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Pourquoi au singulier ? Car les tigres de papier, ils sont nombreux en cette fin des années 60. Il y a bien sûr les américains qui s'embourbent au Vietnam et qu'haïssent les jeunes maoïstes que sont Rolin et ses amis, qui en sont d'autres ; des tigres en papier. L'auteur nous décrit ces anciens compagnons de « la Cause » comme idéalistes et romantiques, mais surtout, avec le recul, comme des pieds nickelés naïfs et imbéciles. le ton est donc désenchanté et ironique, une sorte de nostalgie goguenarde pleine d'autodérision. L'action se passe en une nuit sur le périphérique parisien, une vieille D.S. Citroën tourne au rythme de l'Histoire parisienne, et de la litanie pénible et colorée des néons publicitaires. Martin (Rolin) conduit en racontant à la fille de Treize, son vieux pote de l'époque « héroïque », leurs mésaventures d'alors. Ces jeunes utopistes pensaient refaire le monde et entrer dans l'Histoire en la changeant radicalement. Ils se sont mis le doigt dans l'oeil, la Pax Americana a prit la main. Il parait même, selon certains gugusses, que l'Histoire est finie ( ?!?), personnellement, je pense qu'elle s'est seulement assoupie, mais pour combien de temps ?
Vers la fin du roman (ou, autre étiquette, de l'autofiction), Martin nous raconte son voyage au Vietnam - celui d'aujourd'hui - sur les traces du « lieutenant » (son père), mort à une époque ... encore Historique. L'épisode formidable du retour en moto et sous l'orage, de My-Thô à Hô-Chi-Minh-Ville, vaut à elle seule la lecture de ce beau texte, plus poétique qu'il n'y parait. Allez, salut camarades lecteurs  .
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Bien que j'ai lu ce livre il y a plusieurs années déjà, j'en ai gardé un très bon souvenir. le thème m'a passionné ainsi que la construction du roman et le style d'écriture d'Olivier Rolin. La construction est en effet un peu particulière puisque le lecteur suite des évènements qui se sont passés des années plus tôt et le narrateur, Martin, qui nous replonge complètement dans ce que fut la guerre du Vietnam et de ces jeunes engagés qui croyaient dur comme fer à la puissance maoïste et rêvait la vie en rouge pour l'éternité. Pour eux, cette "guerre du peuple" était un moyen de terrasser l'immense machine de guerre qu'était l'Amérique..
Martin narre donc ses évènement à la fille de l'un de ses frères d'armes, Treize, décédé au combat.
Ce livre est une pure merveille , touchant et attendrissant par moments mais aussi dur en raison du thème évoqué, celui de la guerre, où des milliers d'âmes perdirent la vie. A découvrir !
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Certes, le livre fait un peu "les Martiens parlent aux Martiens" et il faut un doctorat en maoïsme pour comprendre les nombreuses allusions, références, "private jokes" et personnages de ce roman à clés...
Mais Olivier Rolin a une telle qualité d'écriture, son roman est si bien construit, sa vision si aigüe que l'on se prend au jeu et dévore son portrait au vitriol (tendre, mais au vitriol quand même...) d'une génération qui faillit être perdue.
Génération qui manqua basculer dans le terrorisme.
Episode peu connu, en effet : "La Cause du Peuple" (ou plutôt son chef Benny Lévy) décida de dissoudre son organisation (dont la branche armée, la "Nouvelle Résistance Populaire", était dirigée par... Olivier Rolin) en 72, et seuls quelques rares dissidents (sur les milliers de militants fanatisés que comprenait "La Cause") décidèrent de désobéir pour rejoindre l'anarchiste André Rouillan et former "Action Directe"...
Autrement dit, notre pays est passé à deux doigts des exactions massives de la RAF allemande ou des Brigades rouges italiennes.
Un grand merci donc à Benny Lévy et... Olivier Rolin.
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Mai 68 raconté par un des ses acteurs (dans un des groupuscules maoïstes), une trentaine d'années plus tard, et (curieuse mise en scène !) dans une voiture sur le périphérique de Paris, avec la fille d'un ancien compagnon de barricade qui vient de mourir. Des bons passages (avec parfois, très rarement il faut bien le dire, une courageuse "autocritique") mais je reproche à Olivier Rollin une certaine cécité à l'égard des nouveaux types de militance. "Autrefois c'était quand même mieux !" est un peu le slogan (un de plus ...) qui résume ce livre. Heureusement certains comme Dany Cohn-Bendit ont su murir sans renier leurs idéaux.

(note de lecture rédigée en 2004)
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A la demande de la fille de son meilleur ami et camarade de luttes mort depuis longtemps, un homme exhume leur passé militant dans cette France de Pompidou qui menaçait de reprendre son « ennui » après l'épisode Mai 68 et où quelques jeunes maoïstes de la Gauche prolétarienne espéraient faire vivre la flamme de la Révolution.

