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EAN : 9782246853787
Grasset (16/08/2017)
3.36/5   167 notes
Résumé :
Tout commence avec une adolescente somalienne, Habiba, rescapée d'un naufrage sur les côtes maltaises. Elle sera, avec Grimaud, archéologue français résidant en Tunisie, et Harry, jeune orphelin d'une banlieue parisienne, l'un des trois fils rouges de cette fresque qui nous conduit en Somalie, en Ethiopie, en Turquie, en Irak, en Lybie, en Algérie, en Egypte et surtout en France ? A Paris, dans le secret des services, Bruno tente d'infiltrer les réseaux terroristes.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,36

sur 167 notes
Ce roman est assez particulier car d'une certaine manière je crois que son auteur avance masqué. C'est essentiellement un thriller à plusieurs voix.
Le contexte : notre société soi-disant en guerre contre le terrorisme.
Les lieux : côté négatif : les cités, la Libye, côté positif : Malte, le quartier général secret d'un service de la DGSE.
Les acteurs : innombrables et ratissant large : flic en mal-être, diplomate jouant double ou triple jeu, archéologue à la limite de la pédophilie, prostituée désabusée mais jeune et belle et aristocratique, djihadiste allumé, indic surdoué, caïd de la drogue, chargé d'affaire espion etc etc...
Voilà, c'est un peu le point faible de ce livre : il y a trop de personnages, tous brossés forcément hâtivement, même si c'est suffisant pour en percevoir la complexité.
C'est en fait un faux thriller. Délibérément construit ainsi. Car c'est justement la réflexion sur les motivations des uns et la non-motivation des autres qui est mise en exergue par l'auteur : il n'y a pas réellement de personnage détestable dans cette galerie protéiforme : que des solitudes baladées par la vie... Enfin pas seulement...
Dans ce bestiaire disparate, une figure sort du lot. Une seule.
En refermant le livre, je n'ai pas pu m'empêcher de rapprocher ce roman d'un essai de Michel Onfray sur notre société occidentale qui n'a plus de boussole idéologique.
Je crois que ce livre en brosse un portrait parmi d'autres possibles.
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Mécaniques du chaos pourrait appartenir à la catégorie des docufictions tant Daniel Rondeau met sous nos yeux un par un les rouages qui conduisent au terrorisme djihadiste. Lesdits rouages s'adaptent l'un à l'autre jusqu'à constituer l'engrenage qui broie les corps des victimes, la liberté et l'humanité.

Une multiplicité de personnages jaillit dès les premières pages, chacun avec une histoire propre et un rôle dans le mécanisme. L'auteur dépeint la mise en place de systèmes et de filières alliant banditisme, intégrisme et capitalisme basé sur l'écoulement de drogues, d'armes, de femmes, d'informations et de trésors archéologiques et artistiques mis en péril par le fanatisme des fous d'Allah. Ce qui frappe dans ce roman, entre autres, c'est l'importance de la corruption et d'un cynisme abject faisant rimer religiosité exacerbée et profits engrangés.

En face, il y a ceux qui luttent, comme Bruno, le flic miné par son divorce, le jeune Harry qui souffre de voir sa cité gangrenée par la peste verte alliée au caïd du quartier, l'archéologue Grimaud, narrateur des chapitres où il apparaît et qui s'efforce de sauvegarder ce qui peut l'être, etc.

L'ensemble conséquent des protagonistes de premier plan est criant de vérité, à l'image du roman. En cela, il est d'une lecture éprouvante, non par la difficulté du texte mais par les coups de couteau qui déchirent toujours plus l'esprit humaniste dont Grimaud apparaît comme l'étendard. Loin de tout simplisme manichéen, Daniel Rondeau s'attèle à développer ses personnages avec toutes les nuances et la profondeur possible.

De plus, par son choix de mettre en avant un archéologue ou encore un flic ancien étudiant puis professeur d'histoire-géographie, il montre l'importance capitale du poids de l'Histoire dans ce qu'il se passe actuellement. L'exemple de "l'incident" de Sétif, le 8 mai 1945, en est un exemple probant dans ce récit. Mais pas que. L'auteur porte aussi son attention, se référant d'ailleurs aux thèses de l'éminent historien Lucien Fèbvre, sur le temps long de l'Histoire, celui des civilisations qui croissent, prospèrent et chutent. Il aurait tout aussi bien pu citer l'essayiste Jared Diamond. Sommes-nous à un tournant civilisationnel de grande envergure? Si oui, quelle évolution et quelle(s) direction(s) suivra-t-il? lecture de Mécaniques du chaos renvoie également au triptyque de l'Académicien Amin Maalouf : Les identités meurtrières, le dérèglement du monde et le récent La chute des civilisations.

