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Critique de Andromeda06


Théa Rojzman et Sandrine Revel dénoncent ici la loi du silence face aux maltraitances faites aux enfants, et notamment aux violences sexuelles. À travers ce conte pour adultes, intitulé "Grand silence", il nous est clairement exposé les conséquences désastreuses qui en découlent, pouvant aller jusqu'au suicide. le message est clair : libérons la parole, écoutons ces enfants, aidons-les.

Sur une île inconnue, est implantée une usine, appelée "Grand silence", qui avale tous les cris des enfants : une façon de nous faire comprendre qu'il est bien plus facile de les ignorer, de faire comme s'ils n'existaient pas...

Les jumeaux Arthur et Ophélie ont été séparés lorsque leurs parents ont divorcé : Arthur est parti vivre dans un petit appartement avec son père, Ophélie est restée dans la maison familiale avec sa mère. Chacun va par la suite subir des atrocités. Au fond d'eux, un monstre va prendre forme. Arthur nommera le sien Aine, des piquants lui pousseront sur le corps. Ophélie, quant à elle, nommera le sien Onte, et rétrécira un peu chaque jour. L'un tombera dans l'alcool et la violence, l'autre dans l'anorexie. Jusqu'à ce qu'un jour, Maria, leur instit, décide d'agir : pour avoir été une victime plus jeune, elle entend tous les cris des enfants eux-mêmes victimes et elle en a assez, il est temps de mettre fin à ce Grand silence et de libérer tous les cris. Mais ce faisant, des volutes de fumée de différentes couleurs s'en échappent et se dirigent vers les gens : bleu pour les victimes, rouge pour les bourreaux, violet pour les victimes qui sont devenus bourreaux à leur tour...

Ce conte mi-onirique, mi-fantastique aborde un sujet très délicat et pénible, mais il le fait sans violenter le moins du monde, tout en finesse et subjectivité. C'en est très perturbateur et il n'en fait pas moins froid dans le dos.

Les dessins vont à l'encontre du sujet abordé, puisqu'ils sont extrêmement doux. Tantôt symboliques, tantôt métaphoriques dans la représentation des actes, des événements ou des ressentiments des personnages, ils nous offrent un scénario peu commun mais très efficace. Et comme il y a très très peu de texte, il n'y a souvent qu'à observer les événements s'enchaîner, c'en est d'autant plus bouleversant.

J'ai toujours du mal dans mes lectures quand on s'en prend aux enfants, mais je voulais vraiment découvrir "Grand silence". Ce roman graphique est aussi envoûtant que terrible, aussi malaisant que poignant. Mon retour paraît certainement quelque peu décousu, mais pour ma défense, je trouve très compliqué de mettre des mots sur un livre que je trouve à la fois beau et effrayant. Les autrices font montre de sensibilité et de tendresse tout en abordant un sujet dur, violent, abominable. C'est tellement contradictoire que j'en suis perturbée et que je ne sais plus qu'en dire.

Pourtant, il est nécessaire autant qu'il est efficace. En libérant la parole, Théa Rojzman et Sandrine Revel émettent un message très important : celui de dire, de mettre des mots sur des douleurs inexprimables, celui de les entendre et de les écouter jusqu'au bout.

Ce livre est à la fois beau et affreux. Écrasant et libérateur. Poignant et déroutant. Important et nécessaire.

Demandez-moi si j'ai aimé ? Je vous répondrais non. Demandez-moi pourquoi je n'ai pas aimé ? Je vous répondrais parce que j'ai aimé...
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