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EAN : 9782757899601
384 pages
Points (18/08/2023)
3.51/5   690 notes
Résumé :
Alice, une jeune romancière ayant connu un succès fulgurant, quitte Dublin pour s’installer dans un village d’Irlande. Elle fait la connaissance de Felix sur un site de rencontres. Eileen, la meilleure amie d’Alice, préfère rester dans la capitale et travaille pour un magazine littéraire. Elle renoue avec Simon, un copain d’enfance qui n’a jamais caché son attirance pour elle. Malgré la distance, Alice et Eileen se parlent presque tous les jours, ou plutôt elles s’é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (105) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 690 notes
Le nouvel opus de Sally Rooney, auteure à succès de « Conversations entre amis » et de « Normal People » est un roman épistolaire dans lequel Alice et sa meilleure amie Eileen s'échangent de longs e-mails qui succèdent aux missives d'antan.

Alice, écrivaine qui a connu un succès fulgurant, se remet d'une longue dépression dans un petit village irlandais où elle rencontre Felix, un manutentionnaire qui ignore tout de sa célébrité.

Eileen, qui approche comme Alice de la trentaine, travaille pour un salaire dérisoire dans un magazine littéraire de Dublin, et vient de renouer avec le beau Simon, assistant parlementaire qu'elle connaît depuis l'enfance.

Si le parcours d'Alice évoque inévitablement celui de l'auteure, le roman n'emprunte pas au registre de l'auto-fiction si prisé par les auteurs français. le style marqué par des phrases très courtes privilégie l'efficacité au détriment d'une forme de poésie dont l'auteure regrette à juste titre la disparition.

Roman immobile, dénué de réelle intrigue, le livre de Sally Rooney mêle les confidences intimes et de longues digressions « philosophiques ». « Où es-tu monde admirable ? » est un roman contemporain doux-amer, qui tente de saisir les angoisses existentielles de l'époque, au travers de la correspondance entre deux amies aussi attachantes qu'exaspérantes.

La relation « je t'aime, moi non plus » entre Eileen et le trop parfait Simon finit par lasser tout comme la multiplication de scènes de sexe très « anglo-saxonnes » où chacun des partenaires verbalise tour à tour sa demande et son consentement.

La rencontre improbable entre Alice, romancière que le succès a failli briser, et Félix, qui malgré ses fêlures apparaît comme le personnage le plus authentique du livre, semble moins convenue et offre un semblant de souffle romanesque au dernier opus de Sally Rooney.

Les états d'âmes des deux amies sont marqués par une forme de nombrilisme, mêlé à un sentimentalisme qui paraît parfois un peu surfait. Les deux héroïnes évoquent ainsi deux enfants gâtées se complaisant dans un examen introspectif sans fin de leurs sentiments respectifs.

Certaines réflexions frappent toutefois par leur justesse, notamment lorsqu'Alice évoque à quel point le renoncement à la Beauté de notre civilisation happée par le fonctionnalisme, est le signe de sa décadence. La fulgurance de ces digressions sur la vacuité de la célébrité, sur les signes annonciateurs de la fin de notre Civilisation ainsi que sur le message d'un christianisme en voie d'extinction confèrent au roman une forme de supplément d'âme.

« Où es-tu monde admirable ? » est un ouvrage déroutant, qui subjugue son lecteur par sa finesse et son ambition autant qu'il l'exaspère par l'introspection parfois geignarde de ses héroïnes.

Dans son dernier livre, Sally Rooney nous propose un roman en forme de miroir d'une époque désenchantée. Malgré ses imperfections, « Où es-tu monde admirable ? » est sauvé par la justesse du regard désabusé que portent ses personnages sur un monde abandonné par la transcendance.
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« Si tu n'étais pas mon amie, je ne saurais pas qui je suis. »

Alice, Eileen, Simon, Felix : deux femmes, deux hommes réunis dans un quatuor d'amitié et d'amour, à moins que cela ne soit l'inverse. Liés de longue date ou plus récemment, et arrivés au coeur de la trentaine, l'heure est à l'interrogation sur le véritable passage à l'âge adulte, forts des expériences déjà passées, mais inquiets devant la tournure prise par l'époque.

Dans Où es-tu, monde admirable (Quel titre, où la traduction légèrement différente du vers allemand d'origine ou du titre britannique fait une sacrée différence - Bravo Laetitia Devaux), Sally Rooney nous plonge dans le tourbillon existentiel de deux amies d'enfance, que la vie a malmenées sans pour autant les séparer.

