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EAN : 9782070386932
128 pages
Gallimard (07/05/2009)
3.71/5   189 notes
Résumé :

" Les trésors que j'ai ramenés de là-bas sont immatériels et, lorsque la plume ne s'en saisit pas, ils disparaissent à jamais. Le romancier que je suis, amoureux de ces diamants éphémères, parfois très purs, parfois noirs, mais toujours uniques et bouleversants dans leur mystérieux éclat, est parti à leur recherche vers cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable que l'on appelait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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J’ai lu ce petit livre, composé d’articles écrit en 1970 par Romain Gary pour France Soir, suite au conseil de Junie posté en commentaire de ma lecture de Djibouti, premier roman de Pierre Deram paru chez Buchet-Chastel.
Je la remercie car ces textes viennent compléter parfaitement « Djibouti ».

Se situant bien des années avant l’expérience vécue par Pierre Deram, cette suite de textes en est proche mais n’a pas l’accent de profonde désespérance de ce dernier, même s’il est empreint d’une grande nostalgie.
Ils se rejoignent sur la dureté de la vie dans cette région du monde, sur l’effet produit par « le chaos de rocs noirs, issus des volcans éteints en même temps que la terre qu’ils ont bouleversée, qui offre un paysage « image de ce que sera un jour la fin du monde » :
« De l’avion qui m’emporte, je jette un dernier regard sur ces étendues noires où tout a brûlé, sauf la peine des hommes.
Le grand couchant des empires occidentaux vit ici ses derniers instants. L’heure du soleil est passée et le soleil a manqué tous ses rendez-vous. L’heure du soleil est passée, mais aussi celle de l’égoïsme, du mépris et de la rapine. Le couchant est irréversible, le soleil quand il se lèvera à nouveau viendra d’ailleurs. Mais en cette heure du couchant, le dernier rayon brille d’une lumière qui ne manque pas de beauté, même si elle n’éclaire surtout que le regret et le remords. » p 71

Ils sont aussi tous les deux « des collectionneurs d’âmes » titre attribué à Romain Gary dans le New York Times.
Romain Gary se rend dans cette région pour y retrouver les traces de soldats perdus qui ont participé aux guerres du Viet-Nam et d’Algérie, des hommes qui se sont sentis abandonnés par leur pays.
Il y rencontre Gossard, un médecin-capitaine de trente quatre ans d’un dévouement à toute épreuve :
« Il veut être ignoré.(…) je n’ai jamais rien vu de pareil : pendant dix ans, dix-huit heures sur vingt-quatre à courir des pistes impossibles, des pistes où l’on s’ensable dix fois sur vingt kilomètres, où les moteurs eux-mêmes font pitié, dans une chaleur qui fait maigrir de deux kilos par étape. Huit litres d’eau par jour est la ration minima, sans quoi vous finissez par avoir les reins bloqués. (…) La fraternité anonyme, sans visage, sans nom, sans lien personnel ; la fraternité à l’état pur, la vraie… Ce n’est ni un saint ni un héros ; c’est un homme qui aime la vie et l’amour au point de ne pas reconnaître au destin le droit de frapper la terre de malheur. »

mais aussi Maconnard devenu fou ou faisant semblant de l’être pour ne pas avoir à admettre que ses rêves ont été brisés et bien d’autres comme la petite prostituée au corps tatoué des noms de ceux qui s’en sont servi :  « Tous ces graffiti sur cette tombe vivante, on pourrait les remplacer par ces quelques mots « Ici est venu mourir l’honneur des hommes »
Pierre Deram éprouve aussi de l’empathie pour ceux dont il croise la route dans la fournaise et la nuit de Djibouti et nous montre que l’agonie se prolonge jusqu’à nos jours.

