Mais il y a eu à chaque époque, un gaspillage effroyable des ressources, parce que les princes des hommes avaient besoin, non de jouir de la sécurité commune, mais de tromper leur ennui, ou de désaltérer leur orgueil, ou d’écraser leurs rivaux.
Je suis sûr, sûr que les quatre cinquièmes des impôts d’argent, de blé et de sang qu’ont payés mes ancêtres, ont servi non à garantir leur sécurité – qui était l’objet vrai du pacte social - mais à payer les folles entreprises ; les accès de mégalomanie, les fureurs de luxe et de luxure de tous les grands, et leur séquelle ; depuis le seigneur, l’abbé et l’évêque, jusqu’au connétable et au roi. E ce n’est pas seulement pour venger mes ancêtres que je crie si fort.
C’est pour me garer d’un sophisme où nous tombons tous.
Où moi-même je me suis senti glisser je ne sais combien de fois.
Il consiste à dire : « ne demandons pas à la société l’impossible ; elle est à chaque époque ce qu’elle peut être ; elle n’a pas pu jadis distribuer un bien être et une sécurité dont elle n’avait, ni les éléments ni les moyens. Accroissons d’abord les richesses, les techniques. Laissons l’évolution économique se faire suivant ses lois. C’est quand il y aura abondance, surabondance de tout que les problèmes pourront être traités facilement.
Même le problème de la guerre. Les peuples n’auront pas envie de se battre quand ils seront rassasies. »
Faux, tout cela , archi-faux, et dangereux.
Dangereux, car cela déplace le problème. Et nous donne le change sur l’ennemi.
Quant il y aura surabondance, il se peut que quelques miettes en tombent au peuple, à mes paysans de la montagne. Mais ce qu’ils demandent par-dessus tout, ce pourquoi ils ont accepté le pacte. : leur sécurité, elle, n’augmentera pas d’un millimètre ; bien loin de là. Les princes des hommes détourneront la surabondance au profit de leurs folles entreprises, de leur mégalomanie, de leur luxure, comme ils avaient détourné la médiocrité ou la pénurie.
Au contraire, la surabondance leur montera au cerveau. Ils seront plus délirants que jamais, plus ennemi de notre sécurité humaine.
Tu comprends où je veux en venir. Ce qui a empêché la sécurité humaine, comme la rêve les paysans de chez moi, de s’installer depuis longtemps, ce n’est pas le défaut de ressources, chez nous, ni la famine agressive, chez les autres.
C’est la présence, chez nous et chez les autres.
Des violents et des rapaces.
Et l’incroyable faiblesse que la société humaine leur a montrée.
La première question est de savoir : combien sont-ils ?
La seconde ; comment se débarrasser d’eux ?
…….
Combien sont-ils ? pas tellement nombreux. Mais c’est un calcul à serrer de près. Comment se débarrasser d’eux ? Par une opération de police au plus noble sens du terme, c’est à dire comme en 89, par la Révolution. Mais que cette fois, on s’arrange pour qu’ils n’y coupent pas !
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l'idée de l'Homme nouveau.
En 1926, l'école s'installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim.
À Berlin, toute proche, le temps s'assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie. Ce sont aussi, entre rêves d'Amérique et désirs de Russie, d'autres raisons et déraisons.
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