Ainsi, au volant de sa vieille DS, sur un périph' désert où souvenirs imprécis et désirs réfrénés baignent dans l'omniprésente lumière des panneaux publicitaires (symboles de notre époque de « fin des idéologies »), revivent sous sa plume souvent acerbe, mais sans aigreur ni nostalgie, dans un récit où les faits s'enchevêtrent et s'emmêlent dans les digressions du cinquantenaire, ces petits épisodes de jeunesse idéologique abandonnée avant qu'en « Allemagne et en Italie l'histoire de ces années-là ne s'enfonce dans le sang » (p. 92).

On y croise alors certains de ces maos aujourd'hui passés au Rotary, les Benny Lévy (Gédéon) ou Serge July (Amédée), des jeunes intellectuels honteux se rachetant auprès des masses dans ces établis qui les firent vivre au milieu des ouvriers, des bourgeois en quête d'aventure (qu'on n'appelait pas encore des bobos), des étudiants avides de servir et de transcendance, des ratés, des pauvres bougres un peu à la masse, tous un peu confondus dans l'action mais aux prises, inexorablement, avec les affres de leurs indécrottables individualités, donnant raison à cet anonyme qui avait écrit sur le tableau de la Sorbonne que « les structures ne descendent pas dans la rue ».
Tigre en papier est une sorte de road movie dans le temps où Martin, le narrateur, essaye de trainer sa petite Candide dans une Weltanschauung marxiste qui lui est étrangère. Ce n'est ainsi ni un essai, ni un documentaire, ni un dialogue critique (Marie s'avère vite n'avoir d'épaisseur que corporelle), mais le ''simple'' témoignage d'un type un peu ivre, un peu perdu, qui tourne sur un périph' dont l'écrivain aura pris le soin de décrire tous les panneaux publicitaires rencontrés ; procédé au demeurant très superflu et très peu efficace, si ces quelques fantômes de lumière étaient censés symboliser le début du XXIème siècle, puisque, dès les premières pages, l'oeil passe rapidement sur ces intermèdes redondants.

Désireux de toucher à l'image juste, Martin, ayant trouvé une petite Marie / Madeleine pour l'écouter à défaut de pleurer sur son sort, monologue le plus souvent et s'interroge incessamment sur des détails infimes (…), qui, tout en créant une atmosphère de brouillon et de bouillonnement sans fil directeur, rend plutôt bien le style de la débauche de bonne volonté de ces militants sans réelle efficacité. Tout en donnant un petit surplus d'authenticité à ce récit.
Authenticité, car, non pas que le souvenir soit tenu à la précision d'une reconstitution d'enquête — et au contraire le flou fait bien partie de leur histoire, comme le souligne le conteur —, il fallait montrer que l'image, ce fantôme que pourfendait Platon, fut bien la substance de leur engagement. La force du témoignage par rapport à l'étude est de permettre d'enfiler une certaine quantité de petits épisodes que Marcel Duchamp aurait qualifié d'« infra-minces », et qui servent de supports concrets à une analyse, certes moins systématique, mais bien plus fidèle que ne pourrait l'être une analyse traitant son sujet de manière plus lointaine. Ainsi, le fatras d'éléments du décor des années 70, d'idéologie mao, d'épisodes ou de situations qui s'entremêlent dans le roman, esquisse avec plus de force qu'un tableau trop ennuyeusement réaliste, le mélange de besoin personnel, de théâtralité narcissique ou sincèrement vécue, de mentalités collectives qui ont pu (et peuvent encore) pousser un jeune homme à se consacrer (dans son sens le plus fort) à de tels groupuscules plutôt qu'à suivre une vie plus ordinaire, tâchant de réussir à se faire une place confortable dans la société héritée de ses parents. On touche au point le plus vrai quand il montre de l'intérieur (mais avec l'appui du regard distant de l'âge) ce que seul un pamphlet aurait pu montrer du dehors, le côté puéril ou livresque (…) d'où procède tout engagement dans le militantisme politique révolutionnaire, sans le railler et en essayant toujours d'en garder la grandeur intrinsèque. Fût-elle, cette grandeur, impossible à atteindre, et avilie au moment même où ils essayaient de s'en rendre dignes.

Pour le côté puéril, en effet, a-t-on lu toute la littérature marxiste quand on s'engage à 20 ans dans la Gauche prolétarienne ? Certainement pas. Parce qu'on a montré les coulisses du théâtre stalinien et que l'illusion chinoise n'a pas encore été révélée, on deviendra maoïste. On a envie d'adopter une pose, une certaine poésie de la révolte soutenue par toute une iconographie de héros tombés avant vous et que le sublime de la guerre aura auréolé, soutenu par le sentiment que la vie vaut plus d'être vécu en Rimbaud clandestin qu'en élève studieusement assis et futur travailleur sans histoire.

Pour la part d'héroïsme en quête de hauteur, rien de mieux que le danger, l'interdit et un peu de sang qui menace au coin de rue, pour que, sous la menace du risque encouru et des privations en commun, la fraternité prenne un tour nouveau.