Alice, romancière à succès, qui a tant souhaité la célébrité qu'elle la subit maintenant qu'elle est là : « Je suis consciente de l'extraordinaire privilège de pouvoir gagner ma vie avec quelque chose d'aussi inutile, par définition, que l'art. » Et Eileen, assistante littéraire à la vie solitaire comme le fut son enfance avant qu'elle ne rencontre Alice puis Simon. Peu de choses en commun, excepté leur jeunesse, les souvenirs, leurs échanges sur leurs amours respectifs. L'amitié, quoi…

En racontant ces tournants de vie, Sally Rooney ne se contente pas d'explorer les états d'âmes de ces jeunes trentenaires (dont je suis parfois resté spectateur), mais à travers elles, raconte à voix haute les travers de notre siècle. Et là, c'est absolument délicieux ! Car tout y passe. Florilège, non exhaustif :

La course à la célébrité : « Les gens qui deviennent célèbres parce qu'ils le veulent – je parle des gens qui, après avoir goûté à la gloire, en redemandent – sont, et je le crois en toute sincérité, psychologiquement malades. »

La vacuité de beaucoup de combats à mener : « J'ai envie de vivre autrement, ou s'il le faut, de mourir pour que d'autres puissent un jour vivre autrement. Mais quand je cherche sur Internet, je ne vois pas beaucoup d'idées qui vaillent la peine de mourir. La seule qu'on y trouve, il faut croire, c'est qu'on devrait contempler l'immense misère humaine qui s'étale sous nos yeux et se contenter d'attendre que les moins malheureux et les moins opprimés nous disent comment y remédier. Comme si on croyait que les conditions de l'exploitation génèreront miraculeusement une solution à l'exploitation. »

Les auteurs contemporains et leurs travers « hors sol » : « Pourquoi prétendent-ils être obsédés par la mort, le deuil ou le fascisme alors qu'en réalité, ils sont obsédés par la question de savoir si leur dernier livre va être chroniqué par le New York Times ? (…) « Ils rentrent chez eux après un week-end passé à Berlin, quatre interviews, trois séances photos, deux rencontres à guichets fermés, trois long dîners agréables où tout le monde s'est plaint de mauvaises critiques, et ils ouvrent leur vieux MacBook pour écrire un petit roman bien senti sur “la vie ordinaire“. Je ne dis pas ça à la légère : ça me donne la nausée. »

Les comportements sexuels « Honnêtement, je me dis que si tout homme qui s'est un jour mal comporté dans un contexte sexuel devait mourir demain, il en resterait environ onze sur terre. Et pas que les hommes. Les femmes, les enfants, tout le monde. Là où je veux en venir, c'est sans doute à ça : Et si ce n'était pas seulement un petit nombre de personnes malveillantes qui craignaient que leurs mauvaises actions soient exposées ? Si c'était notre cas à tous ? »

La laideur de l'époque « Ma théorie, c'est que les humains ont perdu le sens de la beauté en 1976, l'année où le plastique est devenu le matériau le plus utilisé au monde. »

Le pardon : « On déteste les gens à cause de leurs erreurs tellement plus qu'on ne les aime pour avoir bien fait, que la façon la plus simple de vivre est de ne rien faire, de ne rien dire et de n'aimer personne. »

La liste pourrait être encore longue de tous ces aphorismes délectables, incluant la religion, la littérature – on croise ici Proust, Morisot, Manet, Picasso, Ernaux, Miles Davis, Henry James ou Tolstoï – le sexe ou la beauté. le tout dans un style qui m'a particulièrement ravi : « Il avait une voix claire et mélodieuse avec une pureté tonale qui emplissait la pièce, montait puis retombait si bas qu'elle en avait presque la qualité du silence. »

En conclusion, paraphrasant le Tancrede du Guépard, il faudrait finalement que tout change pour que rien ne change : « Je veux que tout soit comme avant, a dit Eileen. Qu'on soit à nouveau jeunes, qu'on habite l'une près de l'autre, que rien ne change. »

Et un peu après, « Alors, malgré tout, malgré l'état du monde tel qu'il est, l'humanité au bord de l'extinction, me voilà encore en train d'écrire un mail sur le sexe et l'amitié. Mais qu'y a-t-il d'autre à vivre ? »
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Eileen et Simon sont amis depuis toujours. Alice et Eileen entretiennent une relation épistolaire. Alice tente l'aventure d'une vie de couple avec Regis, bien que tout les sépare. Alice est une autrice connue et célèbre, Regis partage sa vie entre l'entrepôt d'expédition de colis et ses soirées au pub. Tout au long du roman, nous assisterons aux échanges multiples, souvent à distance, jusqu'à ce que le hasard ou la volonté les ramènent à se rencontrer tous les quatre.

