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Liliane Hasson (Traducteur)
EAN : 9782742746293
128 pages
Actes Sud (16/01/2004)
3.9/5   112 notes
Résumé :
Livre échangé sous le manteau, longtemps introuvable dans sa langue d'origine, "Mon ange" a été instrumentalisé par les cubains des deux rives afin de le réduire à un sommaire règlement de comptes. L'histoire de sa publication serait simplement romanesque, si on contenu n'était dramatiquement testamentaire.

Un écrivain qui a fui le régime carcéral insulaire refuse la reddition sans condition à la sphère étriquée des "triomphateurs" qui l'attendent à M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre m'a profondément dérangée car dérangeant et si vous ne ressentez pas quelque gêne en le lisant, c'est soit que vous êtes insensible, blindé comme une carapace ou encore que vous êtes fou vous-mêmes. Oui, car telle est bien l'histoire, celle que tout le monde prend pour un fou : l'histoire de William qui, comme tant d'autres réfugiés cubains aux Etats-Unis, après avoir vécu l'enfer à Cuba, sont partis pour ne plus jamais revenir? Ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'une autre prison les attendait à l'arrivée : celle que l'on appelle les "boarding home", véritable asile psychiatrique. Certes, tous les Cubains n'y ont pas été enfermés mais ceux qui avaient un profond dérèglement mental (du moins, au vu des autres) y étaient et l'enfer continuait de nouveau, pour ceux qui étaient fous sans vraiment l'être. C'est le cas de notre protagoniste qui, comme tant d'autres, se voit réduit à l'état d'animal de par les conditions de vie qui lui sont imposées. Pas d'hygiène, pas de nourriture convenable, des bourreaux en tant que surveillants ou encore hommes crapuleux, bref, je vous en passe pour ne pas vous révulser d'entrée envers cette lecture.

En arrivant dans ce home, William était d'une extrême maigreur et lorsqu'il en ressortira (enfin, si il en ressort un jour), son état n'aura pas changé. Obligé de cohabiter avec des véritables fous, lui, qui a lu tout Proust, Hemingway et bien d'autres à l'âge de quinze ans, notre narrateur se fait peu à peu une raison jusqu'à ce qu'il rencontre Francine, une nouvelle pensionnaire. Cette rencontre-là, il y en a rarement deux dans une vie et cela va véritablement le changer et surtout, lui redonner espoir...Espoir en la vie et espoir en l'amour. Cependant, si tout se terminait comme dans un conte de fées, ce livre n'aurait pas de raison d'être mais je ne vous en dirai pas plus par peur de trop vous dire.

Un ouvrage qui m'a parfois donné la nausée je l'avoue mais que je ne regrette pas d'avoir lu, bien au contraire. Je ne peux que vous en recommander la lecture mais vous préviens : ayez le coeur bien accroché !
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Je me regarde dans le miroir qui reflète les nuages gris planant dans la pièce. Il y a quinze ans, j'étais beau. J'avais des femmes. Je me pavanais avec arrogance dans le monde. Aujourd'hui… aujourd'hui…

Regardez-moi… Je vis dans un 'Boarding Home' qui put la pisse et la merde au milieu des fous. Moi qui à quinze ans avait lu le grand Proust, Hesse, Joyce, Miller et Mann. Et Hemingway. Sacré auteur cet Hemingway. Un jour, je serais comme lui. Mais maintenant, voilà où j'en suis. Dans une maison de fous. A Miami. Cuba, ce n'était plus possible. Ici, c'est pire. Mais au moins ici, je suis libre. Libre de vivre au milieu de débris humains, libre de lire mon recueil de poètes anglais, libre d'aller pisser au milieu du réfectoire, libre de prendre Hilda par derrière, même si cela lui fait mal à cette vieille suintant la pisse. Miami, le 'Boarding Home', cette maison qui abrite les fous et les gars comme moi, des réfugiés de Cuba. Un jour, je partirai. Il le faut, si je veux retrouver le chemin de l'écriture, la voie de l'espoir et celle de l'amour. Un jour… Pour le moment, laissez-moi vous présentez mes compagnons de mauvaises fortunes, tous déchus dans cet hospice puant et répugnant. Laissez-moi vous ouvrir la porte, il y a René et Pepe, les deux débiles mentaux ; Hilda, la vieille décatie qui urine continuellement dans ses robes ; Pino, un homme gris et silencieux qui fixe l'horizon ; Reyes, un vieux borgne dont l'oeil de verre suppure sans cesse un liquide jaunâtre ; Ida, la grande dame déchue ; Louie, un yankee vigoureux au teint olivâtre qui hurle sans arrêt comme un loup pris dans la folie ; Pedro, un vieil indien, peut-être péruvien, témoin silencieux de la méchanceté du monde ; Tato, l'homosexuel ; Napoléon, le nain ; et Castano, un vieillard de quatre-vingt-dix ans qui sait seulement crier : « Je veux mourir ! Je veux mourir ! Je veux mourir ! » Cela fait du beau monde n'est-ce pas… dans ce 'Boarding Home'.

