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Antoine Roquette (Autre)Michel de Grèce (Autre)
EAN : 9782866459178
163 pages
Le Félin (20/11/2020)
3.83/5   3 notes
Résumé :


La guerre de l’indépendance de la Grèce, qui s’étend sur une dizaine d’années, constitue avec l’expédition d’Espagne menée par le duc d’Angoulême en 1823, l’un des deux actes déterminants de la politique étrangère de la Restauration.

Long, acharné, confus le plus souvent car étant de type guérillas et razzias, c’est un conflit atroce pendant lequel les belligérants multiplient les exactions sur les combattants et les populations civile... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le 25 mars 1821, l'archevêque Germanos proclame à Patras l'indépendance de la Grèce, et ouvre une décennie de luttes clôturant quatre siècles d'occupation turque suite à la prise de Constantinople en 1453. La sauvagerie de la répression (massacres de Chio en 1822) suscite la sympathie des européens qui soutiennent un peuple chrétien contre un occupant musulman. Vaincus à Navarin par la flotte franco-britannique (20 octobre 1827), et par l'armée russe (1828-1829), les Ottomans doivent reconnaitre l'indépendance grecque en 1830.

Dans un contexte européen hérité du Congrès de Vienne, les monarchies s'arcboutent au principe de légitimité et ne voient pas d'un oeil favorable, en 1821, ce mouvement révolutionnaire. En France, les gouvernements de Louis XVIII et Charles X sont réticents à intervenir. Par ailleurs l'armée et la flotte égyptienne, forces principales des Ottomans sont, ironie de l'histoire, encadrées en grande partie par des français ayant suivi Bonaparte en Egypte ou fuit la restauration …

Le martyr de Chio en 1822 et la mort de Lord Byron à Missolonghi, le 19 avril 1924, après 10 jours de maladie, sont exploités par la société philhellène de Paris avec Constant et Villemain et le Journal des Débats qui influencent progressivement l'opinion publique et mobilisent les écrivains Chateaubriand, Hugo et Lamartine et les peintres derrière Delacroix. A l'insu de leur plein gré, les conservateurs sont entrainés ainsi par les libéraux dans une intervention militaire en Morée (Péloponnèse) qui coute la vie à un millier de nos soldats et couronne un prince bavarois sur le trône De Grèce placé sous influence britannique.

Antoine Roquette, en ce bicentenaire de l'insurrection grecque, publie une remarquable étude « La France et l'indépendance de la Grèce ou le romantisme dans les relations internationales » qui analyse les trois aspects du titre et montre comment la presse a influencé les élites et créé un état d'esprit comparable à celui qui avait profité aux insurgents américains sous le règne de Louis XVI. Charles X, comme son frère ainé, est renversé au terme de cette ingérence étrangère qui vaudra à notre pays une reconnaissance éternelle de l'opinion hellénique.

Préfacé par le Prince Michel de Grèce, petit fils de Georges Ier, roi des Hellènes, cet ouvrage est incontournable et, à ma connaissance, actuellement unique, sur une indépendance qui reste fragile comme les provocations turques à Chypre, en mer Egée et en Méditerranée l'illustrent quotidiennement.

Merci aux Editions du Félin qui m'ont adressé ce titre à l'occasion d'une opération Masse Critique. En cent cinquante pages, enrichies par une impressionante bibliographie, un index des acteurs et une table des matières détaillée, nous avons entre les mains le travail d'un expert des campagnes de la Restauration et d'un historien doté d'une plume élégante, claire et pédagogique capable de nous mener dans les méandres claniques et politiques grecs et les renversements d'alliances qui en font une réalité aussi mouvante que complexe.

Le petit point faible, à mon humble avis, est l'iconographie : la seule carte est quasiment illisible (une reproduction de 1821) et la couverture découpe en confettis verdâtres le chef d'oeuvre de Delacroix, écartèle les chiotes puis les écrase sous un titre imprimé verticalement … un jeu de massacre qui risque de compromettre la large diffusion que mérite cet ouvrage remarquable.
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Tout d abord un remerciement à Babélio et aux éditions du félin pour l envoi de ce livre dans le cadre de masse critique . J 'avoue que j ignorais quasiment tout de cette période historique et des péripéties de l indépendance de la Grèce Bien que court (154 pages ) ce bouquin éclaire sur le déroulement de ce conflit sanglant et plus cruel ( si l on peut donner des degrés ) que d autres plus connus . Oui romantique de vouloir libérer l antique mère de notre civilisation , ne pas retrouver Byron et surtout notre François René national dans ce combat aurait été une incompréhensible hérésie . La France y a gagné ( malgré ses erreurs et atermoiements ) l amour et le respect de tout un peuple .Je ne peux m empêcher d'éprouver un sentiment de malaise et même de honte au souvenir de notre lâchage ,misérable, de cette nation dans la décennie 2010 sous les injonctions des casques a pointe de la kaiserine Angela
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Regard exhaustif sur une période méconnue (et pleine d'intérêt) de notre histoire...

