La liberté intérieure

Une décision autonome est bien plutôt une décision qui reflète l'intégralité de ce que nous sommes, y compris nos réactions affectives, et qui est dans cette
mesure pleinement expressive de nous-mêmes jusque dans les tensions et contradictions qui nous animent. Elle consiste à nous replacer, pour ainsi dire, au cœur de nos motivations en totalité. C'est pourquoi l'accord
avec soi doit inclure la sensibilité et n'est possible
qu'à cette condition.

"il se peut que les énergies qui tendent vers l'action et qui contredisent l'intention
demeurent non domestiquées (untaimed) et en place, quel
que soit le caractère décisif ave€c lequel la personne croit
s'être décidée". En d'autres termes, décider d'être
wholehearted, de surmonter toute ambivalence intérieure en s'identifiant à certains désirs et en en rejetant
d'autres hors de son moi (self), ne possède absolument
pas le pouvoir quasi magique de créer l'accord avec soi-
même, puisque cette décision peut très bien demeurer
impuissante à opérer une intégration des désirs en un
tout cohérent, elle peut très bien échouer à procurer à
l'agent un accord entre ses désirs de degré inférieur et
supérieur qui lui permettrait effectivement de surmonter
l'ambivalence. Il ne suffit pas de décider de ne pas être
ambivalent pour cesser de l'être. Il ne suffit pas non
plus de se décider quant à la question de savoir lequel,
parmi différents désirs, on souhaiterait qu'il fût le sien,
en dépit de la persistance du désir opposé, pour rétablir
à l'intérieur de soi une unité volitionnelle menacée
par la persistance de ce désir « proscrit » ou "banni ».
Aucune décision, aussi résolue soit-elle, ne permettra
à elle seule de surmonter la division intérieure d'un
sujet dont l'unité volitionnelle est tiraillée entre des
désirs contradictoires. On ne surmonte pas la division
intérieure par un simple décret.