Si vous voulez comprendre les fous, lisez ce roman de Guillermo Rosales.

Si vous voulez comprendre les réfugiés, lisez ce roman.

Si vous voulez comprendre les cubains, lisez ce roman.

Si vous voulez juste prendre un bon coup de poing dans l'estomac, là où ça fait mal, là où ça déchire votre âme et pompe votre énergie, précipitez-vous sur ce petit roman (116 petites pages qui font mal) « Mon Ange » du cubain Guillermo Rosales. Une vraie réussite, un immense coup de coeur, surtout si voir des fous déféquer au milieu de la salle, uriner sur eux ou sortir leur pénis pendant le petit-déjeuner (à chaque page – ou presque) ne vous rebutent pas.

Sur ce, je vais allez pisser en méditant sur cette pensée : [...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Une petite centaine de pages suffisent pour sceller une vie dans la misère et la folie... William, exilé cubain à Miami, comme tant d'autres, et alter ego de Guillermo Rosales atterrit au dernier degré de la pauvreté avant celui de la rue: sa tante l'amène dans un "Boarding home", sorte d'asile privé qui accueille aliénés mentaux et immigrés indésirables. En l'occurrence, William est doublement concerné, malgré une carrière prometteuse d'écrivain, avant sa déchéance.

Guillermo Rosales aborde ici son expérience personnelle de l'exil politique et de l'enfermement : les descriptions de ce boarding home sont crues et difficilement tolérables tant on tombe au fond d'un inhumanité ordinaire, malgré une faible lueur d'espoir. C'est sans concession ni morale, le narrateur n'est pas blanc non plus dans ses actes, et c'est un témoignage bouleversant de comportements abjects bien réels.
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Je dis que ce livre est sauvagement torturé, culotté et brutal, courageux, sordide, amoral et détraqué. Je dis qu'il a l'odeur fauve de cuir crasseux d'un ring des quartiers portuaires de Valpo, le goût aigre et dépravé du vomi dont la gueule béante des exilés de tout recouvre les détenus. Je dis qu'il frappe d'humanité, de vide, de soumission, d'absence, de folie, de survie à tout prix comme les bastons scélérats à creux de dix mètres au large d'Unimak Island, je dis que ce livre arbore cette tignasse pouilleuse de petit saligaud qui casse les vitres de nos évidences en disant : c'est pas moi, qu'il purge les entrailles de nos vies et prend salement nos apparences à la gorge, tel un agressif souteneur à chaussures bicolores guetterait son prostitué cheptel en arpentant les artères nicaraguayennes de Belo Horizonte, je dis que ce livre n'arrondit jamais les angles de ses méfaits littéraires, qu'il éructe une envie d'échappée belle aussi vaine que la menace d'un poing rongé d'arthrose, qu'il pue l'urgence angoissée d'un mauvais matelas maculé du foutre de tous les autres avant moi. Je dis que ce livre crache l'existence par tous les orifices de ses infamies et de ses espoirs mutilés de guerre perdue d'avance. Je dis que ce livre est épouvantable, au sens carnassier du terme, qu'il se trémousse de perversion, d'enfermement et de vitalité à la façon d'une douteuse entrecuisse trop chère payée, qu'il saoule d'humanité raturée aussi frelatée qu'un rhum des bas-fonds de Las Reglas, je dis que ce livre n'a pas la grâce aristocratique d'une grand voile mais l'épaisse vaillance de la plus rageuse des voiles d'avant : ses mots claquent aussi fort qu'un brave Tourmentin dans la bave écumante du gros temps. Je dis que ce livre bande comme el hijo de la Gran Puta, qu'il est aussi suicidé que le fantôme noyé de la petite nonne dominicaine au ventre gonflé de promesse de l'île de Chacachacare, qu'il arnaque comme on quitte furtivement dans la moiteur profanée du matin un lit qu'on ne voulait pas défaire, qu'il est de l'infecte et noble race des mafieux qui refusent tout repentir, que sa lucidité fait battre nos tempes migraineuses d'une cuite trop longtemps solitaire, qu'il brûle sans sommation comme l'or impur d'un soleil achève les imprudentes coques éventrées des traîtres chenaux de Hog Island.
Je dis enfin que ce petit diamant brut violemment acéré est de la trempe de ceux qui ne se laissent jamais polir, carajo.
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Pour qui croirait à la chance, au destin, aux faveurs des astres, il ne serait pas à douter que Guillermo Rosales n'a pas goûté leurs faveurs. Arrivé à Miami, en Floride, après avoir connu les tourments du régime castriste sur son île natale, Cuba, il fut placé par sa famille au sein de l'une de ces maisons d'accueil appelée boarding home ou halfway house, et qui n'ont d'accueil que le nom. C'est dans ce type d'endroits qu'il demeura une majeure partie du temps qu'il passa sur le sol américain, de 1979 à sa mort, en 1993. Mon ange relate son arrivée à Miami, dans le boarding home d'un certain M. Curbelo, et l'on est surpris par le choix de ce titre qui, en comparaison avec le propos du livre, lui confère une puissante valeur oxymorique. Car rien, dans ce récit auto-fictionnel, ne relève de la douceur éthérée ou de la grâce angélique. Tout y est monstrueusement sale, violent, désespérant. Cruelle description du sort réservé à une partie des migrants cubains arrivés sur le sol floridien, le récit tord net le cou à l'imaginaire reluisant du rêve américain, sans pour autant indiquer un quelconque regret de l'île quittée. L'homme, où qu'il se trouve, et Rosales en témoigne, n'est jamais qu'une proie pour ses semblables.