Une fois passé ce sensationnalisme, quand l'homme plus mûr pèse la signification exacte de ses actes et leur efficacité, quand il comprend qu'il a plutôt incarné Derrick que Trintignant jouant leur propre rôle, il abandonne cette supercherie grandiloquente qui a fait d'eux des « tigres en papier » (selon la formule de Mao qualifiant ainsi les EUA), à défaut de les laisser devenir de dangereux partisans fanatiques. Il lui faut bien s'avouer alors, ou simplement expliciter ce qu'il savait déjà au fond de sa conscience, que les jeunes qu'ils furent ne désiraient pas tant émanciper l'humanité (qu'ils ne connaissaient pas) que leur propre existence. Et tout ceci Rolin nous le restitue avec une légèreté qui n'en est que plus forte, luisant encore un peu de l'éclat du rêve d'antan, sans tout le langage pontifiant de ces petits enfants-soldats apprentis désidéologues abrutis par la théorie de la spontanéité chinoise, mais par l'ironie tendre et lucide d'un être qui a vu couler bien d'autres eaux sous les ponts...

(La suite sur mon site...)
Lien : http://dbcdf.com/app-crit/re..
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Dans ce roman (largement autobiographique) même si le héros s'appelle Martin et non Olivier, le narrateur, installé sur le siège de sa vieille DS modèle 67, remonte le temps (et le périf parisien) en compagnie de la fille de Treize, son ami, avec qui il a vécu les grandes heures de mai 68.
La présence troublante de cette « Chloé », âgée à peine de 18 ans, perturbe et grise le narrateur au point qu'il tourne toute la nuit sur le périf et qu'il trouve le temps de raconter le passé et de poser sur ces lointaines années un regard caustique, à la fois tendre et implacable.
Certes, il n'est pas facile de faire comprendre à une étudiante, véritable produit d'une société de consommation forcenée, ce qu'a pu être le rêve de cette génération dont faisait partie son père. Martin a conscience d'avoir vieilli, d'avoir changé... Mais il se souvient de tout... le Temps, qu'il appelle « le vieux cachalot », lui a fait perdre ses allures « d'ange des révolutions ». Plutôt qu'au Che de sa jeunesse, il est obligé d'admettre qu'il a tendance à ressembler de plus en plus à Daladier, « un type qui a canné devant Hitler ». D'ailleurs, tous ses amis, les « anciens de la Cause », les lions romantiques jadis enflammés qu'il rencontre avec Chloé au « bal des viocs », comme dans les salons de Guermantes à la fin de la Recherche du temps perdu, ne sont plus que les pâles reflets de ce qu'ils ont été.

Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Méditation sur la génération gauchiste des années 70, ces années où l'on croyait encore que tout était possible.
Il n'y a dans ce livre aucune démagogie, mais beaucoup de dérision et de nostalgie, et une belle méditation sur l'histoire, celle que l'on peut rêver et celle qui nous tombe dessus.
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Avec « Tigre en papier » je découvre Olivier Rolin un auteur au style très personnel. Ce roman est une sorte de Road trip très parisien permettant de raconter le passé gauchiste de Martin à bord de sa vieille DS roulant sur le périphérique.
La construction du texte, autour de trois périodes (après la mort du père en Indochine, les années 1960 pour la Cause et aujourd'hui) est très plaisante et le thème est intéressant d'autant plus que j'y retrouve des éléments de ma jeunesse et des lieux connus ou appréciés comme les rachs du Mékong, en référence à Marguerite Duras.
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Ok, ce livre a un certain style. Ok, il a un côté sociologique. Mais, somme toute, c'est un livre pénible, qui donne envie de fermer les yeux, de le détester lui, son auteur et toute la génération-clique évoquée et de maudire cette littérature française-là. Nombrilisme et consanguinité. Beurk.
Ou, quand je lis ça, je rêve d'un nouvel (opus de) John Fante ou (de) Bukowski. Ou je rêve à Romain Gary pour rester "Français".
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Écrit en 2002,Olivier Rollin retrace son passé de gauchiste, autour de 68 (agit-prop...) . D'abord dans une DS en roulant sur le périphérique et ensuite dans le QG de leurs anciennes années, il s'adresse à Marie la fille d'un de ses amis de l'époque mort et lui raconte son père , leurs engagements , leurs discussions,leurs rêves ,leurs utopies,leurs déceptions,ça justifie une vie. Mais le regard de l'adulte est à la fois nostalgique et ironique,et s'ils s'étaient trompés ?
Découverte de la vie en collectivité,des actions - choc ,de l'amour et de la sexualité aussi à l'âge étudiant.
Marie est sarcastique, cela lui paraît un peu incompréhensible cette vie de leurs parents.
Narration au fil des affiches publicitaires , néons qui défilent la nuit au rythme de la voiture, narration entrecoupée de commentaires, mélangeant les époques comme l'évocation en direct du souvenir et l'apostrophe à Marie. C'est un peu lassant et trop référentiel pour moi pour que je m'y accroche jusqu'au bout. Trop catalogue. "Entre les deux,il n'y a rien" de Mathieu Riboulet est plus prégnant ,plus cruel,plus intense et plus tragique.
Lien : https://deslivresetvous81.wo..
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