C'est surtout au travers de la correspondance entre Eileen et Alice que Sally Rooney nous propose sa vision du monde actuel, sur les thèmes des relations homme-femme, de l'amour, de l'amitié, de la religion ou de l'injustice et de la part de hasard qui construit les destins. Sans oublier les affres de la production littéraire et les conséquences de la célébrité.

Il règne dans ce roman une ambiance nihiliste certaine, sur le thème du c'était mieux avant, à présent tout est laid, tout est corrompu, et l'homme ne mérite pas d'être racheté. Certes la simple écoute d'un bulletin d'information suffit s'il en était besoin pour constater la dégradation de nos conditions de vie, mais le passé n'est pas forcément un paradis perdu.

C'est sombre, tristounet, et les quelques parties fines ne relèvent pas la marasme général.

Découverte de l'autrice, mais pas convaincue par le propos.

384 pages L'Olivier 19 août 2022

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Alors que je n'avais pas été sensible au deuxième roman de l'auteur , j'ai décidé , devant son succés, (et surtout parce que ma fille a acheté son premier !) , de lui redonner une chance. Et bien m'en a pris, comme quoi : ne jamais dire jamais ...

Alice a loué un presbytère dans un village où elle ne connait personne. Elle a laissé sa meilleure amie Eileen à Dublin, ayant comme objectif : écrire un nouveau roman. de façon fulgurante (et assez incompréhensible pour elle), elle a connu un immense succés et un de ses livres est adapté au cinéma. Aussi , Alice n'a-t-elle, aucun problème d'argent, quand elle rencontre Felix, sur Tinder , qui, lui, ne posséde rien, et a un job qu'il déteste.
Quand à Elleen, elle a un boulot qui lui plait beaucoup, dans l'édition, mais elle gagne des clopinettes. Elle retrouve un de ses amis d'enfance , Simon pour lequel, elle a toujours eu un faible.
Eloignées,, les deux amies échangeront les avancées de leurs vies, leurs réflexions sur le monde, par-mails.

Ça, c'est ce que raconte plus ou moins le résumé, mais ce n'est pas un roman : qu'épistolaire, on suivra les deux trentenaires dans leurs sorties, leurs dialogues, leurs scénes d'amour et leurs retrouvailles. En parallèle de cette histoire d'amitié, ce roman raconte deux histoires d'amour.
Le point fort de Sally Rooney, c'est qu'elle parle de son époque. Ses histoires d'amour n'échappent pas à l'air du temps. Elles sont balbutiantes, hésitantes : chaque personnage n'osant pas faire un pas de plus que son partenaire. Beaucoup d'incompréhension , de " je veux rester ton amie, alors je te quitte pour garder cette belle relation qu'on a "... Un personnage qui ne rechignerait pas à un plan à trois, voir plus si affinités, de la bisexualité exprimée et donc, normalisée. Une femme qui gagne plus que son homme. le fameux consentement exprimé dans toutes les scénes d'amour qui tranche avec la passion, la rapidité de certaines scénes de romans plus anciens...
Ce en quoi, cette histoire d'amours et d'amitié est "moderne".
Et si les personnages sont gentiment malheureux au départ, ont connu la dépression , ils se font du bien mutuellement jusqu'à y trouver un équilibre .
Il y a des réflexions sur notre époque qui font se pâmer les intellectuels qui n'y voit donc pas une histoire d'amour , romantique et cul-cul la praline, mais certains passages sont vraiment ennuyeux... Il ne faut pas pousser, ces deux personnages féminins ne s'interrogent pas sur" le monde, l'inégalité , l'injustice, la violence" , aussi intensément que l'éditeur le prétend, elles vivent aussi ...
Mais , J'ai aimé le fait qu'Alice soit écrivaine. Sorte de double de Sally Rooney, d'ailleurs leurs prénoms ont la même sonorité ( A-LI- CE / S-A-LLY). On ne peut s'empêcher de penser que le succés qui s'abat sur Alice a dû être aussi destabilisant pour Sally Rooney. Elle aussi a vu ses livres adaptés sur petit et grand écran, donc elle aussi vit ( mal ? ) la célébrité. Tout cela sonne juste et peut être troublant.
J'ai suspendu mon souffle tout du long en me demandant ce que voulait Felix, si c'était Alice qui l'attirait ou son argent... Et comment cela allait-il finir. C'est LE personnage le moins " palpable".
Le style d'écriture est assez détaché, clinique ( ça frappe lors des scénes de sexe) , Sally Rooney intellectualise tout. Ce qu'elle "dit" est aussi important que ses silences ; on aime ou on n'aime pas...