Quel mot pourrait le mieux résumer ce qu'est un boarding home, si ce n'est le mot "enfer" ? Habitée autrefois par une famille américaine, la maison que découvre Rosales est devenue tant un cloaque qu'une prison et un asile où vivent, isolés et oubliés du monde, ceux et celles dont ne peuvent ni ne veulent s'occuper les familles. Là, une vingtaine de personnes sont placées sous l'autorité omnipotente de M. Curbelo et d'un gardien tyrannique, Arsenio. Là est abandonnée toute idée de dignité humaine ; la crasse, la sueur, l'urine et la merde imprègnent chaque parcelle de tissu, chaque mètre carré de ces chambres où les résidents dorment par deux. Toilettes bouchées, excréments à même le sol et compagnie des blattes font l'ordinaire de cette maison dont M. Curbelo tire des revenus très confortables, lesquels lui permettent de côtoyer la bonne société de Miami. Confisquant leur aide sociale, M. Curbelo tient à sa disposition ces malades mentaux - schizophrènes, attardés, bipolaires - dont la société ne veut pas. D'ailleurs, William Figueras - l'alter ego littéraire de Guillermo Rosales - a été placé là par sa propre famille, puisqu'il "n'y a plus rien à faire", dixit sa tante. Dans ce microcosme où il n'est aucun échappatoire, il se développe des habitudes et des rituels auxquels Figueras finit par se conformer. Ainsi du petit déjeuner, en fait un verre de lait froid, distribué le matin par Arsenio qui, l'annonçant, ameute l'ensemble de la maisonnée. Ainsi cette habitude d'uriner et de déféquer sur ce que les résidents auront placé dans la cuvette des WC : rideau, maillot sale, imperméable. Plus encore, Figueras fait sienne la loi du plus fort, qui établit une hiérarchie stricte entre les résidents, dont le sommet est Arsenio, homme de confiance de M. Curbelo et tyran redoutable pour chacun. Cette forme de gouvernance des affaires internes à la maisonnée autorise ainsi la brutalisation des plus faibles et les attouchements et autres viols ses femmes. Arsenio couche ainsi avec Hilda qu'il contraint à des pratiques qu'elle ne désire pas. Figueras, qui finit par nouer, sinon une amitié, du moins une certaine connivence avec Arsenio, prend aussi le vil pli d'imposer sa personne et sa volonté aux autres par la force. On le voit alors voler son camarade de chambrée, qui travaille de nuit dans une pizzeria ; on le voit frapper le vieux Pépé, fragile et incontinent. La maison de fous - au sens propre comme au figuré - semble être la reproduction miniaturisée du monde extérieur où, sans égards pour les faibles, les malades, ceux que la vie aura outragés et brisés, ceux qui détiennent quelque chose ressemblant à du pouvoir - la force physique suffit - exerce celui-ci pour tout accaparer.

