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EAN : 9782070429851
256 pages
Gallimard (01/07/2004)
3.58/5   44 notes
Résumé :
La même année que Napoléon Bonaparte naît dans une bourgade de la Sarre un enfant roux dont le père, tonnelier, a servi dans les armées de Frédéric II. A la faveur des guerres de la Révolution et de l'Empire, l'enfant roux - au départ, une sorte d'Allemand - est appelé à devenir l'un des plus illustres maréchaux de France, avant de mourir fusillé à l'angle des jardins de l'Observatoire. Entre-temps, il aura été vainqueur à la Moskova, héroïque lors de la retraite de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quatrième de couverture, bien faite et un extrait du livre:

"La même année que Napoléon Bonaparte naît dans une bourgade de la Sarre un enfant roux dont le père, tonnelier, a servi dans les armées de Frédéric II. A la faveur des guerres de la Révolution et de l'Empire, l'enfant roux – au départ, une sorte d'Allemand – est appelé à devenir l'un des plus illustres maréchaux de France, avant de mourir fusillé à l'angle des jardins de l'Observatoire. Entre-temps, il aura été vainqueur à la Moskova et sur quantité d'autres champs de bataille, héroïque lors de la retraite de Russie, indécis ou calamiteux dans d'autres circonstances, déloyal à l'empereur, traître à la monarchie restaurée, défait à Waterloo et indéfectiblement fidèle à quelque chose d'éclatant et d'obscur.
Aujourd'hui, le boulevard qui lui est dédié relie la porte de Saint-Ouen à la porte d'Aubervilliers, à la limite de la ville et de ce qui l'entoure, à travers des quartiers qui ne comptent pas parmi les plus aérés de la capitale. D'autres destins s'y nouent – moins brillants, dans l'ensemble, que celui du maréchal Ney –, d'autres échecs s'y consomment. Celui de Gérard Cerbère, rescapé de nombreuses Bérézinas, désormais retranché avec sa caravane à l'intérieur d'un pilier soutenant le périphérique, celui de Lito, officier des forces armées zaïroises échoué au McDonald's de la porte de Clignancourt. Ou encore celui de Ginka Trifovna, originaire de Ruse, en Bulgarie, âgée de dix-neuf ans et assassinée dans la nuit du 21 au 22 novembre 1999 sur un talus de la rue de la Clôture."

Bien. Je pensais que Jean Rolin allait nous parler du maréchal Ney, sur lequel je ne savais que peu de choses . Mais je le connais, il est rusé, et chaque thème abordé lui sert à toute autre chose.
De Ney, qu'ai-je retenu? Que l'un de ses récents biographes relate qu'après avoir fait ses adieux à sa femme, il a eu le temps de se rendormir un peu avant son exécution.. Il devait vraiment être très fatigué.. En tout cas, Rolin n'oublie jamais la documentation, historique et géographique.

Mais son projet ?
"Assez vaste et confus d'écrire sur le maréchal Ney du point de vue du boulevard qui porte son nom. Ou, ce qui revient au même, ( au moins sous le rapport de l'ampleur et de la confusion), d'écrire sur le boulevard qui relie la porte de Saint-Ouen à la porte d'Aubervilliers, mais du point de vue présumé du maréchal Ney."
Ah. Ca part bien si on aime Jean Rolin, humour et confusion, si on ne l'aime pas, c'est à éviter à tout prix.
Il va donc arpenter ce boulevard, l'observer sous tous les angles, y faire des rencontres, des prostituées, des marginaux, des chats ( comptés!) . Et le 18 juin 2000, 185 ème anniversaire de Waterloo, il va tenter de reconstituer tout seul , sur un petit bout d'herbe, cette fameuse bataille ..!!!

"( Sans doute ce pré n'offrait-il que peu d'étendue, mais cette circonstance était elle-même conforme, au moins symboliquement, à l'une des caractéristiques de la bataille: " Waterloo, écrit Victor Hugo, est de toutes les batailles rangées celle qui a eu le plus petit front avec un tel nombre de combattants. de cette épaisseur vint le carnage." )Sur le pré se voyaient une souche déracinée, un amoncellement de grands sacs poubelles noirs assez semblables à des chevaux morts"..etc..
Morne plaine parisienne.

Que dire de plus? Que bien sûr il fait coïncider dans le récit histoires personnelles et Histoire tout court. Que, comme d'habitude, il s'égare vite. Enfin, apparemment.. Car en fait, pas du tout, et c'est sa grande force. Il nous égare, oui, on se dit mais.. il va nous emmener où, comme cela? Et lui est déjà arrivé depuis longtemps.

Et puis..:
"Porte d'Aubervilliers, vers 21 heures 30 , une demi-douzaine de personnes faisaient déjà la queue pour le lendemain matin devant l'entrée du Centre de réception. Il n'y avait parmi eux qu'une seule femme, apparemment africaine, âgée peut-être d'une trentaine d'années, vêtue avec élégance, assise sur une couverture à l'intérieur de cette espèce de tuyau que doivent emprunter les impétrants. Ses lunettes sur le nez, elle était plongée dans un livre, et, même en faisant la part des choses- même en tenant compte de la nécessité , pour la lectrice, de se composer une attitude susceptible de tenir à distance les emmerdeurs- on aurait aimé savoir quel était ce livre, et ce qu'il avait fait pour mériter d'être lu dans des conditions si précaires."