Romain Gary rejoint dans ces textes Joseph Kessel, dans un mélange d’horreur et de beauté, et par l'évocation de la misère et de la grandeur des hommes.
« Djibouti » de Pierre Deram est un roman coup de poing qui ne sort pas diminué du rapprochement avec ces articles de Romain Gary.
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A l'origine de cette lecture, il y a une confusion…
Car je pensais que ce récit se rapportait à un vieux feuilleton télé « Les secrets de la mer Rouge ». En fait il n'y a guère que la géographie qui soit commune aux deux.

J'ai donc découvert à la place un témoignage percutant de Romain Gary, parti des deux côtés de la mer Rouge à la recherche de trésors… immatériels. Ce qu'il veut, c'est photographier avec les mots les pépites éphémères que représentent selon lui les âmes des êtres humains forgées par un environnement géographique et social brûlants.
Et brûlants ils le sont, brûlants et magnifiques dans des déserts de vagues de sable ou des îlots où les crabes sont plus nombreux que les cailloux. Brûlant l'ancien soldat des guerres de décolonisation, nostalgique de l'empire français et pourtant en pleurs devant la maladie d'un gamin « indigène ». Brûlant l'adepte des thèses complotistes persuadé que la Chine inonde les USA d'héroïne. Brûlant le couple qui veut faire bâtir un hôtel grand luxe dans une oasis paumée. Je n'en dis pas plus… fait trop chaud.

Romain Gary nous dévoile les facettes de ces âmes dans le style d'un Audiard qui aurait décidé de ne pas faire rire, mais d'imprimer des portraits dans nos cerveaux apathiques à coups de marteau-piqueur. C'est puissant, riche et démontre que la réalité dépasse toutes les fictions quand on sait l'écrire.

C'est mon premier contact avec l'auteur. Je ne sais donc pas si son style est toujours aussi brillant. Si c'est le cas, faudra que j'aille lire d'autres choses du gars.
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Les trésors de la Mer RougeRomain Gary, Éditions Gallimard 1971****

