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Critique de Biblioroz


Dans un journal, l'aperçu d'une photo datant de 1945 ; celle d'un aviateur japonais assis dans son engin de guerre. Juste une image marquante et Nicole Roland donne naissance à cette histoire poignante de mission suicide nommée paradoxalement Vent divin.

Kosaburo aime les mots bien choisis. Il aime aussi Mitsuko. À vingt ans, la vie et l'amour l'attendent mais la guerre interminable brisera ses éventuelles aspirations. Comme ses frères japonais, son devoir lui est insufflé par une propagande diffusée dans les cours d'école, à la radio, dans les cinémas. Il adoptera, en pleine conscience, le code d'honneur des samouraïs et offrira sa vie à son pays.
De son côté, Akira, le frère de Mitsuko, aspire à la beauté de la vie. Il est tout en émotions, en interrogations, et avoir ses cendres dans une boîte laquée de rouge ne peut signifier pour lui son total dévouement à l'Empereur. Son choix de vie doit lui appartenir. Il représentera la lâcheté, la honte familiale.

Nicole Roland donnera alors la parole à Mitsuko qui sauvera l'honneur de sa famille. le passage à la première personne appuiera avec une extrême intensité sur la préparation à la mort, physique et morale, que la jeune fille entamera.

Ce tout petit roman est empli de phrases poétiques qui ont pourtant, dans leurs propos, l'éclat métallique du sabre qui tranche, net et précis. Il renferme l'honneur, la mort, le sauvetage désespéré en cette fin de guerre d'une puissance imbue d'elle-même, un don effrayant de sa propre vie et l'acceptation d'ôter la vie d'autrui comme signe de bravoure extrême.
À la gloire du pays, Mitsuko combat ses peurs pour arriver, légère, vers la mort et l'honneur suprême. L'auteure arrive à toucher notre coeur en fouillant, de l'intérieur, les pensées de la jeune femme pour nous faire comprendre la signification du sacrifice, si tant est qu'une signification puisse exister à ce façonnage d'âme.
C'est un écrit magnifique sur la valeur et la vulnérabilité de la vie, sur un endoctrinement abusif qui réussit à faire taire les interrogations.
Quelques vers de poèmes et la connaissance du « Livre d'oreiller », quelques évocations de l'esprit japonais donnent une belle harmonie à cette petite centaine de pages. En fin d'ouvrage, un mot de l'auteure accentue l'émotion laissée par ce très beau roman.
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