Le mieux est l'ennemi du chien

« (Leon Rooke) est un écrivain passé ceinture noire dans l'art de dépeindre les petites tragédies quotidiennes qui rompent les os sans laisser de blessures apparentes. (…) C'est aussi un écrivain à la voix si cinglante et si personnelle qu'il peut changer votre vie tandis que vous êtes occupés à rire. »
Voilà ce que dit de Leon Rooke (excusez du peu) : le grand Russel Banks….
Leon Rooke n'est pas très connu en Europe et il est bien regrettable que sa notoriété ne dépasse guère les limites du continent Nord-Américain. La critique n'hésitant pas à le comparer à William Faulkner et Flannery O'Connor.
Au travers de 17 nouvelles explorant des univers très variés, Leon Rooke emporte le lecteur dans son monde, un monde très particulier qui ne ressemble à aucun autre.
Le meurtre est souvent présent, la misère également, mais aussi les relations si compliquées entre parents et enfants dans lesquelles l'amour peut se transformer en haine. La vie de couple est disséquée avec un cynisme aussi singulier que juste. L'auteur nous balade sur une gamme variée de sentiments humains, la vanité, l'amour, la folie, la lâcheté, l'égoïsme…
Quelques nouvelles appartiennent carrément au genre fantastique. La dernière est particulièrement touchante.
L'écriture est tout simplement magnifique, magique, quelquefois dense et profonde à tel point que l'on a l'impression de se noyer sous une pression monumentale, quelquefois légère presque aérienne…
Cet auteur a véritablement été pour moi une découverte surprenante de par son originalité et sa plume unique.
Si vous avez envie d'être étonné et envouté, n'hésitez pas à déguster ce recueil comme un cocktail surprise un soir de printemps, mais confortablement installé quand même, il y a quelques secousses…

Le recueil de nouvelles est un genre peu prisé par les lecteurs français, c'est du moins ce que certains en disent. Pourtant ce n'est pas un exercice simple que de conter une histoire, faire passer un flot de sentiments dans un texte court. Certains auteurs s'y sont frottés et bien souvent avec talent mais ils restent marginaux et c'est bien dommage.
Léon Brook est un spécialiste de ce genre et il y dissèque avec un humour décapant la nature humaine. Les brutes, les machos, mais aussi les tendres, les solitaires. Les piailleuses, les cruelles, les tueuses, les paumées, mais aussi douces et les sensuelles. Les gosses voyeurs, teignes et petits malheureux. Tout ce beau monde se retrouve dans le mieux est l'ennemi du chien, le " best of " des nouvelles de Leon Rooke.