Beaucoup de réflexions, par conséquent, attendent le lecteur de ce roman d'une grande qualité tant narrative que de fond. Je ne peux qu'imaginer la somme documentaire et le travail de recherche qu'a dû réclamer l'écriture de ce livre. Un ouvrage nécessaire qui permet via des personnages de fiction de mieux comprendre la situation actuelle sur de multiples plans, à commencer le fondamentalisme djihadiste et ses réseaux.
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En écrivant Mécaniques du Chaos, Daniel rondeau, signait non seulement un roman sur notre histoire contemporaine, mais aussi un panorama original et très fouillé du terrorisme d'origine principalement djihadiste, déjà un grand livre de référence.


J'imagine la masse des archives que Daniel Rondeau a dû explorer, pour ne pas se limiter à des événements récents, pour éviter les amalgames, pour ne pas tomber dans le spectaculaire, mais pour ancrer son récit dans l'histoire la plus ancienne de ces terres du proche et du Moyen-Orient.


L'ancrage de Mécanique du Chaos, passe aussi par le choix de certaines villes ou lieux particuliers où se sont déroulés des événements symboliques, ou prémonitoires. On découvre par exemple l'île de Malte mais aussi Sétif, Kobané, Carthage, des lieux et des villes où des peuples se sont croisés et recroisés, dans la haine, le partage ou l'indifférence.


La qualité du récit vient sans doute du choix des personnages qui vont devenir au fil des pages des acteurs attachants pour lesquels Daniel rondeau sera en total empathie. Je pense notamment au vieil homme de Sétif, Bouhadiba fasciné par les recherches archéologiques, et qui garde pour la France une profonde tendresse, je pense à Harry celui qui deviendra l'indic privilégié du grand patron Lambertin, je pense à cette jeune femme sauvée, après un naufrage sur une plage de Malte, Habiba, qui n'aura pas eu la chance d'épargner son frère.


Habiba ou Noelle à qui est dédié ce livre.

Il faut se rappeler dans le détail le déclenchement des événements de Sétif, quand pendant une manifestation populaire pour la paix, seuls les drapeaux français ou des pays alliés étaient autorisés, Saâl Bouzid, 26 ans, brandit un drapeau algérien, signe indépendantiste.
Il sera abattu.
Daniel rondeau nous parle des documents d'archive où les européens furent massacrés de façon insoutenable, et de la riposte sanglante qui a suivi dans les populations indigènes, à "l'effroi, l'incompréhension, la stupeur', page 298, suivent ces mots, "la France n'a pas lésiné non plus sur les atrocités," page 299.


Et pourtant sur ce même territoire des populations venues de multiples horizons ont cohabité avec d'autres populations, comme à Sétif en témoignent les fouilles ( des fresques du 6ème siècle mises à jour , page 101) , conduites par Grimoud, que suivait le grand homme émacié Bouhadiba.
Pourquoi le geste d'un extrémiste, en1945, justifie la guerre sainte et le djihad en 2018 ?

La lucidité de Daniel Rondeau est de poser ces jalons, de rappeler les faits, et de décrire la complexité de notre monde où classer, juger, condamner est aussi dérisoire que de vouloir faire passer un chameau, fut-il de Sétif, par le chas d'une aiguille.
L'autre grande leçon de l'ouvrage de Daniel Rondeau est d'avoir, bien démontré
que derrière le terrorisme, se cache la corruption, une lutte sans merci pour le pouvoir.


La mécanique du chaos, se développe, s'insinue, dans toutes les failles de nos sociétés, à travers toutes les dérives de dirigeants corrompus, animateurs de leur propres réseaux de corruption.
Aucun pays ne peut se croire à l'abri de ces trafics maffieux, ou la finance en col blanc, celle qui achète à bon compte les trésors du passé, flirte allègrement avec des chefs Djhadistes sans scrupules, ou de mouvances diverses.


