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Citations sur Rendre le monde indisponible (25)

Vous rappelez-vous encore cette fin d'automne ou cet hiver de votre enfance où vous avez vu pour la première fois la neige tomber ? C'était comme l'irruption d’une autre réalité. Quelque chose de farouche, de rare, qui vient nous visiter, qui ploie et transforme le monde autour de nous, sans que nous y soyons pour quoi que ce soit, comme un cadeau inattendu. La neige est littéralement la forme pure de la manifestation de l'indisponible : nous ne pouvons pas entraîner sa chute ou dicter sa venue, pas même la planifier à l'avance avec certitude, du moins pas sur la longue durée. Et plus encore : nous ne pouvons pas nous rendre maîtres de la neige, nous l’approprier. Quand nous la prenons en main, elle nous glisse entre les doigts, quand nous la rapportons à la maison, elle fond et, si nous la plaçons dans le congélateur, elle cesse d'être de la neige. C'est peut-être pour cette raison que tant de personnes éprouvent l'ardent désir de la voir tomber, en particulier à Noël.
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Nous pouvons certes acheter le coûteux safari dans le Sahara ou la croisière, mais pas la résonance avec la nature.
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De mon point de vue, le tourisme, dans toutes ses variantes, remplit une fonction centrale pour la société moderne, non pas tant, ou pas seulement, parce qu'il représente un secteur économique important, mais avant tout parce qu'il symbolise, promet et exprime un rapport déterminé au monde. Le visiteur d'une agence de voyages ou de sites Internet qu'elle gère a pratiquement "le monde a ses pieds".
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Mais parce que le fait de disposer des objets acquis ne peut pas tenir la promesse (inexprimée) de résonance, le tour de passe-passe littéralement magique du capitalisme consiste à faire en sorte que nous soyons, nous, continuellement déçus par les objets acquis, mais pas de telle sorte que nous cessions d'en convoiter et d'en acquérir d'autres, uniquement de telle sorte que nous soyons insatiables et que, dans une spirale sans fin de déception et d'espoir, nous désirions toujours d'autres choses (sans jamais y trouver ce que nous cherchons).
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dans la grande cité moderne, selon Simmel, la rencontre entre les gens s'opère fondamentalement selon le mode d'une retenue existentielle et même d'une aversion latente, c'est-à-dire une attitude signifiant : "Laisse-moi en paix !" Leur souci principal est selon lui d'empêcher que des étrangers s'approchent d'eux de trop près.
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Nous sommes contraints structurellement (de l'extérieur), et poussés culturellement (de l'intérieur), à faire du monde le point d'agression ; il nous apparaît comme ce qu'il convient de savoir, d'explorer, d'atteindre, de s'approprier, de maîtriser et de contrôler. Souvent il ne s'agit pas de rendre des choses -des fragments du monde- atteignables en général, mais de les avoir à disposition plus facilement, à moindre coût, sans grande résistance et de manière plus sûre.

(...)ma thèse est que ce programme de mise à disposition du monde, imposé structurellement, et fonctionnant culturellement, comme une promesse, non seulement ne « fonctionne » pas, mais bascule littéralement en son contraire. Le monde rendu disponible sur les plans scientifique et technique, économique et politique, semble se dérober et se fermer à nous d'une manière mystérieuse ; il se retire, devient illisible et muet et plus encore, il se révèle à la fois menacé et menaçant et donc au bout du compte constitutivement indisponible.
p21 et 26
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Ce petit livre et en particulier sa fin pessimiste ne constituent certainement pas un verdict définitif ni le dernier mot pour déterminer où passe la limite entre le disponible et l’indisponible, ou pour définir la bonne manière d’aborder l’indisponible du point de vue social. Ce n’est qu’une première tentative d’appréhender quelque chose que je crois pouvoir identifier comme une contradiction fondamentale de la modernité ; c’est une étape dans la réflexion sur le rapport entre la résonance et la disponibilité, étape peut-être susceptible d’éclairer les problèmes aussi bien politiques que personnels de notre quotidien, de même que les combats intérieurs et extérieurs que nous menons chaque jour. Il est possible qu’il contribue à expliquer d’où proviennent la frustration et la colère qui s’expriment contre la vie et la société, ainsi que le désespoir que nous inspire un monde qui, pourtant, nous est ouvert et disponible dans une mesure qui n’a pas de précédent historique. Tous ces phénomènes ne tiennent pas à ce qui nous est toujours refusé, mais à ce que nous avons perdu parce que nous en disposons et que nous le dominons.
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La volonté de croissance ne résulte ni individuellement, ni collectivement de la promesse d'un plus grand bien-être, mais de la menace de la perte (illimitée) de ce qui a précédemment été acquis. Affirmer que la modernité est engendrée par le désir d'aller plus haut, plus vite, plus loin revient par conséquent à méconnaître sa réalité structurelle : ce n'est pas la soif d'obtenir encore plus, mais la peur d'avoir de moins en moins qui entretient le jeu de l'accroissement.
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Le désir s'éteint lorsqu'il n' y a plus rien à "découvrir"sur ou avec le vis-à-vis, si nous maîtrisons et contrôlons toutes ses propriétés, si nous en disposons totalement.
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L’indisponibilité du vis-à-vis dans une relation de résonance est une indisponibilité qualifiée: il ne peut pas simplement s'agir de l'indisponibilité du hasard - et pour cette raison, l'indisponibilité, ici, ne désigne pas simplement la contingence. La résonance ne s'instaure qu'avec un vis-à-vis qui, en quelque sorte, « parle de sa propre voix », qui a quelque chose comme une volonté ou un caractère propres, ou du moins une logique intérieure, qui, en tant que tels, restent indisponibles. Et plus encore : je dois pouvoir concevoir cette voix en tant qu'elle me parle pour pouvoir la concevoir aussi, dans un certain sens, comme responsive. C'est par exemple dans ce sens que des alpinistes disent que chaque montagne « a son propre caractère » et que les marins affirment qu'il faut écouter attentivement la mer pour la comprendre.
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