L'humour est noir, le sourire triste, l'ironie grince et les lauriers des colonisateurs tombent l'un après l'autre… avec fracas.
Les fantômes, Romain Gary les salue tout bas : les morts et quelques vivants, invisibles et ignorés, les diamants humains, « ce qui brille dans les yeux et le coeur. »
Je ferme le livre une boule dans la gorge et me tais, comme l'auteur, devant l'humain, ses horreurs et sa folie, sa pureté, le sacré et la civilisation. J'avale ma boule, respire et reprends la lecture.
Un tout petit livre de 123 pages et quelle concentration d'images, de colère et de reconnaissance peut sortir de cette plume.
De Djibouti au Yémen dans la 7e décennie du siècle dernier, voyage raconté en quelques courts textes bouleversants, des reportages, des moments vécus par l'écrivain-narrateur à la Mer Rouge, témoin de l'indicible. Il nous en ramène « les manifestations soudaines et émouvantes… ces joyaux-là, les seuls que rien ne peut jamais priver de leur valeur fabuleuse et de leur pouvoir envoûtant. »
Quelques fantômes du passé croient se faire racheter par quelques uns qui restent encore dans la dimension des vivants. Un d'eux est le docteur Gossard, 34 ans, connu dans le coin, célèbre inconnu « Ce n'est ni un saint ni un héros : c'est un homme qui aime la vie et l'amour au point de ne pas reconnaître au destin le droit de frapper la terre de malheur. » Un « diamant humain… ce qui brille dans les yeux et le coeur de ce médecin « colonial » ». Il mène une guerre sans fin contre la maladie, « mais comment aider des êtres humains qui sont habitués à souffrir ? …
- La grande difficulté, dit Gossard, c'est de leur faire comprendre l'existence de la maladie. Pour eux, la souffrance c'est normal... »
Les paradoxes dans nos vies se rencontrent à tous les coins de rue, comme l'amour possessif des officiers de l'empire britannique pour la beauté de l'Islam qui voulait l'empêcher de changer : »Il n'y a qu'à lire Lawrence d'Arabie. Plus un Européen était amoureux de l'Islam et plus il devenait sans le savoir son ennemi. »
L'homme un guerrier, la femme une offrande à sa virilité, et sa virginité scellée à 7 ans : l'ignominie et la sauvagerie de l'infibulation est très connue, malheureusement !
« - le plus ahurissant, me dit Ponchardier, c'est que ce sont les femmes qui défendent cette « tradition » avec le plus d'acharnement…
Est-ce une sorte de vengeance, une rancune, la crainte subconsciente que la nouvelle génération échappe au destin qu'elles avaient subi ? » !
Le voyage à la Mer Rouge c'était pour rencontrer quelqu'un, un certain Machonnard, l'ex capitaine dans l'O.A.S. Maintenant il est fou car il y avait cru, il ne s'en remet plus, il a gardé un regard, avec « des yeux… comment vous dire ? Si une blessure avait des yeux, elle vous regarderait comme ça. »
Prendre la folie comme refus de la réalité, une autodéfense « une folie sacrée … pour survivre ».
« ...tout, en moi, crève parfois de regret au souvenir de toute la beauté humaine et de tant de sacrifices et parfois de sainteté dont nous avons nourri nos mensonges, le regret de tout ce qui aurait pu être et n'a pas été... »
Ils sont oubliés aujourd'hui, mais l'écriture les garde vivants, ainsi que ces « cercles de pierre qui signaleront à travers les âges les tombes éternelles de l'éphémère. »
Le style de Romain Gary a la concision qui frappe comme une balle en plein coeur, l'ironie et un humour sombre voisin du cynisme, la colère noire en comprimés concentrés, la désolation, plainte silencieuse, et l'immense l'amour de « ces diamants éphémères, parfois très purs, parfois noirs, mais toujours uniques et bouleversants dans leur mystérieux éclat… cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable que l'on appelait jadis l'âme humaine - … « jadis »  car le mot est passé de mode, avec son écho d'au delà… trésors engloutis qui dorment au sein des grands fonds sous-marins... »
Livre reportage, coup de gueule, hommage émouvant et une plume qui rend le témoignage unique, du noir éclatant.
Échos, mystères et senteurs de la Mer Rouge, souffrance et générosité, guerres, tortures, honte, et amour, de tous les côtés de l'humain d'hier et d'aujourd'hui, qu'en sera-t-il de demain ?
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Il y a quelques années, j'ai voyagé au bord de la méditerranée, en Espagne.

Dans une région aride, putain !
Pas un coin d'ombre sur la plage, l'odeur du bitume dans les rues les plus anciennes et de la poussière dans les nouvelles rues.


Une nourriture rare !
D'ailleurs, on évitait la plupart du temps le repas du midi en se levant au minimum à 14h - mais quand même pas après 16h pour pouvoir profiter des merveilles locales, parfois inattendues, comme le petit prince échoué là sur un muret à regarder la mer et le renard un peu plus loin à regarder le petit prince.


Une vie difficile !
Comme presque personne n'était en âge d'avoir une voiture, il fallait parcourir des kilomètres à pied pour aller à la rencontre d'autres gens au Gato Negro ou au Choke, les deux boîtes de la ville.

Et si on voulait aller à la rencontre d'autres peuplades, alors il fallait s'entasser à sept ou huit dans une Diane (vous savez cette voiture avec le levier de vitesse sur le tableau de bord).


J'ai rencontré des gens échoués là par hasard qui en cachaient des tas de trésors :

François le Perpignanais, toujours prêt, lui, à nous emmener dans sa voiture (les filles seulement parce que selon lui ça évitait des contrôles trop poussés de la Guardia Civil ; il fallait sourire à ces jeunes militaires, pour éviter qu'il ne fouillent trop la voiture).
Bon lui cachait de la beuh.