L'arrivée dans le boarding home d'une nouvelle résidente, Francine, - dont la litanie des "mon ange" donne son titre au livre - constitue l'acmé et le dénouement du récit. Acmé, parce que Figueras accueille cette femme comme il a déjà pris l'habitude de traiter les autres résidents. Dans un mélange de frustration et d'adoration, d'envie de destruction et de protection, Figueras tantôt caresse et baise le corps de cette femme, tantôt le pince et l'étrangle. Sur ce corps, il peut exercer une volonté tyrannique et une force qui ne rencontre aucune résistance ; mais cette âme, qu'il devine bouleversée par des événements brutaux, lui ouvre aussi un avenir possible et paisible, une histoire d'amour d'apparence banale, une vie en dehors du boarding home et des méchancetés quotidiennes. Seulement, des deux âmes, l'une qui conserve encore un peu de force, l'autre complètement résignée et qui s'accroche au moindre morceau d'humanité, l'une - Figueras - parvient à se détacher de l'emprise de M. Curbelo quand l'autre retourne entre les griffes de quelque lointaine famille.

Mon ange signe ainsi la fin d'une illusion. Nulle part, la vie n'est meilleure pour l'homme de peu. Nulle part - ni dans l'île communiste, ni dans le grand pays où tout est prétendument possible -, l'homme qui a montré quelque faiblesse n'est protégé. Pis, il est exposé à toutes les maltraitances, physiques comme psychologiques. La galerie de personnages qui se trouvent au boarding home est un échantillon de ces hommes et femmes qui, un jour, ont cru : à la littérature comme Figueras (qui a lu tous les grands auteurs à quinze ans), à la dignité de la bourgeoisie comme Hida, à la possibilité d'une vie meilleure, comme certainement quelques-uns des résidents. Au moins, si le rêve américain semble sérieusement ébréché, l'expérience cubaine l'est tout autant. Ce qui est pris là-bas - la liberté, la dignité - n'est pas permis ici. L'expérience de Figueras / Rosales doit donc être comprise au-delà des lectures idéologiques. Aucun système de pensée, aucun parti-pris sociologique ou économique ne saurait justifier le traitement réservé à ces hommes et femmes. Au début du roman, Guillermo Rosales écrit d'ailleurs que ce livre n'a rien à voir avec la politique. Exilé total, c'est bien au tombeau qu'il est promis.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je m'appelle William Figueras. A quinze ans, j'avais lu le grand Proust, Hesse, Joyce, Miller et Mann. Ils furent pour moi comme les saints pour un dévot chrétien. Il y a vingt ans, à Cuba, j'achevais un roman. C'était une histoire d'amour entre un communiste et une bourgeoise, qui finissait par le suicide des deux héros. Ce roman ne fut jamais publié, le grand public ne connut jamais mon histoire d'amour. Les spécialistes littéraires du régime dirent que mon roman était morbide, pornographique et, en outre, irrévérencieux, car il traitait le parti communiste avec dureté. Après quoi, je devins fou. Je commençai à voir des diables sur les murs, je me mis à entendre des injures et je cessai d'écrire. Ce qui émanait de moi, c'était de l'écume de chien enragé. Un jour, croyant qu'un changement de pays me délivrerait de la folie, je quittai Cuba et arrivai dans le grand pays américain. Les parents qui m'attendaient ici ne savaient rien de ma vie : après vingt ans de séparation, ils ne me connaissaient plus. Ils s'attendaient à voir atterrir un futur triomphateur, un futur commerçant, un futur play-boy ; un futur père de famille qui aurait une future maison pleine d'enfants, qui irait à la plage le week-end, roulerait dans de belles voitures et porterait des vêtements haute couture de chez Jean-Marc ou de chez Pierre Cardin. Mais tout ce qui se présenta à l'aéroport le jour de mon arrivée, c'est un type devenu fou, presque édenté, maigre et craintif, qu'il fallut faire interner le jour même dans un service psychiatrique parce qu'il regarda tous les membres de la famille avec suspicion et, au lieu de les étreindre et de les embrasser, il les injuria. Je sais que ce fut un coup terrible pour eux tous. Spécialement pour ma tante, qui se berçait d'illusions. Tout ce qui se présenta, c'est moi. Une honte. Une tache terrible dans cette famille de petit-bourgeois cubains, aux dents saines et aux ongles soignés, à la peau éclatante, vêtus à la dernière mode, parés de grosses chaînes en or, propriétaires de somptueuses automobiles dernier cri, de maisons aux nombreuses pièces, avec climatisation et chauffage, au garde-manger bien rempli. Ce jour-là (celui de mon arrivée), je sais qu'ils se regardèrent tous, honteux, qu'ils firent certaines remarques caustiques et quittèrent l'aéroport au volant de leurs voitures, avec la ferme intention de ne plus jamais me revoir. Jusqu'au jour d'aujourd'hui. La seule qui resta fidèle aux liens familiaux, c'est cette tante Clothilde, qui décida de me prendre en charge et me garda chez elle pendant trois mois. Jusqu'au jour où, sur les conseils d'autres membres de la famille et de quelques amis, elle décida de me placer dans le boarding home ; la maison des déchets humains.
- Car il n'y a plus rien à faire, tu l'admettras.
Je la comprends.

