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Critique de jeandubus


Zone.

1994. Jean Rolin part en ballade dans la « zone ». Pas celle de Brassens, de la porte des Lilas, disparue au « bénéfice » de l'urbanisation misérable du tout à l'égout dont seuls les « boat people » ont su se tirer au Sud de Paris. Cette « nouvelle zone » à l'ombre des grands projets (le grand stade, la grande bibol, le grand machin etc.) qui n'a guère évolué depuis, d'ailleurs, sauf à boboïser quelques franges près des gares de l'est ,du Nord et d'Austerlitz magnifiées par les LGV.

Ronchon comme pas deux, Jean Rolin enchaîne les petits hôtels à deux balles et peste contre la fête de la musique qu'il considère comme de la bouillie pour les chats. Vingt ans plus tard, la fête de la musique parait presque historique et sincère face aux journées du tire-bouchon, de la femme et des voisins rivalisant de populisme.

Les randos à Nanterre, à Gennevilliers sont passionnantes dans le détail des découvertes minimalistes et des réflexions qu'elles inspirent. Jean Rolin a des yeux de chirurgiens et un coeur d'anarchiste. Il aime les gens qu'il déteste dans une confusion chaleureuse.

A la gare Saint Lazare il ne croise pas le « gommeux » de Raymond Queneau, pas plus que le fantôme de Patrick Modiano (à la recherche de son père), transfuge du VIIIème arrondissement et natif comme lui de Boulogne Billancourt.

Jean R. boit trois « poires » dans un bistrot de la rue de Rome et divague en tentant de ne pas faire du journalisme pittoresque ni de la sociologie de comptoir en se sentant suivi par un « type amoché ».

Avec la même insolence que dans chemins d'eau (et plus tard « évènements ») le parcours s'achève brusquement rue de Vaugirard entre Paris, Meudon et Issy les Moulineaux. Nulle part en fait.

C'est bien de le suivre, dans les petits bouclards parisiens, dans des entre deux banlieusards qui n'en ont même pas le nom, de regarder les gens dans les yeux avec un peu de bienveillance. de prendre le bus, de glander et glander encore de juin à décembre.

Ce voyeurisme tranquille m'est familier et joue parfois des tours : Les gens n'aiment pas être observés, détaillés, ils disent « tu veux ma photo ?».

Jean Rolin l'ose.
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