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Comme Sylvie Germain Le monde sans vous») et Mathias Enard L'alcool et la nostalgie»), Olivier Rolin nous livre un petit texte, accompagné de 3 chroniques inédites, «Sibérie», écrit suite au voyage d'écrivains français en 2010, à bord du Transsibérien, placé sous l'égide de Blaise Cendrars. 

Avant de lire ce troisième récit j'ai recherché une belle citation, que faisait Mathias Enard à la page 90 de «L'alcool et la Nostalgie» extraite, dit-il, du livre «En Russie» de Olivier Rolin : 
«... la Russie de ce Rolin était captivante, pleine de beaux alcools et de nostalgie. A la fin du livre il y avait l'histoire d'un insecte vert appelé cétoine, dont je n'avais jamais entendu parler, qui est très fréquent dans les plaines russes, d'après l'auteur ; le voyage finissait sur ces mots :
«Les pages des livres sont des pétales que ronge le scarabée vert de l'oubli.»

Ces deux auteurs se font souvent des clins d'oeil d'un livre à l'autre et je trouve cela très sympathique mais j'ai eu beau lire et relire attentivement «En Russie», pas l'ombre d'une cétoine ! La page a du effectivement être rongée à moins qu'on ne la retrouve dans un prochain livre d'Olivier Rolin. Si quelqu'un la croise je serais heureuse qu'il m'en fasse part !
Pour ce qui est de «Sibérie» ce texte d'Olivier Rolin est tout aussi passionnant que ceux de Sylvie Germain et Mathias Enard mais là où eux deux font jouer l'émotion et l'imagination, lui s'appuie, plus particulièrement, sur ses souvenirs et ses rencontres de voyages précédents et partage avec nous, dans un mélange d'humour et d'érudition, son amour des mots et des êtres. Lui seul a déjà pris le Transsibérien et a l'expérience des étendues traversées.

«Je suis, dit Danièle Sallenave ( auteur, parmi d'autres, participant aussi à ce voyage), le seul à avoir connu l'Amour : tous les autres sont des puceaux» p37


J'ai aimé lire ces trois textes qui permettent , pour ceux qui ne les connaissent pas, de découvrir trois auteurs et présentent l'intérêt de les voir traiter, de manière originale, un même thème.
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Olivier Rolin nous embarque dans un fabuleux et fascinant voyage à travers la Sibérie en compagnie de grands hommes Tolstoi, Nabokov, Cendrars... Il nous impulse son amour pour ces immensités, ces "Vastae solitudines."
En ce week-end froid et pluvieux au coin de la cheminée loin des froids sibériens bercée par les staccato du mythique transsibérien je sais que vous avez été plusieurs à me suivre, merci.
Kilomètre 9288 Terminus Vladivostock ! Excellent voyage !
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Un opus des plus brefs mais des plus passionnants pour celles et ceux qui, comme l'auteur, voient leur imaginaire s'emballer à la simple prononciation de cette destination.

Immensités géographiques, historiques, culturelles, vous n'échapperez pas au voyage dans le Transsibérien, en compagnie d'auteurs contemporains, Sylvie Germain, Mathias Enard, Jean Echenoz, entre autres, mais aussi des précurseurs du genre qui les premiers ont été attirés par ce train mythique, Blaise Cendrars ou Joseph Kessel. Irkoutsk, Oulan-Oude, Vladivostok, autant de brèves escales propices à la réminiscence d'émois passés ou aux rencontres furtives. autant d'hommages aux grands hommes comme aux anonymes dont les yeux ont contemplé les mêmes paysages, bois, steppes, lacs, fleuves...

La seconde partie du livre est composée de trois articles inédits qui nous entraînent vers la Sibérie septentrionale. Départ de Khatanga pour l'univers de la taïga et de la toundra, celui des petits peuples, Yakoutes, Tchouktches, Dolganes, rivages gelés de la banquise que se disputent aux rennes ou aux ours les épaves de sous-marins nucléaires et les brise-glace, pour arriver finalement au détroit de Béring et resdescendre vers Magadan et Sakhaline en passant par le Kamchatka.

Russes ou autres, "On croise ici des destins qui sortent de l'ordinaire. Des vies taillées à coups de hache."

