à faire découvrir Hitchcock d'une maniére différente . A ne pas manquer !
Commenter  J’apprécie          50
Sorti au milieu des années 50 ( il s'arrête au "Faux Coupable"),ce livre avait fait date pour l'époque au sens ou pour la première fois, le réalisateur était présenté non comme un simple faiseur de suspens mais comme un "auteur" avec des thématiques propres à part entières.
Les deux critiques d'alors des Cahiers du Ciné' optent pour un approche biographique pour la période anglaise ( description et analyse des films dans l'ordre chronologique) avant ensuite de s' efforcer pour la période Américaine de privilégier une approche plus analytique (et plus ardue,verbeuse dans le style à mon gout)
Commenter  J’apprécie          10
Plus grand cinéaste selon un classement dressé en 2007 par la critique au Royaume-Uni, The Daily Telegraph écrit : « Hitchcock a fait davantage qu'aucun autre réalisateur pour façonner le cinéma moderne, lequel sans lui serait tout à fait différent. Il possédait un flair pour la narration, en dissimulant avec cruauté (à ses personnages et au spectateur) des informations cruciales et en provoquant comme nul autre les émotions du public. Un livre qui revient sur le maître,sa vie , son oeuvre? parfait !
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans Meurtre, le pédéraste tue lorsqu'il est démasqué : il se considère comme anormal et n'ignore pas que son vice est une faute. Mais il est aussi bien incapable d'aimer et ne cherche qu'à échapper ensuite aux conséquences de son crime. Lorsqu'Hitchcock approfondira le problème homosexuel dans les films pré-cités [NDL : La Corde et L'Inconnu du Nord-Express], nous nous apercevrons que sa condamnation du pédéraste est justement fondée sur l'impossibilité du véritable amour homosexuel, car cet amour n'est qu'une imitation, il est par conséquent condamné à la non-réciprocité. Diane aime le pédéraste puisqu'elle se laisse condamner à sa place, mais le pédéraste ne l'aime pas, puisqu'il la laisse faire.
En 1957, quand Eric Rohmer et Claude Chabrol, qui ne sont encore que critiques de cinéma, [...] publient ce petit livre [...] , Alfred Hitchcock est un cinéaste célèbre mais pas encore le monument indiscutable qu'il est devenu aujourd'hui.




Commenter  J’apprécie          80
Dès ici, les deux pôles de son œuvre future - car c'est bien d'une œuvre qu'on peut parler dès maintenant - apparaissent clairement. L'un est fascination, captation morale, c'est-à-dire dépersonnalisation, schisme ; en termes psychanalytiques : schizophrénie ; en termes philosophiques : amoralisme ; en termes baudelairiens : postulation vers le bas, damnation. L'autre pôle est son contraire : connaissance, ou plus exactement re-connaissance de soi, unité de l'être, acceptation, aveu, communion absolue.
Commenter  J’apprécie          33
Hitchcock ne cherche nullement à cacher ses intentions puisqu'il nous montre chez le personnage de nombreux tics féminins (il se passe la main dans les cheveux, se regarde dans la glace, pirouette, s'énerve) et qu'il nous le montre même habillé en femme !

[à propos de "Meurtre"]
Commenter  J’apprécie          41
La conclusion éclaire le film de façon différente : le fermier épouse sa servante, amoureuse de lui en secret depuis longtemps, et qui est l'épouse idéale, car la femme est, avant tout, ménagère. C'est là l'optique d'un gourmand, mais c'est aussi celle d'un homme amoureux de la féminité.
Commenter  J’apprécie          37

Videos de Eric Rohmer (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eric Rohmer
Rétrospective de l’œuvre de Rohmer
Dans la catégorie : CinémaVoir plus
>Représentations scéniques>Cinéma, radio, télévision>Cinéma (744)
autres livres classés : cinemaVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (55) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres et Films

Quel livre a inspiré le film "La piel que habito" de Pedro Almodovar ?

'Double peau'
'La mygale'
'La mue du serpent'
'Peau à peau'

10 questions
7089 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}