... Via un focus sur un conflit "mineur" en ces temps agités au sortir des guerres Napoléoniennes, cette opposition "jusqu'à la mort" entre Ottomans et Grecs, qui alimentera au fur et à mesure qu'il s'éternise, bien des passions au sein de la communauté internationale.
Avec comme principaux médiateurs autant qu'acteurs les Russes, "garant" de la religion et des communautés orthodoxe, Anglais et Français.

Une guerre qui a ému par les atrocités commises envers les populations, et qui présente aussi l'intérêt de dérouler un conflit à l'issue incertaine, opposant un furieux pot de terre épris de liberté, à un pot de fer en proie à des conflits internes, qui vont le miner pendant des décennies encore.

C'est très précis de la part de l'auteur, çà a le mérite de mettre en lumière une période plutôt oubliée (qui se souvient de la 2è révolution Française, les "trois glorieuses" de 1830 ?), et de cerner certains mécanismes importants des pouvoirs en place, comme par exemple la mutation des monarchies.
Elles qui ont le désir de se renouveler, et dorénavant de s'entraider pour contrer au maximum les penchants révolutionnaires échappant à leur contrôle.
Période ô combien charnière de ce point de vue, pas de monarque, pas d'aide... à bon entendeur, messieurs les grecs...

A noter aussi les grands noms qui se sont impliqués dans ce conflit, Chateaubriand et Delacroix en tête. Un artiste qui avant Picasso et son "Guernica", immortalisa ce conflit, au travers de "Scènes des massacres de Scio", puis de "La Grèce sur les ruines de Missolonghi", qui préfigure de manière frappante sa célébrissime "Liberté guidant le peuple" que tout le monde a en mémoire (si, si, cherchez bien...).
D'autres plumes bien plus illustres sont évoquées et citées ici, je vous laisse les découvrir...

Epaté aussi par certaines scènes romanesques à souhait (la naissance d'un courant qu'a bien su synthétiser l'auteur), comme ce capitaine Français ayant pris cause et faits pour les Grecs, acculé avec ses hommes au milieu des ruines du Parthénon.

Pour le moins bon, ouvrage "scientifique" oblige, même si çà se lit très bien, la rigueur laisse moins de place à la passion (c'est pas un roman, donc...).
Et bien que les sources soient diversifiées, certaines sont à mon sens trop prises en considérations; il est possible aussi qu'il n'y ait pas non plus pléthore de témoignages accessibles, mais deux ou trois références sont omniprésentes.

Une très bonne idée que d'avoir mis en lumière cette période donc, avec une vision détaillée, une couverture "internationale" de cet évènement qui m'a bien plu.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Delacroix (...) expose son grand (H : 4,17m; L: 3,54 m) et fameux Massacre de Chio. Très probablement fils de Talleyrand, mais officiellement de son prédécesseur au ministère des Affaires étrangères sous le Directoire, Charles Delacroix, dont l'épouse avait été la maîtresse de l’évêque. Eugène est âgé de vingt-six ans lorsqu'il présente son tableau.
(...)

Le critique artistique de l’Annuaire historique de 1824, même s'il trouve que le tableau est « hideux », reconnaît que « Delacroix a travaillé sous l'empire d'un sentiment généreux ; il a voulu soulever l'âme d'indignation en rendant sensible à nos organes toute l'atrocité du massacre des Grecs : il a voulu nous exciter à la vengeance ; c'est un noble but ».

Cette œuvre tragique illustrant ces massacres, largement relatés par des correspondances diverses et les journaux du temps, comme le précise le livret du Salon, est achetée par l'État pour un prix élevé (6000 fr.), qui montre bien le retentissement qu'elle suscite.

Ce choc provoqué par la composition de Delacroix a inspiré de nombreux artistes : une recension effectuée à l'occasion de l'exposition La Grèce en révolte réalisée à Bordeaux en 1996 puis à Paris et Athènes en 1997, dénombre que 110 tableaux et dessins se rapportant à la Grèce ont été exposés entre 1824 et 1830, les auteurs les plus féconds étant Delacroix avec 22 œuvres, Ary Scheffer, 19, puis Horace Vernet, 13. Entre 1821 et 1833, on note la production de 214 gravures philhellènes.