Des personnages un peu cabossés par leur éducation, la vie , mais qui sauront donner le petit coup de pied au fond de la piscine, à la fin ! Je suis réconciliée avec Sally Rooney !
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En ouvrant Où es-tu monde admirable, j'ai eu l'impression de retrouver l'héroïne de Normal people en version adulte. Eileen et Alice, les 2 correspondantes trentenaires du roman, sont plus mûres que Marianne mais pratiquent aussi allègrement la valse hésitation et se questionnent beaucoup : sur l'amour bien sûr , l'amitié, la foi, mais aussi sur l'état du monde ou la chute des civilisations. Elles ont un regard très lucide, parfois très sombre, sur la société qui les entoure.
« On déteste les gens à cause de leurs erreurs tellement plus qu'on ne les aime pour avoir bien fait que la façon la plus simple de vivre est de ne rien faire, de ne rien dire et de n'aimer personne. »
Le style de Sally Rooney, facilement reconnaissable, très clinique, oscille continuellement entre dialogues et descriptions minutieuses. Ainsi, tout est parfaitement lisible : c'est presque une pièce de théâtre qui se joue sous nos yeux. Et si l'incapacité au bonheur des 2 amies peut parfois agacer, on se laisse finalement prendre assez vite à ces tergiversations de l'amour et aux nombreuses possibilités qu'elles offrent 😉
J'ai donc très vite été happée.
Et j'ai beaucoup aimé.
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critiques presse (9)
Actualitte
03 octobre 2023
L'empathie ne semble pas être ici le propos de Sally Rooney, mais plutôt l'apathie d'une jeunesse arrivée à bout de souffle, désenchantée, et au bord de la rupture où chacun se définit par ses choix professionnels.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
28 août 2023
[L'autrice] livre, sans se départir de sa veine introspective teintée d’ironie, le plus ambitieux et le plus abouti de ses romans.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeJournaldeQuebec
19 décembre 2022
L’écriture sobre, tendre, hyper réaliste, qui décompose les gestes du quotidien dans une analyse fine de notre époque, nous fait entrer dans l’intimité de ces jeunes comme rarement. Sally Rooney est une grande autrice.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Culturebox
06 octobre 2022
A travers les tous petits riens qui font la vie, la jeune romancière pose un regard aigu et interrogateur sur un monde en plein chamboulement, en pleine crise, avec des modèles -qu'ils soient amoureux, sexuels, économiques, politiques, esthétique, ou sociaux- en plein remodelage. L'écriture de Sally Rooney, méticuleuse, opère à la manière d'un objectif photographique qui capterait dans ses moindres détails la géographie du monde contemporain (un monde en état de "dégénérescence accélérée"), puis traverserait comme une sonde les corps pour scruter les esprits, les sentiments, les angoisses, ou les plaisirs qui animent ses personnages.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
28 septembre 2022
Cette écriture méticuleuse, sans ellipse, sans fondu, donne une netteté presque dérangeante, une lumière presque trop crue sur des réalités qu'on préfère souvent garder dans le flou.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
02 septembre 2022
La troisième chronique milléniale de l’autrice irlandaise respire la nostalgie de la jeunesse enfuie. Mais l’empathie est toujours présente.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle
01 septembre 2022
De la fin de l’adolescence à la trentaine, l’autrice de « Normal People » ausculte les mouvements du cœur et du corps de protagonistes qui lui ressemblent, ou lui sont en tout cas assez proches pour qu’elle les connaisse intimement.
Lire la critique sur le site : Elle
Bibliobs
24 août 2022
La jeune star des lettres irlandaise sonde les intermittences du cœur de quatre trentenaires. Un roman rohmérien.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
24 août 2022
Le succès n’y change rien : la romancière irlandaise est toujours aussi épatante.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Qu’est-ce que les livres gagnent à être liés à ma personne, à mon visage, à mes particularités et toutes leurs caractéristiques déprimantes ? Rien. Alors pourquoi, pourquoi ça se passe comme ça ? Quel intérêt cela sert-il ? Ça me désole, ça m’éloigne de la seule chose dans ma vie qui a du sens, ça n’apporte rien à l’intérêt public, ça ne comble que la curiosité la plus basse, ça permet d’organiser entièrement le propos littéraire autour de la figure dominante de « l’auteur », dont on dissèque en détail mais sans raison la vie et les idiosyncrasies.