Entre une France souvent déboussolée, et ses friches urbaines où règnent trafics et délinquance, et les états du Sud en déliquescence comme la Syrie ou la Libye, une mauvaise graine se propage.

Dans ce climat en jachère, à travers une fiction trépidante, menée par deux flics, Bruno et Lambertin, et leur fidèle compagnon chercheur Grimaud, Daniel Rondeau a bâti depuis une banlieue fictive, qui a pour nom Taurbeil-Tarte et son Patron mafieux M'Bilal, un fabuleux thriller, qui vous tient en haleine, et vous fait voyager d'Istanbul à Tanger d'Alexandrie à Tripoli en passant par Malte, et pour aboutir à la fameuse Villa fantôme.

Je suis sorti de ce livre groggy, comme d'un véritable combat, pour savoir qui allait sauver sa peau. Ce livre est un peu un sésame, un pass, une clé indiscutable, non pour tout comprendre, mais pour mieux se déplacer, dans ce labyrinthe aux multiples senteurs, souvent nauséabondes, aujourd'hui le terrorisme.

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Une archéologie de notre époque finissante, puisqu'elle a égaré le secret de la vie.
Tout commence avec une citation d'Honoré de Balzac tirée de son roman « le père Goriot » « Ah! sachez-le: ce drame n'est ni une fiction, ni un roman. All is true, il est si véritable, que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son coeur peut-être. » Si les personnages crées par Daniel Rondeau sont de pures fictions, la loi de la jungle devenue mondiale est bien réelle, et le tableau qu'il en tire, est apocalyptique. On ne veut pas croire que nous campons sur une bombe à retardement, entre « Soumission » de Houellebecq et « Katiba » de Rufin. Sur fond de chaos intégral : culturel, langagier et comportemental. 1984, d'Orwell, à côté de cela passe pour une lecture académique. Mécaniques du chaos a obtenu le Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2017.
Grimaud, le narrateur principal est un archéologue spécialiste de Leptis Magna, une des villes importantes de la république de L'ancienne Carthage, déclarée Site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1982. Grimaud est porteur des multiples expériences de l'écrivain et de l'ancien diplomate. Son moteur personnel est fait de plusieurs facettes qui raniment le courage, la probité, l'émerveillement, la joie et l'énergie. Laissant la truelle et le pinceau, à lui de rebâtir une fresque de notre époque, sorte de tapisserie où l'on prend de plein fouet la vue d'ensemble mais aussi les mille et un détails. En particulier, un de ces « détails » de l'HISTOIRE qui a sombré dans l'oubli. le 8 mai 1945, à Sétif, une manifestation nationaliste est autorisée dans la liesse de la fin de la deuxième guerre mondiale. Dès 8h à plus de 10 000 personnes envahissent les rues et défile avec des drapeaux des pays alliés. Vers 8 h 45, tout dérape. Des pancartes « Vive l'Algérie libre et indépendante » surgissent. En tête de la manifestation, Aïssa Cheraga, chef d'une patrouille de scouts musulmans, arbore un drapeau vert et rouge. Un jeune s'empare du drapeau mais est abattu par un policier. L'émeute fait dans les deux camps de nombre de morts et de blessés. Dans le même temps, des émeutes éclatent aux cris du « djihad » dans la région montagneuse. Des fermes européennes isolées et des maisons forestières sont attaquées et leurs occupants assassinés, dans des conditions atroces… Voilà ! le mot et lancé ! La force de destruction du djihad est sortie de la boîte de Pandore. le fardeau de ces événements est porté humblement par un personnage émouvant du roman: Bouhadiba, ancien pied noir. » On revoit aussi les avions du 11 Septembre, ce Pearl Harbour du djihad?
Chaque époque n'est-elle qu'une succession de cercles dans l'eau? Passant par les guerres puniques, Daniel Rondeau retrouve la pierre fatale sur laquelle sont gravés les massacres de Sétif. Grimaud, l'archéologue examine le terreau qui a engendré cette mécanique du chaos, le terrorisme islamique, dont on ne parlait pas il y a 40 ans. Il braque l'éclairage sur d'autres mécaniques délétères : l'absence de repères, le nihilisme général engendré par la destruction du paysage spirituel de l'Europe après le passage destructeur du nazisme et du communisme dont nos générations ne sont toujours pas remises. Mais comment pourrions-nous encore rayonner en 2016, si on ne croit pas en soi? Sans l'eau de l'histoire, de la poésie et de la culture… peu d'espoir est permis ! « Je suis Habiba et je vis… »