Mais le Massacre de Chio reste l'œuvre picturale emblématique de la guerre gréco-turque, comme le sont Le trois mai 1808 de Goya pour la prise de Madrid par Murat ou Guernica de Picasso pour la guerre civile espagnole.
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La Porte ne prend pas même le soin de faire part de sa position, tout occupée qu’elle est de préparer la nouvelle campagne militaire, avec l'appui cette fois de son principal vassal, le pacha d'Égypte, Méhémet Ali. Celui-ci est très riche car il a mis son pays en coupe réglée pour son profit personnel, au prix d'une grande misère de sa population. Largement soutenu par la France qui s’intéresse à ce pays depuis l’expédition de Bonaparte, il a entrepris de moderniser son armée. Des instructeurs français, d'anciens soldats de la Grande Armée, lui inculquent la discipline, le maniement de l'artillerie et équipent une flotte puissante avec des navires souvent construits à Toulon. Le principal artisan de cette modernisation est un marin français, Joseph Sève, blessé à Trafalgar, puis versé dans le renseignement, il termine sa carrière impériale à l'état-major du général Grouchy. Demi-solde en 1815, il part pour l'Égypte afin d'y refaire sa vie. Son entregent le mènera au poste de généralissime des armées égyptiennes en 1833, après qu'il s'est converti à l'islam et donné le nom de Soliman-pacha en 1821. Les ambitions de Méhémet Ali sont mystérieuses mais on pense qu elles sont grandes et que Mahmoud II lui a fait miroiter la suzeraineté de la Grèce, à lui ou son fils Ibrahim-pacha, chargé de conduire ses armées. Il est prévu que l’Egyptien apportera près de 25 000 hommes et une grande partie de sa marine. Celle-ci, retardée par un gigantesque incendie au Caire, volontaire ou fortuit, on ne sait, arrive en juin 1824 dans les Cyclades.
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Le 14 avril 1824, à l'âge de trente-six ans, lord Byron meurt après tout juste trois mois et demi de présence à Missolonghi.

C'est évidemment la consternation la plus totale. Le Journal des débats publie une lettre reçue de Missolonghi, datée du 15 mai : « Nous sommes tous vêtus en noir depuis la mort de notre illustre bienfaiteur. La perte de lord Byron est sans contredit une calamité pour toute la Grèce. Ce poète sublime qui, par les seuls accents de sa lyre, épouvantait nos infâmes tyrans, qui, par son génie héroïque, ranimait le courage de nos guerriers intrépides, et dont les chants divins valaient une armée entière, a rendu le dernier soupir au milieu de nos braves et dans les bras de notre digne prince Mavrocordatos. Il est mort en formant les vœux les plus ardents pour la parfaite indépendance de cette belle Grèce qu’il aimait avec transport. Voici les dernières paroles qu'il a proférées dans les derniers instants de sa vie et qui déjà retentissent de bouche en bouche dans toutes nos contrées : "Je meurs content avec le doux espoir que la Grèce sera bientôt entièrement délivrée de ses barbares oppresseurs et que les souverains de la Chrétienté se feront un saint devoir de proclamer son indépendance. Puisse au moins ma mort rendre ces puissants potentats plus humbles et plus généreux envers votre héroïque patrie. Mais vous, braves Grecs, poursuivez toujours votre glorieuse carrière, écrasez vos tyrans, ayez toujours pour devise : Délivrer toute la Grèce ou mourir. »
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Si Metternich, le champion de la légitimité conservatrice, parle d’« une épouvantable catastrophe » le roi d'Angleterre, George IV, s'attriste de «cet événement sinistre », Nesselrode qualifie la bataille de Navarin « d'immense triomphe ».

Le gouvernement français ne s’exprime pas, mais la presse exulte. Le Journal des débats, dans son édition du 9 novembre, ajoute un postscriptum : « ~ dix heures du soir - Victoire ! La Grèce est sauvée !

(...)
Quelques Jours plus tard, le quotidien reprend son offensive contre le gouvernement : « Tous les cœurs ont battu de joie en France, excepté ceux de nos ministres. Et ne demandons plus pourquoi le canon n’a pas annoncé un des plus beaux faits d’armes de notre marine, pourquoi un Te Deum n’a pas célébré celui de la Croix. Les discours de M. de Villèle à la tribune sur son ami le pacha d'Égypte sont là pour nous expliquer comment, après le Sultan et M. de Metternich, c'est peut-être lui en Europe, à qui l'anéantlssenient de la flotte turco-égyptienne aura causé le plus de chagrin (...)Traînés par l'opinion publique aux négociations de Pétersbourg et plus tard à celles de Londres, nos ministres se sont dit, en y prenant part, nous éviterons la guerre et la Grèce restera sous la domination de la Porte. Eh bien, la paix est troublée et la Grèce affranchie. Mais nos ministres, seuls, ont perdu le droit de nous parler de son salut et nous n’en remercions que nos marins. »
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L'efficacité de l'action proprement dite de Byron est limitée, bien qu'il y ait englouti sa fortune, mais le retentissement de sa mort alarme toute l'Europe. Le portrait du poète que dresse l'écrivain Gabriel Matzneff est significatif de celui d'une génération ébranlée dans ses profondeurs par les bouleversements politiques, militaires, économiques, moraux, avec leur cortège de souffrances et de gloire, entraînés en Europe par le tournant des XVIIIe et XIXe siècles : « Ce pessimiste allègre, cet égoïste généreux, ce gourmand frugal, ce sceptique passionné, ce grand seigneur nonchalant qui fut un révolutionnaire actif, ce nordique fasciné par l'Orient, ce tempérament de droite aux idées de gauche, ce pédéraste couvert de femmes, ce disciple d'Épicure qu'habitait la peur de l'enfer chrétien, cet adversaire de l'impérialisme qui vénérait Napoléon, ce suicldaire amoureux de la vie, cet ami des Turcs qui est mort pour la liberté des Grecs, ce poète à la réputation sulfureuse et au cœur pur. »
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