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Citations sur Les oeuvres poétiques (19)

A Cupidon

Le jour pousse la nuit,
Et la nuit sombre
Pousse le jour qui luit
D'une obscure ombre.
L'Automne suit l'été,
Et l'âpre rage
Des vents n'a point été
Après l'orage.
Mais le mal nonobstant
D'amour dolente
Demeure en moi constant
Et ne s'alente.
Ce n'était pas nous, Dieu,
Qu'il fallait poindre,
Ta flèche en autre lieu
Se devait joindre.
Poursuis les paresseux
Et les amuse,
Mais non pas moi ni ceux
Qu'aime la Muse.
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Comme un chevreuil, quand le printemps destruit
L’oyseux crystal de la morne gelée,
Pour mieulx brouster l’herbette emmielée
Hors de son boys avec l’Aube s’en fuit,

Et seul, et seur, loing de chiens et de bruit,
Or sur un mont, or dans une vallée,
Or pres d’une onde à l’escart recelée,
Libre follastre où son pied le conduit ;

De retz ne d’arc sa liberté n’a crainte,
Sinon alors que sa vie est attainte,
D’un trait meurtrier empourpré de son sang :

Ainsi j’alloy sans espoyr de dommage,
Le jour qu’un oeil sur l’avril de mon age
Tira d’un coup mille traitz dans mon flanc.
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Donne moy tes presens en ces jours que la Brume

Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
Fait les plus courts de l'an, ou de ton rameau teint
Dans le ruisseau d'Oubly dessus mon front espreint,
Endor mes pauvres yeux, mes gouttes et mon rhume.

Misericorde ô Dieu, ô Dieu ne me consume
A faulte de dormir, plustost sois-je contreint
De me voir par la peste ou par la fievre esteint,
Qui mon sang deseché dans mes veines allume.

Heureux, cent fois heureux animaux qui dormez
Demy an en voz trous, soubs la terre enfermez,
Sans manger du pavot qui tous les sens assomme :

J'en ay mangé, j'ay beu de son just oublieux
En salade cuit, cru, et toutesfois le somme
Ne vient par sa froideur s'asseoir dessus mes yeux.
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Le jour pousse la nuit,
Et la nuit sombre
Pousse le jour qui luit
D'une obscure ombre.

L'Autonne suit l'Esté,
Et l'aspre rage
Des vents n'a point esté
Apres l'orage.

Mais la fièvre d'amours
Qui me tourmente,
Demeure en moy tousjours,
Et ne s'alente.

Ce n'estoit pas moy, Dieu,
Qu'il falloit poindre,
Ta fleche en autre lieu
Se devoit joindre.

Poursuy les paresseux
Et les amuse,
Mais non pas moy, ne ceux
Qu'aime la Muse.

Helas, delivre moy
De ceste dure,
Qui plus rit, quand d'esmoy
Voit que j'endure.

Redonne la clarté
A mes tenebres,
Remets en liberté
Mes jours funebres.

Amour sois le support
De ma pensée,
Et guide à meilleur port
Ma nef cassée.

Tant plus je suis criant
Plus me reboute,
Plus je la suis priant
Et moins m'escoute.

Ne ma palle couleur
D'amour blesmie
N'a esmeu à douleur
Mon ennemie.

Ne sonner à son huis
De ma guiterre,
Ny pour elle les nuis
Dormir à terre.

Plus cruel n'est l'effort
De l'eau mutine
Qu'elle, lors que plus fort
Le vent s'obstine.

Elle s'arme en sa beauté,
Et si ne pense
Voir de sa cruauté
La récompense.

Monstre toy le veinqueur,
Et d'elle enflame
Pour exemple le coeur
De telle flame,

Qui la soeur alluma
Trop indiscrète,
Et d'ardeur consuma
La Royne en Crète.
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Plus dur que fer j'ay fini mon ouvrage,
Que l'an, dispos à demener les pas,
Que l'eau, le vent ou le brulant orage,
L'injuriant, ne ru'ront point à bas.
Quand ce viendra que le dernier trespas
M'assoupira d'un somme dur, à l'heure
Sous le tombeau tout Ronsard n'ira pas,
Restant de luy la part qui est meilleure.

Tousjours, tousjours, sans que jamais je meure,
Je voleray tout vif par l'univers,
Eternisant les champs où je demeure,
De mes lauriers fatalement couvers,
Pour avoir joint les deux harpeurs divers
Au doux babil de ma lyre d'yvoire,
Que j'ay rendus Vandomois par mes vers.

