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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand voyage en train à travers la Sibérie, depuis Krasnoïarsk jusqu'à Komsomolsk-sur-l'Amour, plus de 5000 kilomètres dont 4300 environ sur la Grande Ligne Baïkal-Amour (Baïkal-Amour Magistral).

Des visions de la forêt et des villes avec en filigrane les péripéties meurtrières de la construction de cette ligne (BAM) dans laquelle périrent des dizaines de milliers de prisonniers déportés, zeks, prisonniers de guerre, japonais et espagnols également.

Une vision également de l'ère stalinienne et de la chape de plomb qui pesait sur l'Union Soviétique et donc des cimetières, oubliés, détruits, exclus des mémoires.

Heureusement aussi une vision de la nature sibérienne, de ses plantes, arbres, animaux, couchers de soleil sur la glace du Baïkal ou lever de celui-ci tout à l'est à bord du bateau vers l'île Sakhaline.
Des réflexions sur le voyage que l'on partage si on aime comme l'auteur s'abandonner dans ses bras et ressentir ce plaisir triste lorsqu'il prend fin.

Et de belles références littéraires avec Tolstoï, Nabokov, Soljénitsyne, Tchékov, Vladimir Arséniev, tous ces chantres des grands espaces et des événements qui les ont habités.
de l'âme de cette immensité.
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Amateurs de voyages exotiques, de plages de sable fin, de maisons typique proprettes, d'autochtones déférents avec le touriste… passez votre chemin !
Ici l'exotisme ce sont des trains inconfortables, des villes et villages délabrés, dévastés, ruinés…
« On est, dit Olivier Rolin, obligé de chercher des mots variés pour dire la même chose lamentable répétée en des lieux et sous des formes différentes. L'abandon caractéristique de nombre de paysages urbains russes – il n'y a guère que les églises qui soient toujours en bon état- sollicite beaucoup le lexique ».

Après être venu plusieurs fois en Russie, l'auteur emprunte le train « Baïkal – Amour » qui commence là où le Transsibérien s'arrête et va, pendant 5.000 km, traverser le pays jusqu'au fleuve Amour, l'océan Pacifique et la Chine.
Ce train, qui traverse toute la Sibérie, a en majorité été construit par les prisonniers des goulags (entraînant des milliers de morts) et l'histoire de toutes les villes le long de cette ligne est marquée par leur prospérité pendant la construction de ce train, par la présence des prisonniers, puis par le déclin.
La vie quotidienne est difficile pour ces habitants qui sont à plusieurs milliers de km de Moscou et ne bénéficient aucunement de l'évolution actuelle du mode de vie russe.
Pour eux la période communiste reste encore un paradis perdu où tout le monde avait du travail, et dans leur grande majorité ils sont très critiques sur le régime politique actuel (mais pourquoi, se demande Rolin, Poutine est-il triomphalement réélu ??)

Si l'atmosphère est plutôt sombre, le livre lui-même est passionnant et j'ai adoré me perdre dans la steppe avec l'auteur pendant plusieurs jours.
Olivier Rolin ne manque pas de style, de poésie et d'humour, et il réussit à parler avec enthousiasme de ce pays qui le passionne !

