Le 6 Octobre est le point d'ancrage de la grande fresque littéraire en 27 volumes de
Jules Romains intitulée Les Hommes de Bonne Volonté. À ce titre, il n'est probablement pas le meilleur car l'auteur est obligé de passer un certain temps à poser le décor, vu l'ampleur de la tâche qu'il s'est proposée (nous raconter une tranche de vingt-cinq années de l'humanité de laquelle il a été le témoin).
Le 6 octobre est en fait ce jour de 1908 où la Bulgarie a déclaré son indépendance. L'auteur nous fait sentir du doigt tous les enjeux politiques sous-jacents et les forces en présence qui finiront par s'opposer lors de la Première Guerre Mondiale.
Il nous invite à considérer les enjeux économiques qui se cachent sous les prétextes " officiels " ; comme, à titre d'exemple, le fait qu'aussi bien l'Allemagne que l'Autriche-Hongrie ne possédaient d'empires coloniaux conséquents tandis que c'était le cas de la France, de l'Angleterre et, par la taille de son territoire, de la Russie.
Le noeud gordien de tout cela est déjà, dès cette époque, la délicate question du pétrole, car l'automobile est en train de tout bouleverser et ça, certains l'ont bien compris. Aussi allons-nous faire une excursion dans les lobby politiques destinés à soutenir les grands patrons des groupes pétroliers.
Il nous dépeint aussi, au travers de plusieurs personnages de différentes classes sociales, le mode de vie parisien de l'époque. Il s'agit d'une fiction mais traitée avec autant de sérieux (voire plus) qu'un documentaire journalistique.
L'auteur a probablement désiré faire un témoignage sur son temps, dans la lignée des grands cycles littéraires comme La Comédie Humaine de
Balzac ou Les Rougon-Macquart de
Zola, mais en prenant le parti, dès le début, de faire un roman total et non des épisodes comme peuvent être considérés chacun des opus
De Balzac et
Zola.
Il est donc vain d'essayer de lire l'un des livres de l'ensemble seul et sorti de sa trame, sans caresser l'espoir d'en lire d'autres. Mais bien sûr, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.