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Critique de mumuboc


Belle surprise que ce roman. Quand on me l'a remis, bof bof, j'avais lu et entendu du négatif lorsqu'il avait reçu le Prix du Roman de l'Académie Française 2017 (peut-être parce qu'un autre roman était plus pressenti !) et il était sur la liste des livres qui ne me faisait pas du tout envie.  Comme quoi il faut parfois sortir de sa zone de confort et se faire sa propre opinion.

Déjà l'année dernière j'avais beaucoup aimé le Dernier des Nôtres d'Adélaïde de Clermont Tonnerre qui avait reçu également ce prix, serait-ce un critère pour moi de livre à découvrir.....

Le récit se découpe en 4 parties + 1 épilogue (1 an après).

Dans la première "Petit monde" il s'agit de la mise en place des différents personnages et des lieux : Paris et sa banlieue, Malte, Tunisie, Turquie, Lybie, Somalie, Éthiopie etc.... Chaque partie est ensuite découpée en chapitres indiquant le lieu, la ville, le pays et heureusement car je ne vous cache pas qu'on voyage énormément dans ce récit...

Dans la deuxième partie "La dolce vita est terminée" tout est dit dans le titre: les rouages se mettent en place. Tout doucement, progressivement, les uns et les autres se révèlent, se rencontrent, se croisent. Les dessins se précisent : banlieue, trafic, terrorisme, vente illégale de trésors culturels, immigration, mais aussi amour, deuil, rencontre etc....

Dans la troisième partie "l'amour, la mort, les mots" on s'enfonce et l'on découvre les vrais visages, les vrais buts, la noirceur et les complicités.

Dans la quatrième partie "Blues March" : c'est le final, violent parfois, mais aussi des histoires qui se construisent, rien n'est acquis, on est parfois déstabilisé, surpris.

L'épilogue : "1 an après" nous permet de connaître le destin de certains, d'autres .....

Comment de petits trafiquants de banlieue se retrouvent impliqués dans le terrorisme, comment un archéologue de renom va être contacté par les services secrets afin de comprendre et mettre fin à la vente de trésors historiques par des groupuscules terroristes à des fins d'enrichissement ou de financement d'attentat, comment un chargé d'affaires ambitieux va manipuler, comment une jeune immigrée échouée va se trouver mêlée à un trafic liant une journaliste (ancienne maîtresse du Guide de Lybie), d'un chef de service secret en plein divorce, d'un archéologue traumatisé par la mort de sa femme, son amour de jeunesse, d'un petit délinquant de banlieue qui se cherche une famille, des repères, qui tente de survivre dans la jungle et se trouvera grâce à son intelligence et à sa poésie etc....

On ne choisit pas son époque, chacune a ses mauvais côtés, mais si nous voulons survivre, il faut aller chercher l'argent là où il se trouve.(p267)

Oui c'est un peu déroutant par la multitude de personnages, de lieux mais on comprend mieux comment fonctionnent les différents milieux : politique, affaires, délinquance, policier et journalistique,  comment ils sont mêlés, impliqués. Ils sont toutes les petites mécaniques qui permettent à la toile de se tisser et d'aboutir aux actes de terrorisme.

On sent le travail du journaliste derrière, sa bonne connaissance du monde diplomatique et des différents pays. L'écriture est agréable, fluide. Il faut simplement passer les premières pages où l'on se perd à travers tous ces personnages, sans lien apparent entre eux, arriver à les mémoriser (d'où l'utilité de noter leurs noms, lieux et fonctions pour s'y retrouver). Cela se lit comme une enquête dans la partie noire de notre monde mais avec des petites trouées d'espoir, de soleil par la présence de certains (Harry, Habiba, Jeannette). 

Un récit sur notre monde, sur son fonctionnement, où rien n'est tout blanc, ni tout noir, où le mal et la corruption règnent mais aussi la désespérance, la vengeance par rapport à des plaies anciennes jamais refermées.

Je ne suis pas spécialement attirée par ce genre de récit mais il permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure, que les faits révélés par les médias ne sont qu'une toute petite partie de l'iceberg et que derrière il y a toute une mécanique, implacable, faite de rouages individuels avec un passé, un présent et peut-être un futur. Un rouage se grippe et la face du monde peut s'en trouver changer.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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