Merci à Babelio pour ce livre

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Voyager. Partir. Emporter. Partager son temps et un peu du sel du vivant.
Pour un peu tenter d' « embellir le bruit du monde ».
Il ne voyage pas léger Olivier Rolin. Il trimbale des tomes de mémoires.
Des livres , des livres à faire revivre toutes les sonates de l'histoire.
Il trimarde sur les épines des miroirs.
La Russie. La grande, la rouge, la sonnante puis trébuchante... celle qui s'est perdue un beau jour sous le fracas de la chute d'un mur de glace.
La Sibérie. Immense. Immense à en prendre l'haleine de ses mots.
On la voudrait blanche ou tout au moins couleurs de belle tourbe ,
elle est toute parole de chair. La nostalgie est ce qu'elle est, un abîme, une question restée sans réponse, l'ouverture béante sur le port de nos doutes, de nos regrets, et des remords.
Il y a de l'amour dans l'encre de Rolin. Ça coule comme un fleuve. Un fleuve qui raccroche des preuves . Pour faire trace, recomposer des blocs de mémoire. Pour continuer sa route.
Voyager pour donner lecture. Pour reposer un peu en paix.
Lecture faite aux lieux, aux hommes, aux visages des femmes , aux odeurs, aux briques, aux phares, aux forêts, aux bois, aux âmes à tous les chevaux vapeurs de l'histoire.
Il y a de l'amour, mais il y a ce sentiment en filigrane, ce sentiment de gâchis, d'espoir brisé, l'écho d'une démesure déchirante. L'amertume d'une absence, Ce sentiment comme un parfum glissé entre les pages.
Redoutable Sibérie. C'est par le BAM, la ligne Baïkal- Amour Magistral ...une ligne au-delà du mythe. C'est de grand Ouest en large Est que Rolin nous conte son tour.
Du coeur sibérien aux lèvres du Pacifique. Des kilomètres de voies ferrées dont la poudre des os de celles et de ceux qui les ont construits fait crisser des millions de noms sous les mâchoires de ses rails.
à chaque halte : Folie humaine, gisante à présente, endormie, terre à présent suppliciante.
«  le tragique particulier à beaucoup de paysages russes ne tient pas seulement à ce qu l'on voit, mais à ce qu'on y lit des destins qui s'y sont fracassés ».
Il en est de la Russie comme de tous les pays. J'en suis certaine.
Ce sont des ombres qui courent sur le ballast du BAM. Rolin regarde l'immensité du monde, et un silence effarant martèle chaque kilomètre.
Irrésistiblement attiré par la Russie, par ses couleurs, ses contrastes, Aimanté par sa littérature.
5000 kilomètres pour tenir toujours vivante sa flamme, 5000 kilomètres pour déclarer son chagrin face à la folle et absurde dictature stalinienne.
Il aime Tolstoï, Bounine, Nabokov, Tchekov, Ossip Mandelstam..il les aime, les partage, les offre, les faire renaître à chaque fenêtre.
Oui mais l'écoeurement est toujours présent , celui que lui procure ce rêve devenu cauchemar.
Il sait Rolin que bientôt les générations à venir ne sauront plus la réalité d'une Union Soviétique à présent ensevelie.. Tout disparaîtra.Tout sera engloutie.
Il sait pourtant que dans l'âme russe il y aura pour toujours cet « avant », avant, avant l'effondrement, cet avant qui résonne comme une fanfare fantôme où chacun croit avoir laissé toutes les grandeurs de son destin.
La Sibérie est tellement grande qu'elle pourrait peut être contenir le reste du monde.
Qui sait, si comprendre l'âme russe, cela ne serait pas comprendre également toute l'histoire de notre monde. Celle de maintenant, celle d'après , d'après ce qu'ils appellent « la catastrophe », celle qui entraîna la chute d'un mur , une chute qui aura suffit à arrêter les anguilles plantés dans le coeur de millions d'hommes et de femmes.
Quelle heure est il à présent ? Quelle nuit nous annonce t elle ? A quel siècle nous donnerons nous rendez-vous ?
L'effacement a commencé, entretenu, les puits, les mines, les usines, des villages entiers, gisent au fond d'une galerie qui peine à repanser son nom.
« Même dans la gaîté il y a toujours un fond de tristesse », bleu de larmes et rouge d'étoiles.
Il faut être extravagant, peut être à jamais enfant, pour courir à travers ces plaines.
Ouvrir un livre, pousser une porte, porter sa plume, « aimer l'étrange, mais tuer l'ordinaire ». Comme le grand Baïkal. Et puis « devenir l'oiseau qu'on peut être ».
5000 kilomètres « pour fermer une porte jusqu'à la fin du monde « , comme écrivait Borges.
C'est bien plus que le récit d'un voyage que nous adresse Olivier Rolin. Ceci est son témoignage .
Témoignage de la beauté d'un monde, sauvage, cruel, à la « déréliction magnifique » .La plus grande et la plus affreuse route du monde » comme l'écrivait Tchekhov. .
Voyager c'est de déshabituer écrit Rolin. C'est laisser tomber en chemin la cuirasse des habitudes. Prendre le risque du contact, de la caresse ou de la gifle, de la brulure, de l'écorchure. C'est embrasser son futur.
5000 kilomètres pour faire face à son propre destin.
Approcher un peu la vérité, s'est accepter de s'éloigner de ses ombres.
« La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! », à une passante Charles Baudelaire.
La Sibérie se déroula à la fenêtre du train , et elle me fit entendre le commencement du monde.
Voilà comment j'aurai pu commencer mon voyage...
«  pas d'autre bruit, pas d'autres mouvement que ceux que font les arbres avec le vent » ..
Il est des Amours déchirants, comme le sont tous les adieux que l'on adresse à nos rêves d'enfant.
Une chose est certaine : j'ai trop tardé, il faut que je lise Tchekhov.
Merci à l'auteur d'avoir laissé ce livre dans ce train.