En rassemblant les points de vue des nombreux personnages du roman, tous des naufragés, de la journaliste française et petite amie de Kadhafi à l'étudiante bretonne anarchiste passée par la prostitution de luxe, la mosaïque s'éclaire. le délitement des valeurs familiales a aussi créé l'absence de repères. Bruno, le policier anti-terroriste flotte dans sa vie, perdu par son divorce et l'éloignement de ses filles. La peinture de l'époque passe par la sphère toute puissante de l'argent qui a englouti notre planète et ses états de droit avec tous les trafics illicites du trafic humain, migrants et esclaves, à celui des oeuvres d'art millénaires, à celui de la drogue, et jusqu'aux détrousseurs de cadavres dans les hôpitaux. Assiste-ton à la « grosse domination du sabre sur l'esprit ? »
L'écriture se fait à coups de sabre, de déflagrations, de valse d'informations aussitôt interrompue, dans un immense zapping mondial de la violence. Comment, à travers les cascades d'événements sans transition, et les lieux brûlants d'actualité ne pas se retrouver piégé par la barbarie, cloué d'angoisse, stupéfait devant les personnages déboussolés, aux quatre coins de la Méditerranée, notre berceau millénaire devenu fosse commune. Autour de Malte, il n'y a qu'un pas pour la Lybie, la Tunisie, la Somalie, Istanbul… Et puis la frileuse Europe aux fondements dévastés se déploie, fragilisée par la corruption et le crime, de Londres, à Paris, au Quai Matignon et dans une banlieue infecte nommée Taurbeil-Paradis la Grande Tarte. Au début les images et les personnages sont bien difficile à suivre et on se perd dans les cercles de l'enfer… Puis la mosaïque contre la domination du sabre sur l'esprit, prend forme et on ne lâche plus le livre, de peur de perdre le fil infernal! Et au passage, -ouf!- on se permet de savourer les apartés de l'archéologue, Grimaud, qui n'est avare ni de recul, ni d'érudition, ni de sagesse. « Les peuples se font et se défont de leur énergie propre s'engendrant de leur âme et de leurs actes incessants pendant que le temps s'écoule à son rythme imperturbable. » comme disait Michelet.
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Un roman dont la lecture requiert beaucoup de concentration ! Malte, la Tunisie, la Libye, la banlieue parisienne, l'auteur nous entraine dans des pays – hauts lieux stratégiques - où se côtoient islamistes, délinquants, hommes d'affaires et diplomates.
C'est autour du narrateur - Sébastien Grimaud, archéologue d'une soixantaine d'années - que l'intrigue se tisse. Il vit avec Rim, une jeune femme tout juste sortie de l'adolescence, en Tunisie et se laisse approcher par le fils d'une de ses anciennes connaissances pour évaluer des antiquités d'Irak et de Syrie, sorties illégalement du territoire pour être vendues à de riches collectionneurs dans le monde entier. Ecoeuré par ce commerce, amoureux qu'il est de l'Histoire et de ses héritages, il compte bien dénoncer ces agissements aux autorités concernées.
C'est le point de départ d'une course haletante pour identifier des terroristes et déjouer des attentats. Daniel Rondeau nous fait sauter d'un pays à l'autre, d'un personnage à l'autre (et ils sont nombreux !) avec de courts chapitres qui rythment efficacement le roman : on est entraîné dans ce tourbillon, attristé de la réalité dépeinte : islamisation des cités qui fleurit sur l'humiliation faite aux parents des jeunes radicalisés ; argent sale et complaisance (ou angélisme) des hommes politiques, vies détruites par une violence sociale et économique sans limite. On ne découvre rien mais l'habileté de l'auteur à mettre en lumière les faits, les liens, les stratégies rend le tableau éprouvant. Tout est dans le titre du roman (que j'aime beaucoup) ; un monde empli de bruits, de confusion et de désordre.
Certains des personnages sont terriblement attachants - Habiba, Harry, Bruno - et on espère au fil des pages une issue heureuse à la triste aventure dans laquelle ils sont embarqués. Tous les ingrédients sont réunis pour que ce thriller politique se lise de façon addictive.
Pour autant, ce n'est peut-être pas la lecture détente dont on aurait besoin en cette période inédite de confinement 😔!
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critiques presse (2)
Actualitte
14 avril 2020
