Un jour, deux copines se sont confiées l'une à l'autre. Elles ont trouvé ça super et ont décidé d'interroger d'autres filles (et quelques mecs) : la sexualité pendant l'enfance, les comportements et les discours des parents, les premières fois, les échecs, les relations à deux, les expériences, le plaisir...
Les auteures se sont presque excusées dans la préface d'avoir favorisé la parole féminine et pourtant : pour une fois, on n'y parle pas, dans un livre, de ce que pensent les hommes du plaisir féminin ; mais bien de la manière dont les femmes (du moins celles qui ont été interrogées et qui ont accepté de répondre) elles-mêmes le vivent. Les auteures se sont aussi justifiées en espérant que "cela ferait du bien". Gagné, ça fait du bien.
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Je n'ai pas écouté le podcast, mais lire ces témoignages m'a énormément fait de bien. de plus, je pense qu'il est important de souligner la beauté de l'ouvrage : les couleurs, l'agencement à l'intérieur, les illustrations. Tout est simplement magnifique et posent un très beau cadre pour les confidences qui y sont partagées.
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"Pour moi, c'était très important, à l'époque, de réussir à jouir lors d'une pénétration. Comme si chaque petit bout de plaisir que je pouvais en tirer effaçait peu à peu les traces de ce qui s'était passé. Mais je ne jouissais pas comme ça. Alors à dix-sept ans, je me suis pointée dans un sex-shop pleine d'aplomb j'ai dit : "Bonjour, j'ai envie d'apprendre à jouir par pénétration, je fais comment ?" ON m'a recommandé un kit de boules de geisha pour pratiquer les exercices de Kegel - des exercices qui permettent de renforcer le muscle qui entour le vagin afin d'améliorer les sensations lors de la pénétration, et donc de faciliter l'orgasme. Je me suis appliquée à faire ça tous les soirs jusqu'à mon premier orgasme sans autre stimulation? Et puis un jour, ça a marché. Alors je sais que toute cette quête autour de mon plaisir a pu être obsessionnelle, peut-être parfois même égoïste parce que je considérais que mon plaisir était plus important que celui de l'autre, mais elle m'a permis de reprendre un peu de pouvoir sur ma vie et ma sexualité. De me dire que je n'étais pas brisée. Chaque fois que j'atteignais l'orgasme, 'javais l'impression d'avoir gagné."
"Si je réfléchis à ma dernière relation, je réalise que je n'ai pas eu d'orgasme chaque fois que j'ai fait l'amour - et ce n'est pas grave. Je ne pense pas qu'il faille toujours avoir un rapport strictement égalitaire ou s'imposer une pression à ce sujet. Franchement, il y a des fois où je n'ai pas joui et où j'ai pris mon pied quatre fois plus que d'autres fois où ce fut le cas. Je trouve cependant qu'il y a encore trop d'hommes qui n'osent pas toucher leur meuf pendant l'acte. Qui se disent que si ce n'est pas leur bite qui a donné le divin orgasme, ça ne compte pas. Alors que c'est un travail d'équipe, le sexe. Même si c'est la nana qui se touche pendant une pénétration. C'est comme au foot, l'important, c'est le but final."
Camille, 22 ans.
"Suite à ces premières fois quelque peu ratées, j'ai tout de même fini par aimer le sexe, mais avec d'autres personnes. Cela dit, ce qui a tout de suite pris le pas sur tout le reste, c'était l'idée de "bien le faire" - est-ce que j'étais bonne au lit ? Je me persuadais, par exemple, qu'il ne fallait surtout pas que je fasse "l'étoile de mer". Alors je bougeais dans tous les sens et, tous les trois allers-retours, je proposais de changer de position. Il a fallu attendre que quelqu'un me rassure et me dise : "Ce n'est pas comme ça que ça marche, tu as le droit de profiter de l'instant et de te poser un peu pour ressentir ce qui se passe dans ton corps."
Margaux, 26 ans.
"Je crois que je ne suis pas la seule à ne pas avoir d'orgasmes. Beaucoup d'études sont faites à ce sujet - ce qui démontre bien que ce n'est pas une chose évidente - et pourtant, c'est toujours un tabou. J'en ai parlé à certaines de mes amies, et plus généralement à des gens autour de moi parce que j'essaie justement de me dire que ce n'est pas rave et de déconstruire ce fameux tabou, mais les réactions à mon égard ne sont pas toujours bienveillantes : "Ah bon ? Mais qu'est-ce qui ne va pas ? Ton mec n'est pas bon au pieu ? T'es frigide ?" Et ça me fatigue. Non, mon mec n'est pas un mauvais coup. Non, je ne suis pas frigide. Ça arrive, c'est tout."
Margaux, 26 ans.
"Je m'étais [outée] à ma meilleure amie d'enfance et à ma sœur, mais il m'a fallu plusieurs années avant d'oser en parler à mes parents - un peu lâchement. Trois ans après, ce premier rendez-vous, je leur ai écrit une lettre, avant de partir en vacances. Je n'avais pas envie de me retrouver face à eux. Face à ma mère, surtout, et de lire dans ses yeux de la déception ou de la tristesse. Ma sœur m'a raconté leurs réactions au téléphone, et finalement, c'était pire que tout ce que j'avais pu imaginer. Ma mère n'arrêtait pas de répéter "Mais qu'est-ce que j'ai fait ?" et mon père s'est mis à pleurer avant de s'enfermer dans la cave pendant une semaine."
avec Laury Thilleman, Céline Malvo et Margaux Rol