Astrid Shriqui Garain
Masse critique «  Éditions Paulsen -Babelio »02.2017

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Moi, qui aime les ciels grecs (les cieux n'existent que pour ceux qui y croient), les soleils d'Italie et la douceur ligérienne, je ne voyage dans des contrées sinistres et tristes qu'avec des auteurs qui m'enchantent. Pour ce voyage là, c'est avec Olivier Rolin que je me suis perdu en Sibérie orientale sur la ligne de chemin de fer BAM entre le lac Baïkal et le fleuve Amour. Page 91 « On entreprend des voyages pour la magie de certains noms, aussi (...) Il n'y a qu'en français que le nom du grand fleuve d'Extrême-Orient, qui marque sur mille six cents kilomètres la frontière entre la Russie et la Chine, est si poétiquement équivoque. (...) Les chinois l'appellent Heilongjiang, « Fleuve du Dragon Noir », ce qui n'est pas mal non plus, mais a moins de charme (aux amoureux mélancoliques, cela permet toutefois de dire que l'amour est un dragon noir). »
Comme beaucoup d'écrivains-voyageurs, Olivier Rolin est aussi un écrivain-passeur Anton Tchekhov, Vassili Grossman ... des références, mais aussi d'autres, plus confidentiels : Joseph Delteil l'auteur en 1922 de « Sur le fleuve Amour » par exemple. Son écriture le rend proche de son lecteur, il nous raconte la géographie [p.164 : Bientôt la brume tombe sur des nappes d'eau noire hachurées de bouleaux, où s'ouvrent çà et là les calices blancs de fleurs inconnues] et l'histoire bien-sûr, sous forme d'anecdotes érudites (la révolution de 17, les goulags, la pérestroïka ...), mais aussi les rencontres de tous les jours. Il y a dans ces endroits moches et perdus une véritable humanité pleine d'espoir ... souvent déçu et d'acceptation de son sort, de son rapport à une nature hostile et radine. Rolin est aussi sensible aux sourires de certaines femmes - Étrange écho en cette période masquée et merdique de Covid19 ! -. Un étonnant voyage**** donc, p. 175 « Prendre le chemin du retour procure un sentiment bizarre, où se mêlent plaisir et tristesse. (...) Tous ces milliers de kilomètres, ces forêts infinies, ces gares perdues, ces fuseaux horaires, ces visages inconnus qu'on ne reverra pas, ces noms nouveaux qu'on n'entendra plus : lac Baïkal, fleuve Amour, détroit de Tartarie, île de Sakhaline ... Ils résonnaient en nous, ils amplifiaient et embellissaient le bruit du monde ... » ... Allez, salut et bon retour.
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Du lac Baïkal à l'Amour bouriate (qui n'a rien à voir avec l'amour), et même plus loin jusqu'à l'île Sakhaline baignant dans le Pacifique, Olivier Rolin nous entraîne dans une balade ferroviaire, marquée par des paysages, des rencontres, des souvenirs, des réminiscences littéraires et, toujours, le poids tragique de l'Histoire. Il traverse une contrée immense, étendue sur sept fuseaux horaires, profondément marquée par le Goulag et ce qu'il en reste tant dans le paysage que dans les mentalités.
Cette randonnée sur rails nous est contée dans un beau style fluide et est allégée de moult parenthèses d'humour distancié. À lire pour mieux connaître cet immense pays à l'heure où la Russie de Poutine nous cause bien des soucis.
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A vrai dire la couverture n'invite pas au voyage. Si je n'avais pas pris la peine de lire le résumer sur le site je ne l'aurais jamais lu. Cela aurait été dommage.
On embarque sur cette ligne qui raconte la Russie d'aujourd'hui et d'hier avec sa grandeur et sa décadence. L'auteur nous fait un portrait de ce vaste pays efficace. On sent bien l'austérité et la décadence des villes (ainsi que les souffrances) mais aussi la grandeur et la splendeur des campagnes.
Les personnes rencontrées au fil du voyage sont à l'image du pays : ou très accueillantes ou l'inverse. On a l'impression qu'il n'y a pas de demi-mesure.
Le tout est raconté simplement avec une histoire (ou Histoire) à chaque étape.
L'impression d'ensemble c'est l'austérité, je me demande si l'auteur a finalement fait un beau voyage. Instructif, c'est sûr (même pour moi qui n'y connait pas grand chose à ce pays).
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"J'aime les trains russes, j'aime leur lenteur, pas plus de soixante kilomètres à l'heure en moyenne, qui permet de se laisser doucement engourdir par la monotonie du paysage."
Récit d'un voyage sur les 4 300 km du BAM, la grande ligne Baïkal – Amour, au sein du désert glacé. Une construction démarrée en 34, arrêtée par la guerre, reprise en 70 et achevée fin des années 80 : Taïchet, Oust-Kout, Severobaïkalsk, le lac Baïkal, Tynda, l'Amour, Komsomolsk, le détroit de Tartarie face à l'Ile de Sakhaline…
Beaucoup de ses villes sont nées de la construction de la ligne portant les traces de la douleur de l'histoire de la grande répression, des zeks, des déportés qui tombèrent pour faire avancer la révolution et le train.