Christophe le Marseillais et son haut sens de l'hospitalité toujours prêt à nous faire assoir devant la tente et nous offrir la boisson locale (du ricard donc) à toute heure de la journée.
Bon lui cachait sa timidité derrière son accent marseillais.

Hervé de Pfaffenheim (c'est en France, hein !), toujours prêt à me reconduire chez moi, pour être sûr qu'il ne m'arrive rien, jusque dans l'entrée (ah merde, c'est un studio, on tombe directement sur le lit…).
Bon lui cachait des capotes dans sa poche.


Mais à l'intérieur de tous ces gens (il y en avait bien d'autres) se cachait aussi une merveille : une solidarité complètement éphémère et infondée, grâce à laquelle pas une seule fois l'un de nous n'a été laissé tout seul par le groupe - même à vomir ses tripes, les autres attendaient de pouvoir le ramener…



Ici il s'agit d'une toute autre sorte de tourisme.

Romain Gary nous emmène en voyage.
Voyage autour de la mer Rouge, Djibouti, Somalie, Yémen…
Voyage dans le temps.
Voyage dans le temps pour nous qui le lisons maintenant.
Mais voyage dans le temps aussi à l'époque de l'écriture, en 1971.

Le temps qui ne s'écoule pas de la même manière là-bas, dans cette région où la douceur se mêle à l'aridité, le noir se mêle à la lumière, la beauté se mêle au dépouillement.


C'est une région hostile pour les hommes, dans laquelle Romain Gary part à la rencontre de « trésors immatériels et éphémères ».


Il dénonce au travers de ses rencontres le mal fait aux femmes, qui pour lui personnifient l'humanité.

Les Somaliennes sont les plus belles femmes du monde mais sont victimes de l'infibulation qui consiste, à sept ans, après avoir coupé le clitoris, à coudre les lèvres pour garantir la primeur de la vierge offerte au mari.
Pour la nuit de noces, le chemin sera « ouvert » par les commères du village d'un coup de couteau.

Ce qui explique, puisque la vertu des Somaliennes est si bien gardée, que les prostituées soient importées d'Abyssinie.

Il rencontre une de ces prostituées pour l'interroger (ben tiens !) car il veut savoir ce qu'est sa vie de « tout-à-l'égout ».
Il reste « coi, saisi de stupeur » en découvrant une femme que les militaires ont « tatouée » à leurs noms sur les seins, au-dessus du sexe et, dans le dos, de commentaires dans le genre « mode d'emploi ».

« Ce n'est plus la peine de l'interroger : j'ai eu toutes les réponses. Strauss, Bianchi, Kriloff, je sais maintenant comment, de quelle haine de soi-même sont nés le nazisme et Auschwitz… »



Il rencontre aussi toutes sortes de personnages, souvent des illuminés :

Rencontre avec le proconsul de France Ponchardier qui combat la sous-alimentation et la tuberculose.

Rencontre avec le médecin Gossard qui lutte contre les maladies dont il faut d'abord convaincre les populations locales de l'existence car pour eux, souffrir est normal.

Rencontre avec un instituteur qui est là aux yeux de certains pour « ne pas faire son service militaire » mais qui donne son argent, sa santé pour convaincre les familles de laisser leurs enfants venir apprendre.

Rencontre avec un ex-capitaine, Machonnard, privé de grade pour son action dans l'OAS et qui est devenu fou, ou qui se complait dans la folie.

Rencontre avec un de ceux « qu'on […] ramasse par milliers à demi morts au Népal, au pied du Kilimandjaro, sur les bords du Gange… La retombée humaine d'une explosion de désespoir que la pression matérialiste a provoquée ».

Bien d'autres encore…

Rencontre avec lui-même lorsqu'il attend plusieurs jours au bord d'une route le retour du sergent qui détient ses papiers.

Rencontre avec une petite fille qui possède le plus beau visage de la Bible…



Dans ces récits, qui avaient la vocation d'être publiés sous forme de reportages dans une revue, Romain Gary nous livre une plume empreinte de poésie, certainement parce qu'il se laisse bercer par ses sensations afin de mieux appréhender le fond des êtres.

