Au fond, pendant toute ma vie de photographe, ce sont des moments tout à fait aléatoires que j'aime retenir. Ces moments savent me raconter bien mieux que je ne saurait le faire. Ils expriment mon regard, ma sensibilité. Mon autoportrait, ce sont mes photographies. A chaque photo, il pouvait se passer quelque chose comme il pouvait rien ne se passer. Ma vie a été un pavé de déceptions mais aussi d'immenses joies. Je voudrais ne retenir que ces moments de joies qui consolent de tous les autres. Quand la vie furtivement vous fait un signe de reconnaissance, vous remercie. Il y a alors une grande complicité avec le hasard, que l'on ressent profondément. Alors, on le remercie aussi. C'est ce que je nomme la joie de l'imprévu. Des situations minuscules, comme des têtes d'épingles. Juste avant, il n'y avait rien, et juste après, il n'y a plus rien. Alors il faut toujours être prêt.