Tel qu'intégré dans les fils de la pensée (FLP) https://xn--rflchir-byac.net/
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- Il n'y a rien à faire
Je la comprends. J'ai été enfermé dans trois asiles de fous au moins depuis que je suis ici, dans cette ville de Miami où je suis arrivé il y a six mois pour fuir la culture, la musique, la littérature, la télévision, les évènements sportifs, l'histoire et la philosophie de l'île de Cuba. Je ne suis pas un exilé politique. Je suis un exilé total. (p. 10)
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Nous avons ouvert la porte. Ils étaient tous là. René et Pepe, les deux débiles mentaux ; Hilda, la vieille décatie qui urine continuellement dans ses robes ; Pino, un homme gris et silencieux qui fixe l’horizon ; Reyes, un vieux borgne dont l’œil de verre suppure sans cesse un liquide jaunâtre ; Ida, la grande dame déchue ; Louie, un yankee vigoureux au teint olivâtre qui hurle sans arrêt comme un loup pris dans la folie ; Pedro, un vieil indien, peut-être péruvien, témoin silencieux de la méchanceté du monde ; Tato, l’homosexuel ; Napoléon, le nain ; et Castano, un vieillard de quatre-vingt-dix ans qui sait seulement crier : « Je veux mourir ! Je veux mourir ! Je veux mourir !
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J'ai rêvé que j'étais enchaîné à un rocher et que mes ongles étaient longs et jaunes comme ceux d'un fakir. Dans mon rêve, bien qu'enchaîné par le châtiment des hommes, j'avais un pouvoir immense sur les animaux de la Création. Je criais: "Poulpes! apportez-moi un coquillage avec la statue de la Liberté gravée à la surface". Et les énormes poulpes cartilagineux s'affairaient avec leurs tentacules pour rechercher ce coquillage parmi les millions et les millions de coquillages qui pullulent dans la mer. Ils finissaient par le trouver, le hissaient péniblement jusqu'à ce rocher où j'étais captif et me le remettaient humblement avec un grand respect. Moi, j'examinais le coquillage, j'éclatais de rire et le jetais dans le vide avec un dédain extrême. Ma cruauté faisait verser de grosses larmes cristallines à ces poulpes. Mais je riais de leurs larmes et rugissais d'une voix terrible: "rapportez-en un autre semblable!"
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Je me regarde dans le miroir qui reflète les nuages gris planant dans la pièce. Il y a quinze ans, j’étais beau. J’avais des femmes. Je me pavanais avec arrogance dans le monde. Aujourd’hui… aujourd’hui…
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