Le mot lui -même est un peu galvaudé, mais pour moi, Jean Rolin est un grand écrivain humaniste.

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Jean Rolin sait comme personne nous compter ses pérégrinations, dans des zones improbables. Ici les confins du 19ème arrondissement, lieu de trafics et de prostitution, ses habitués, ses zonards...
Et l'auteur, qui vit son aventure, qui s'y incruste, découvre un univers nocturne bruyant, sinistre, et paradoxalement très vivant. Jean Rolin mêle ses lectures des grandes batailles des Maréchaux napoléoniens à son récit moderne et nous entraîne, en plein décalage et avec beaucoup d'humour et de chaleur.
Petit livre étonnant, passionnant. (Et complétez votre lecture avec la visite du parcours, désormais possible à bord du nouveau tramway, qui n'existait pas encore à l'époque du livre !)
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Je poursuis avec délices ma découverte du monde avec Jean Rolin. Ce nouveau voyage que je fais avec lui nous entraîne comme chaque fois en un lieu extraordinaire qu'il décrit avec ce style si particulier qui me touche énormément. Ce monde extraordinaire est cette fois-ci à notre porte : le boulevard Ney et le quartier qui l'entoure, les dessous du périphérique, les bords du canal... Il s'y passe tant de choses, on y rencontre des personnages tellement étonnants ! Jean Rolin les décrit avec humour et affection, accordant de l'intérêt à mille choses parfois insignifiantes, mais toujours passionnantes.
Et puis il y a aussi l'auteur lui-même qui conte ses propres pérégrinations et aventures dans cet étrange milieu, avec cette auto-dérision à laquelle je trouve tant de charme.
Et il y a enfin la Grande Histoire que croise tout au long du récit celle de l'auteur et des habitants ou usagers des lieux. le destin du Maréchal d'Empire Michel Ney tel qu'il nous est conté, s'entrelaçant avec délicatesse avec les destins du Boulevard Ney, est un régal.
Merci Monsieur Rolin. Je repars très vite avec vous, où vous voulez.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Porte de Pantin, à hauteur de ce rond-point central que surplombe en partie le périphérique, la circulation automobile s'étage sur trois niveaux, et il résulte de cette disposition une diversité sonore qui est surtout perceptible au milieu de la nuit, quand le trafic s'éclaircit et que les sons particuliers se détachent plus nettement de la rumeur générale.
Vue du rond-point, la chaussée du périphérique présente son revers, rayé ou côtelé, comme le ventre d'une baleine. Au passage des véhicules, si l'on se tient juste en dessous et que les deux autres niveaux de circulation sont momentanément silencieux, il en émane des sonorités aquatiques, cailloux mollement roulés dans le lit d'une rivière ou bulles rejetées par un plongeur en immersion.
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La veille de la bataille, tandis que Napoléon, de son côté, grignotait une poitrine de mouton arrosée d'un demi-verre de Chambertin, je constatai quant à moi que le distributeur automatique de plats chauds installé dans le hall de l'hôtel Formule 1 était en panne, et que pour obtenir le cassoulet sur lequel j'avais jeté mon dévolu, il me faudrait ressortir et marcher jusqu'à la réception de l'hôtel Etap, laquelle disposait en principe d'un appareil du même type. En fin de compte, je ne dînai pas (même si je savais, par la littérature, que c'est à sa capacité de se restaurer normalement, à la veille d'une bataille ou de son exécution capitale, que l'on reconnaît l'homme de caractère).
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C'est au début du mois de décembre que Daniel et sa compagne, Michèle, ayant été localisés à Pantin où ils campent dans un véhicule abandonné, sont recueillis par Robert Lepieux dans son propre pilier. D'obscures controverses opposeront par la suite Gérard et Robert au sujet de leurs mérites (et de leurs torts) respectifs dans cette opération de sauvetage : considérons que Gérard en a pris l'initiative et que Robert l'a menée à bien, sans doute avec le concours de Norbert, "le banquier", et peut-être de Karl, le type jeune qui n'a pas son pareil pour forer des trous dans le béton et bricoler des raccordements sauvages aux réseaux d'eau ou d'électricité.
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Rue Charles-Hermite, à l'angle du square, non loin du local où se réunissent les vieilles dames dont certaines ont été témoins des bombardements de La Chapelle, on compte, le dimanche 9 juillet en début d'après-midi, douze chats errants: sept sur le trottoir, deux sur le muret séparant ce dernier d'une resserre à poubelles et trois dans la resserre.
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Ainsi, à l'insuffisante clarté d'une lampe d'un modèle ancien, découpant un grêle cône de lumière au sein d'une masse d'ombre de plus en plus compacte au fur et à mesure que l'heure tourne, ainsi m'appuyais-je la lecture de l'oeuvre inachevée du général Bonnal : trois volumes in-quarto publiés à la veille de la Première Guerre mondiale et consacrés à La Vie militaire du maréchal Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moskova. Enfin, lire est une façon de parler ; je les parcourais, distrait souvent, car il était assez chiant, le genéral Bonnal.
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"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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