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Le roman contemporain est (à de très rares exceptions près) sans intérêt ; le cinéma grand public n’est qu’un cauchemardesque porno familial financé par les constructeurs automobiles et le département de La Défense des États-Unis ; les arts visuels sont principalement un marché pour oligarques.
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Les gens son incapables de faire la différence entre une personne dont ils ont entendu parler et une personne qu'ils connaissent pour de bon. (...) Je me demande si le culte des célébrités n'a pas métastasé de façon à combler le vide laissé par la religion; Comme s'il y avait à présent une tumeur maligne là où se trouvait autrefois du sacré
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Je sais que toi et moi , on s'accorde sur le fait que la civilisation est entrée dans une phase de décadence, et que la laideur est la caratéristique visuelle dominante de la vie moderne. Les voitures sont laides, les bâtiments sont laids, les biens de consommation jetables produits en masse sont d'une laideur indescriptible. L'air qu'on respire est pollué, l'eau qu'on boit est bourrée de microplastiques et nos aliments contaminés par du Teflon cancérigéne. Notre qualité de vie décline, (...)
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Aujourd'hui, je suis allée m'acheter à manger à la supérette et là, j'ai eu tout à coup la plus étrange des sensations, une brusque prise de conscience de l'improbabilité de cette vie Je me suis mise à penser au reste de la population sur Terre qui vit pour sa grande majorité dans ce que toi et moi considérerions comme une pauvreté abjecte, qui n'a jamais vu ou jamais mis les pieds dans ce genre de magasin. Alors que, précisément, ce magasin existe grâce à leur labeur! Ce sont eux qui créent ce mode de vie pour des gens comme nous! Les marques de sodas en bouteilles plastiques, tous ces plats préparés et ces confiseries sous sachets scellés, ces viennoiseries cuites sur place, sont les points culminants du labeur sur terre, toute cette matière fossile consumée, ce travail de forçat dans des fermes de café et des plantations de canne à sucre. Tout ça pour ça! Une supérette remplie de produits manufacturés! A cette idée, j'ai été prise de vertiges. Je me sentais mal. Comme si je me rendais soudain compte que ma vie était comparable à une émission de télévision où, chaque jour, des gens mouraient au cours de sa préparation, qu'ils étaient voués à une mort des plus atroces - des enfants, des femmes - pour m'offrir le choix, en matière de déjeuner, entre plusieurs produits enveloppés dans diverses couches de plastique à usage unique. Ils mouraient pour ça, c'était ça, la grande expérience. J'ai cru que j'allais vomir.
(pp.25-26)
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Vidéo de Sally Rooney
Le fil rouge de ce nouvel épisode ? L'amour.
Sept conseils de lectures, proposés par sept libraires de Dialogues, des livres pour tous les âges, pour tous les goûts, pour toutes les sensibilités, et qui, chacun, nous parle d'amour à sa façon.
Voici les livres cités dans cet épisode :
Normal People, de Sally Rooney (éd. de l'Olivier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/18431293-normal-people-sally-rooney-editions-de-l-olivier ;
Ada et Graff, de Dany Héricourt (éd. Liana Levi) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23009211-ada-et-graff-dany-hericourt-liana-levi ;
J'ai péché, péché dans le plaisir, d'Abnousse Shalmani (éd. Grasset) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23136090-j-ai-peche-peche-dans-le-plaisir-abnousse-shalmani-grasset ;
Forough Farrokhzad, oeuvre poétique complète (éd. Lettres persanes) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/13210169-forough-farrokhzad-oeuvre-poetique-complete-forug-farroh-zad-persanes ;
Je serai le feu, de Diglee (éd. La ville brûle) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/19776423-je-serai-le-feu-diglee-la-ville-brule ;
Les Choses de l'amour, de Dorothée de Monfreid (éd. Misma) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16724027-les-choses-de-l-amour-dorothee-de-monfreid-misma ;
Le Chevalier aux épines, tomes 1, 2 et 3, de Jean-Philippe Jaworski (éd. Les Moutons électriques) : https://www.librairiedialogues.fr/recherche/?q=le+chevalier+aux+%C3%A9pines ;
Sans crier gare, de Gary D. Schmidt (éd. École des Loisirs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23027151-sans-crier-gare-gary-d-schmidt-ecole-des-loisirs ;
Plein ciel, de Siècle Vaëlban (éd. Castelmore) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23128671-plein-ciel-edition-reliee--siecle-vaelban-bragelonne.
+ Lire la suite
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