"Le tragique particulier à beaucoup de paysages russes ne tient pas seulement à ce qu'on voit, mais à ce qu'on y lit des destins qui s'y sont fracassés, du sang et des larmes dont on les sait gorgés. "
Tout est dit. le récit de voyage n'aura pas la poésie d'un Tesson mais le dur réalisme de l'observateur de la géographie tout intriquée d'Histoire, de l'histoire des esclaves qui fournirent la main d'oeuvre chargée de la construction des premiers tronçons du BAM.

"Je crois comprendre que ce pays, ces gens, ont connu des cataclysmes dont nous n'avons plus idée, et qui nous interdisent, me semble-t-il, de les juger avec ce que nous croyons être nos confortables certitudes."
Et l'auteur de conter ses péripéties de voyage de ville en ville, de retracer l'histoire dure et sanglante, de faire chanter la nature hostile quand l'eau murmure sous la glace ou quand les mélèzes peignent de stries noires et blanches les lacs et rivières.

Vous vous souviendrez des Taïchet, le camp de transit du Goulag ; d'Oust-Kout, une ville d'avant le BAM, à l'accueil glacial où Trotski fut déporté en 1900 ; de Severobaïkalsk et de la vallée de la Srednii Sakoukan, paysage grandiose et sinistre où se situait de 49 à 51 un camp de 500 déportés assujettis à l'extraction de l'uranium : le sang des zeks de la russie nucléaire ; de l'Amour, ce fleuve frontière entre chinois et russe porte un nom bouriate ne signifiant rien de particulier sauf à nos oreilles françaises. Les chinois l'appellent Heilongjian, fleuve du Dragon noir ; de Komsomolsk et les usines de Soukhoï et son stade, Prospekt Mira, construit sur les camps de déportés ; vous vivrez les combats de Tatiana pour le théâtre et la mémoire ; vous tremblerez devant le million d'êtres humains, esclaves passés de 47 à 52 par Vanino ravitaillant la Kolyma

Lien : http://www.quidhodieagisti.c..
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Accompagnons l'auteur dans un voyage dans " l'autre Transsibérien " comme il l'appelle, la ligne "Baïkal - Amour" qui va de Krasnoiarsk aux rives du détroit de Tartarie.
Voyages à travers les ruines de l'Empire Sovéitique, ses industries, ses camps du Goulag, ses habitants désillusionnés.
Des terres perdues que l'auteur nos donne, malgré tout, l'envie de visiter.
Au fil des pages, il nous fait découvrir des aventuriers du passé, inconnus ou pas, et nous mène sur les pas d'écrivains connus (dont Tchekhov sur l'île de Sakhaline) ou pas.
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