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Critique de nadejda


Beauté fascinante de ce livre habité par une passion dévorante, brûlante, un livre qui ressemble aux tragédies antiques. Un livre en rouge et noir, torride ; rouge comme le sang, sang des blessures, sang de la vie qui circule, bouillonne, et noir comme la mort qui rode et hante tous les plis de la nuit où se love une femme enfant, une femme serpent, une femme qui est toutes les femmes.
Et avant tout, livre d'un écrivain qui sait avec virtuosité captiver et entraîner le lecteur à sa suite, lui faisant perdre ses repères comme lui les perd en se remémorant sa rencontre inattendue et solaire à Veracruz avec Dariana et ses interrogations en lisant les 4 cahiers, reçus après sa disparition subite, où il cherche des indices qui lui permettraient, en la reliant à ce qu'il découvre, de la retrouver :

« J'avais été invité à l'université de l'État à prononcer des conférences sur Proust. À la grande surprise de mes hôtes, et même à leur indignation, qu'ils s'appliquaient cependant à ne pas trop montrer, feignant d'attribuer à mon sens de l'humour cet inacceptable manquement aux usages, j'avais donné pour titre à mon cycle de conférences « Proust m'énerve » (Proust me pone nervioso). (En vérité, Proust ne m'énervait pas, ou du moins il ne faisait pas que m'énerver ; mais m'expliquer plus sur ce point m'écarterait de mon propos.) Au cours d'une soirée avec tequila et mariachis, à laquelle mes collègues m'avaient convié, et où je m'ennuyais un peu, parut Dariana, et je compris aussitôt qu'il m'avait suffi de la voir une fois pour ne l'oublier jamais. »


« La tonalité très sombre et même cruelle des quatre récits, correspondant si peu à l'allégresse qui éclatait dans la personne gracieuse de Dariana, semblait réfuter l'hypothèse qu'elle en fût l'auteur. Cette objection cependant n'en était pas vraiment une. Ce serait avoir une idée bien simpliste de la littérature que de penser qu'elle reflète sans détour, sans malice, la personnalité de l'écrivain. Il faut une grande naïveté, une ignorance des ruses de l'écriture pour croire ce genre de platitude, qu'enseignaient encore de vieux professeurs du temps que j'étais étudiant. La littérature est une tromperie sans fin. »


Et l'on mord sans regret et même avec jubilation à l'hameçon avec lequel il nous maintient et semble nous tirer progressivement hors de l'eau pour nous y rejeter aussitôt.
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