Je conçus le plan désespéré de me rendre maître d’elle par les livres. Je choisissais les textes que j’allais lui lire avec le soin maniaque d’un magicien préparant un philtre, dosant et composant les effets attendus de crainte, de désir, de gaieté, de surprise, d’imaginations lascives ou terribles, suivant les mouvements que je voyais se faire dans son âme, en fonction aussi des moments du jour où elle m’appelait auprès d’elle, et par exemple je ne lisais pas les mêmes pages, ni ne les lisais de la même façon, selon que l’heure éclatante de la sieste glissait sur son corps allongé, à travers les persiennes, des lames obliques de lumière, tandis que le souffle des ventilateurs gonflait et soulevait légèrement, comme une matière vivante, frémissante, les feuilles dans leur coffret, ou que la fraîcheur de la nuit avait fait monter la brume de la mer et sortir des combles les grandes chauves-souris sacrées des Zapotèques.
Ce serait avoir une idée bien simpliste de la littérature que de penser qu'elle reflète sans détour , sans malice, la personnalité de l'écrivain ... La littérature est une tromperie sans fin.
Chacun des moments beaux qui nous est donné est une fin en soi, une perfection dont il faut se laisser envahir comme de celle d'un tableau bouleversant découvert soudain, parmi d'autres, ternes, dans la salle d'un musée. Il est vain de le relier à d'autres, encore plus vain ensuite de chercher à en faire l'histoire. La langue nous y invite, qui veut des phrases et des phrases qui s'accrochent aux phrases. Mais la phrase ne surgit que lorsque déjà l'intensité est passée, sous l'empire complet de quoi il faut être. Et l'intensité ne connaît que des instants, des coups de foudre. Ce que nous appelons le monde n'existe que comme une fable. Il m'a fallu longtemps, des années après avoir dû quitter le Mexique, pour apercevoir ces choses simples. Et ainsi la paix est venue.
Chacun des moments beaux qui nous est donné est une fin en soi, une perfection dont il faut se laisser envahir comme de celle d'un tableau bouleversant découvert soudain, parmi d'autres, ternes, dans la salle d'un musée. Il est vain de le relier à d'autres, encore plus vain ensuite de chercher à en faire une histoire. La langue nous y invite, qui veut des phrases et des phrases qui s'accrochent aux phrases. Mais la phrase ne surgit que lorsque déjà l'intensité est passée, sous l'empire complet de quoi i faut être. Et l'intensité ne connaît que des instants, des coups de foudre. Ce que nous appelons le monde n'existe que comme une fable.
« Notre liaison dura peu, mais je m’en souviendrai au-delà de la mort, si l’éternité, ou quelque chose comme ça, est une option possible. »
Nous nous épuisons à ce rêve de maîtrise au lieu de vivre, tout simplement.
Nous voulons toujours que tout ait un sens. Nous voulons que le temps aille sans jamais se retourner, que les événements s'enchaînent, que les livres aient un plan, une signification cachée, l'histoire une fin […] D'où tient – on qu'il y a toujours des causes ? Pourquoi toutes choses au monde doivent – elles être cause ou effet ?
Une pluie furieuse, que le vent tordait comme une serpillière sale, battait Veracruz.
Il n'y aura jamais de paix. Ne croyez pas un mot de ce que j'ai écrit. Laissez-moi, maintenant.
Chacun des moments beaux qui nous est donné est une fin en soi, une perfection dont il faut se laisser envahir comme de celle d'un tableau bouleversant découvert soudain, parmi d'autres, ternes, dans la salle d'un musée.