Au premier rang desquels, les millions de Zeks dont les fantômes errent encore sur les routes des goulags. Et c'est là tout le paradoxe de ce continent. Tout comme la beauté fulgurante des paysages est soudain poignardée par la réalité du gloaque russe, tous ces noms, qui pour les uns résonnent comme autant d'ailleurs générateurs de rêves, ont été le lit des pires cauchemars des autres.

Dans un autre registre, il est à craindre qu'un autre cauchemar se profile. La Sibérie, terre d'exils par excellence, l'est aussi pour l'écologie. Si on peut comprendre que l'âpreté et la rudesse de la vie quotidienne n'en font pas une priorité, il n'en reste pas moins que cette terre sert de poubelle à l'armée et que l'exploitation de son sous-sol riche en gaz, pétrole et minéraux très recherchés remplit les poches des oligarques au mépris de tout.

Sibérie, soit 13 millions de km² que l'auteur nous fait traverser en quatre-vingt douze pages. Grâce à de nombreux instantanés agrémentés de références littéraires triées sur le volet, il réussit à balayer espace et temps qui n'ont plus grand sens sous ces latitudes.
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Paru en 2011 aux éditions Inculte, ce livre regroupe des textes écrits lors d'un voyage en transsibérien, organisé avec plusieurs écrivains à l'occasion de l'année France-Russie, ainsi que des nouvelles issues de plusieurs autres voyages, traduisant la fascination pour la Sibérie d'Olivier Rolin.

Cette fascination prend sa source dans le mot même de Sibérie, objet du magnifique premier texte de ce livre, un nom au charme inacceptable tant il est synonyme de malheur, emblématique de la démesure dramatique du territoire et de son Histoire.

«Les noms ont une couleur, une odeur, comme celle d'étoffes leur texture s'offre au toucher. Il en est qui ont l'expansion des choses infinies. Sibérie, ça sonne bien, vaste, comme Sahara. J'y entends tinter le fer, j'y vois briller la fourrure des zibelines. J'y vois une étoile fondre tel du sel dans l'eau noire, comme dans un poème de Mandelstam : "Et plus pure la mort, plus âcre le malheur / Et la terre plus cruelle et plus vraie."»

La Sibérie est l'expérience d'une immensité insondable, d'une région du globe où les dimensions géographiques et le cours de l'Histoire changent d'échelle, «un endroit de la terre où elle ne fait pas les choses à moitié».

«La Sibérie, c'est le grand large sur terre. Tchekhov note que "la mesure humaine ne s'applique pas à la taïga. Seuls les oiseaux migrateurs, dit-il encore, savent ou elle s'achève".»

Tout prend des dimensions grandioses là-bas, l'éclosion des fleurs au printemps après la fonte des glaces, les épisodes du voyage et les rencontres avec ces hommes qui ont des vies qui semblent «taillées à coup de hache.»

«Pendant mon séjour à Khatanga, j'ai encore vu défiler un philatéliste natif de Macon, qui venait pour la quatrième année consécutive oblitérer au pôle, un cheikh arabe photogénique et jovial, que les mauvais esprits gratifiaient du surnom de «quarante-deux femmes», ce qui était évidemment très exagéré (je l'aurais bien vu en revanche amant de l'infortunée Lady Diana), deux militaires français qui allaient s'entraîner sur la banquise (en prévision du jour de la guerre avec les Esquimaux ?), et même un cardinal romain.»

Sur la trace des grands écrivains russes, Olivier Rolin conclut ce périple géographique et littéraire sur les traces de Varlam Chalamov à Magadan, une quête qui souligne et dénonce l'amnésie de l'Histoire autant que son cauchemar.

«"Se souvenir du mal d'abord, et du bien ensuite. Se souvenir du bien pendant cent ans, et du mal pendant deux cent ans" : telle est l'âpre leçon que Chalamov retire de la Kolyma

Un petit livre en réalité très grand.
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Si vous aimez les grands espaces de la Sibérie, Ces villes aux noms imprononçables qui font pourtant rêver, les anecdotes improbables de voyages d'Olivier Rolin, amoureux de cette région, que dis-je, de ce continent à part. La fascination de l'auteur pour la Sibérie est une contagion car il a le talent du conteur moderne, s'attachant au futile parfois comme à l'essentiel pour en dépeindre la beauté glacée et la vérité moderne de sa réalité contemporaine !
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