Comme pour Marcel Aymé, j'ai une tendresse particulière pour Jules Romains.
Et il ne se passe jamais longtemps sans que j'ouvre un livre de l'un ou de l'autre.
Il y a dans l'oeuvre de ces deux grands auteurs un amour amusé du genre humain.
Jamais l'ironie n'y devient cynisme.
Et la lucidité jamais n'y empêche la tendresse.
"Un grand honnête homme" est un roman qui est plus qu'il ne semble être.
Il s'ouvre sur un bel enterrement au cimetière Montparnasse.
Les discours succèdent aux discours pour vanter la bonté du défunt.
Personne n'a jamais en vain frappé à la porte du docteur Bruniaud, ce grand honnête homme.
La foule est émue.
Un homme, pourtant, n'est venu que par vague politesse, parce que le temps était magnifique et qu'il se sentait une âme d'école-buissonnière.
Et un autre, parce qu'il s'était autrefois juré que s'il survivait au défunt, il assisterait à ses obsèques ... et qui semble pour l'heure d'humeur à se taper le derrière sur le coin d'un meuble !
A moi qui ai lu le livre, il m'est impossible de révéler ce que, pressé dans la foule derrière les deux hommes, je les ai entendu se dire.
Ce serait indiscret.
Ce serait spolier ce joli petit roman.
Qu'il me soit permis, néanmoins, d'exprimer ici mon indignation devant l'internement forcé de Mme le Garrée qui, même si elle était un peu coléreuse, n'en restait pas moins une brave vieille dame.
Et de remercier Maître Ambard pour sa finesse et son habileté, alors qu'il n'était que jeune clerc d'avoué.
Ce roman de Jules Romains est un de ces petits plaisirs que l'on arrive parfois à saisir avec de vieilles pages que l'on croyait oubliées.
Ce roman se lit facilement et rapidement.
Mais il s'insinue plus longuement que le temps de sa lecture dans l'esprit de son lecteur.
C'est qu'il est plus que ce qu'il ne semble être.
Assurément, Jules Romains est un de ces acrobates de la Littérature dont la phrase semble être facile, mais dont le propos est toujours un véritable tour de force ...
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- Je m'étais promis également, si je lui survivais, d'assister à ses obsèques.
Vous voyez : je me suis tenu parole.
- S'en est-il aperçu ?
- Grosse question. Mais il faut savoir faire certains gestes dans l'absolu ...
J'aurais pu me dispenser de ce cheminement, qui paraissait laborieux. Le défilé à l'église, devant la veuve et la parenté, suffisait à témoigner de ma présence. Mais puisque je m'étais infligé le cimetière et les discours, autant valait-il que ce surcroît de politesse fût enregistré par les intéresses.
Vous avez entendu ces discours ?
Comme dit mon petit-fils, c'était à se taper le derrière sur le coin d'un meuble ...
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l'idée de l'Homme nouveau.
En 1926, l'école s'installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim.
À Berlin, toute proche, le temps s'assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie. Ce sont aussi, entre rêves d'Amérique et désirs de Russie, d'autres raisons et déraisons.
Lorsque l'école sera prise dans les vents contraires de l'Histoire, les étudiants feront leurs propres choix.
À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu'il faut continuer ?
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