Sus donque, Muse, emporte au ciel la gloire
Que j'ay gaignée, annonçant la victoire
Dont à bon droit je me voy jouissant,
Et de ton fils consacre la memoire ;
Serrant son front d'un laurier verdissant.
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Ce me sera plaisir, Genèvre, de t'écrire,
Étant absent de toi, mon amoureux martyre...
J'ai certes éprouvé par mainte expérience,
Que l'amour se renforce et s'augmente en l'absence,

Ou soit en rêvassant le plaisant souvenir,
Ainsi que d'un appât la vienne entretenir,
Ou soit les portraits des liesses passées
S'impriment dans l'esprit de nouveau ramassées ;

Soit que l'âme ait regret au bien qu'elle a perdu,
Soit que le vide corps plus plein se soit rendu,
Soit que la volupté soit trop tôt périssable,

Soit que le souvenir d'elle soit plus durable.
Bref, je ne sais que c'est ; mais certes je sais bien
Que j'aime mieux absent qu'étant près de mon bien...
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Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
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Comme un chevreuil , quand le printemps détruit
Du froid hiver la poignante gelée,
Pour mieux brouter la feuille emmiellée,
Hors de son bois avec l'aube s'enfuit;
.....
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Marie, vous avez la joue aussi vermeille
Qu’une rose de mai, vous avez les cheveux
De couleur de châtaigne, entrefrisés de noeuds,
Gentement tortillés tout autour de l’oreille.

Quand vous étiez petite, une mignarde abeille
Dans vos lèvres forma son doux miel savoureux,
Amour laissa ses traits dans vos yeux rigoureux,
Pithon vous fit la voix à nulle autre pareille.

Vous avez les tétins comme deux monts de lait,
Qui pommellent ainsi qu’au printemps nouvelet
Pommellent deux boutons que leur châsse environne.

De Junon sont vos bras, des Grâces votre sein,
Vous avez de l’Aurore et le front, et la main,
Mais vous avez le coeur d’une fière lionne.
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Contente-toi d’un point :
Tu es, je n’en mens point,
Trop chaude à la curée ;
Un coup suffit, la nuit,
L’ordinaire qui suit
Est toujours de durée.

De reins faibles je suis,
Relever je ne puis :
Un cheval de bon être,
Qui au montoir se plaît,
Sans un nouveau surcroît
Porte toujours son maître.

Le nombre plus parfait
Du premier un se fait,
Qui par soi se compose ;
La très simple unité,
Loin de la pluralité
Conserve toute chose.

Le Monde sans pareil
Ne porte qu’un Soleil,
Qu’une Mer, qu’une Terre,
Qu’une eau, qu’un Ciel ardent :
Le nombre discordant
Est cause de la guerre.

Ma mignonne, crois-moi :
Mon cas n’est pas mon doigt,
Quand je puis il me dresse ;
Tant de fois pigeonner,
Enconner, renconner,
Ce sont tours de jeunesse.

Mon cheveu blanchissant
De mon coeur va chassant
La force et le courage ;
L’Hiver n’est pas l’Eté :
J’ai autrefois été,
Tu seras de mon âge.

Hier, tu me bravas,
Couchée entre mes bras :
Je le confesse, Bure,
J’eusse été bien marri,
Au règne de Henri,
D’endurer telle injure.

Lors qu’un printemps de sang
M’échauffait tout le flanc
A gagner la victoire,
Bien dispos, je rompais
Huit ou neuf fois mon bois…
Maintenant, il faut boire !

Ne ressemble au goulu,
Qui son bien dissolu
Tout à la fois consomme :
Cil qui prend peu à peu
L’argent qui lui est dû,
Ne perd toute la somme.

Sois donc soûle de peu ;
De peu l’Homme est repu :
Celui qui, sans mesure,
Le fait et le refait,
Ménager il ne sait
Le meilleur de Nature.

Au lieu que l’inconstant
Jouvenceau le fait tant,
Trop chaud à la bataille ;
Demeurons plus longtemps,
Qu’un de nos passetemps
Quatre d’un autre en vaille.

Il faut se reposer,
Se tâter, se baiser,
D’un accord pitoyable
Faire trêve et paix :
Souvent, les petits mets
Font durer une Table.

Ne fronce le sourcil :
Si tu le veux ainsi,
Bure, tu es servie ;
Je veux, sans m’abuser,
En me jouant, user
Et non perdre la vie.
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