Dans quelle mesure l’expérience de la guerre a-t-elle influencé son œuvre future ? C’est la question que se sont posés Emmanuel Beaudry et Corentin Lecorsier, tous deux originaires de la Somme qui fut le théâtre de la bataille la plus meurtrière de la Première Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
29 septembre 2017
Daniel Rondeau croit au pouvoir des mots. Sa fresque crépusculaire et polyphonique brasse l'histoire et l'actualité, interrogeant les dérèglements de notre société.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
L'année qui venait de s'écouler n'était qu'une poussière dans l'infini des jours, mais nous avions pu mesurer son impact sur nos existences minuscules. Nous évoluions dans les mêmes paysages, les mêmes émotions revivaient en nous, mais nous étions différents. De tels retours en arrière sont peut-être nécessaires pour prendre la mesure de nos métamorphoses, que le quotidien maquille avec habileté dans les pages de notre calendrier intérieur, et comprendre à quel point nous sommes dans la main du temps des marionnettes changeantes, presque frivoles parfois. (p445)
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De retour avec une carafe de citronnade et trois verres, elle s’exprime avec un léger accent allemand. Elle porte une robe jaune, assez courte, échancrée aux épaules, qui met en valeur un bronzage satiné et des jambes interminables. Bruno transpire dans son fauteuil, fatigué par la chaleur et déconcerté par cette sirène blonde. Sur cette île, avec les femmes, je vais de surprise en surprise. Jamais je n’avais imaginé que ça ressemblait à ça, une femme de pêcheur, j’en suis toujours aux femmes en noir de l’île de Sein.
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Il est facile d’imaginer combien les Libyens se sont emmerdés sous Kadhafi. La plupart ne travaillaient pas, ou très peu, ils recevaient les subsides du pétrole, avaient de quoi vivre, manger, des HLM pour abriter leur famille, des parcs pour passer leurs journées à pique-niquer, et pas de liberté, si ce n’est celle de balancer massivement leurs ordures par la fenêtre. Des milliers de sacs d’ordures, poussés par le vent, s’éparpillaient sur la côte, s’accrochaient aux arbres et dessinaient des fleurs de plastique dans le paysage. Maintenant ils se terrent. La rue est dangereuse. Je n’ai même pas pu passer devant la résidence où l’ambassadeur nous recevait parfois le week-end.
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J’avais appris à me méfier de ces amazones du journalisme parisien qui entretenaient alors des relations privilégiées avec des tyranneaux ordinaires et ne manquaient jamais de vanter leurs mérites. J’avais croisé à l’Institut français de Damas une journaliste française, très proche d’Hafez el-Assad. Ses analyses et ses reportages, publiés dans un journal pourtant attendu chaque soir par ses lecteurs comme les Tables de la Loi, participaient à une vaste entreprise de désinformation mondiale.
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Bruno l'a rarement entendu évoquer ses débuts. Il a essayé de le questionner, mais Lambertin reste avare de confidences. Cet "âge d'or" semblait frappé du poinçon de ses maîtres, qui avaient été chargés de lutter contre l'OAS.
"ça ne rigolait pas. De Gaulle leur avait demandé de mettre le paquet. Ils ont fait le boulot, sans état d'âme, on y croyait, en ce temps-là, et ils savaient qu'ils seraient couverts. Il y avait de la loyauté."

L'ancien professeur sait bien que la France, comme tous les pays, et sans doute plus que les autres, a ses hauts et ses bas. Avant, les désastres finissaient par des résurrections. Même l’Algérie, on s’en est sortis. Maintenant, c’est autre chose, les gens ne savent plus ce qu’ils veulent, Lambertin a raison, il n’y a plus de loyauté, tout le monde est flou, les aruspices des instituts de sondage interprètent des chiffres mystérieux. Les réseaux sociaux fabriquent du brouillard.
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Vidéo de Daniel Rondeau
Daniel Rondeau vous présente son ouvrage "Arrière-pays" aux éditions Grasset. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2254081/daniel-rondeau-arriere-pays
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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