Sans oublier d'y mettre un peu de son humour juif, cynique et cinglant :
« Tu vas là-dedans, tu éternues, ça fait une épidémie et dix gosses morts… »

Et au travers de ces réflexions, il cherche une fois de plus à rencontrer l'âme humaine, dans son sens premier, celui qui ne touchait pas à l'au-delà.



Et je poursuis ma route en chanson :

« Il y a sûrement des pays qui valent le coup
Il a sûrement des routes qui mènent un peu partout
Il y a sûrement des enfants rebondissant sur le ventre des éléphants
Il y a sûrement des moutons que l'on compte à reculons

Il y a sûrement des pays qui valent le coup
Des océans pour serrer la pince aux crabes géants
Il y a sûrement des pandas pour ne dépendre de rien
Et des pourquoi pas qui durent jusqu'à demain
Il y a sûrement des serpents charmeurs à qui faire confiance
Militants pour l'abolition de la souffrance
Et des lions qui ronronnent en canon
[…]
Petit à petit mon appétit grandit
De découvrir la vie »

(« Dehors », extrait de l'album éponyme de Mano Solo)

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Ce livre est un merveilleux reportage sur une région : la "Mer Rouge ".
de Djibouti au Yémen, Romain Gary voyage dans les terres brûlées et hostiles et en rapporte un témoignage d'une rare force.
il y a des populations difficiles à comprendre, des hommes qui ont souffert et ont été trimballés de gauche à droite suivant les intérêts, politiques, des gouvernements un peu vaporeux ouverts au plus offrant.
Les textes de Romain Gary ne sont pas de la grandiloquence, mais des réalités, pas toujours belles. .
Ici nous avons vraiment un témoignage fort d'un périple ,poignant d'actualité.
Toujours écrit avec un style à lui , fluide souvent d'une réalité qui décoiffe!
Un grand écrivain ,quand même ce Romain Gary.
J'ai été époustouflé du nombre d'ouvrages
qu'il à écrit dans toutes catégories , que je m'engage à lire
plus souvent en intercalant des écrits peu connus.

L'intérêt on le trouve dans l'écriture !. dans une autre époque, une autre vision des événements, dans des références historiques, sur tout ce qui gravite autour de la Mer Rouge.
Romain Gary nous fait voir ,cette possibilité qu'avez des français à cette époque d'aider , sans retour de bénéfice, juste essayer d'apporter du réconfort moral , et réels en vivre et autre aux populations qui habitent là bas.
Une fraternité existante à l'état brut , l'auteur dit ."La rage semble avoir présidé ici à la création du monde".
Ne vous inquiétez pas , cette Mer rouge n'est ni ouverte et ni fermée , elle est toujours là.
je vous engage aussi à voyager vers elle !! vous y trouverez des trésors , pas pécuniers mais de l'histoire d'un monde qu'il faut connaître.
Pour revenir , au livre, toute la reconnaissance à vous Mr Gary !pour ces écrits.
Un livre dur parfois , mais captivant , un trésor à découvrir.
je vous le recommande .
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critiques presse (1)
Culturebox
07 août 2023
On sent poindre derrière ces lignes une grande amertume. Les colonies, l'Empire français n'ont engendré que misère, souffrance et humiliation.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
C'est pourtant un visage de femme que je suis venu chercher ici. De fillette plus exactement. Il faut être un rêveur invétéré, travaillé par la nostalgie de je ne sais quelle unique et rédemptrice beauté, pour venir au Yémen dans l'espoir d'en saisir un fugitif mais rassurant sourire. [...]
Je suis donc venu au Yémen.
À ceux qui s'étonneront de voir un homme plus qu'adulte débarquer d'un boutre dans la fournaise de l'affreux port de Hodeïda, où tout semble cuire jour et nuit dans la graisse, et faire cinq cents kilomètres à moto à la poursuite d'un regard, je ne peux que répondre ceci : à chacun ses trésors. J'ai toujours été torturé par le goût de l'éphémère. D'un éphémère saisi, perpétué, sauvé...Je ne serais pas devenu écrivain si je n'étais habité par un ange-démon qui me pousse à me pencher sur tout ce que guette déjà le temps avec des yeux d'oubli...
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Jamais encore je n'avais éprouvé à ce point le sentiment de n'être personne, c'est-à -dire d'être enfin quelqu'un...L'habitude de n'être que soi-même fini par nous priver totalement du reste du monde, de tous les autres ; " je ", c'est la fin des possibilités...Je me mets à exister enfin hors de moi, dans un monde si entièrement dépourvu de ce caractère familier qui vous rend à vous-même, vous renvoie à vos petits foyers d'infection...J'avais réussi ma transhumance. [...]
Je suis heureux d'avoir pu enrichir l'expérience yéménite de ce fonctionnaire chinois qui s'est arrêté pour prendre une photo de moi, ce qui me procura un merveilleux sentiment d'authenticité.
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Je roule à travers les canyons recouverts d'étoiles, dans la douceur de cette nuit d'Arabie où se mêlent la fraîcheur des altitudes et les caresses chaudes qui montent déjà du désert à travers les gorges tourmentées. " Le manteau de la reine " : c'est ainsi qu'un vieux chant des bergers yéménites appelle encore ce ciel nocturne et éblouissant qui avait enveloppé jadis les épaules de la reine de Saba, en route vers la couche du roi Salomon...C'est une course pour rien, sans but, si ce n'est pour me griser de la plus vieille nuit de la terre, celle d'un royaume fondé par Sem, le fils de Noé.
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"Ce ne sont ni les trésors engloutis qui dorment au sein des grands fonds sous-marins que je suis allé chercher pour vous sur ces eaux que l'art des conteurs arabes a peuplé de fabuleuses histoires. Ni les perles que l'on n'y pêche plus guère, ni les rubis, émeraudes et diamants que l'eunuque Murad a jetés dit-on, dans la mer Rouge par l'ordre de son maître Ibn Séoud, afin qu'ils rejoignent dans l'inaccessible le fils préféré du dernier conquérant d'Arabie des temps modernes. Ni l'or clandestin transporté par les boutres aux mâts obliques vers les coffres des trafiquants indiens... Les trésors que j'ai ramenés de là-bas sont immatériels et, lorsque la plume ne s'en saisit pas, ils disparaissent à jamais. Le romancier que je suis, amoureux de ces diamants éphémères, parfois très purs, parfois noirs, mais toujours uniques et bouleversants dans leur mystérieux éclat, est parti à leur recherche vers cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable que l'on appelait jadis l'âme humaine - je dis "jadis", car le mot est passé de mode, avec son écho d'au-delà. "
Commenter  J’apprécie          90
Je sens le sol bouger sous mes pieds et évite de baisser les yeux, pour échapper à la nausée : les crabes. Ils sont quelques vingt mille sur cet îlot : le sable bouge sans cesse, grouille, finit par donner le mal de mer. Ils sont jaunes avec des allures de danseuses en tutu ; des crânes sur patte, avec des bouches rouges en coeur qui évoquent irrésistiblement celles des girls des Folies-Bergère à l'époque de Mistinguett.
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"Un monument ! Une biographie indispensable pour (re) découvrir Romain Gary, cet auteur incroyable ! " - Gérard Collard.
Dans le Jongleur, Agata Tuszyska peint un portrait unique de Romain Gary, unique auteur à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt (pour Les Racines du Ciel et La Vie devant soi), diplomate, scénariste, pilote de guerre, voyageur; et montre comment son personnage va au-delà des limites de la pirouette artistique et des responsabilités humaines.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/le-jongleur.html
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