AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 112 notes
5
7 avis
4
10 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
Une petite centaine de pages suffisent pour sceller une vie dans la misère et la folie... William, exilé cubain à Miami, comme tant d'autres, et alter ego de Guillermo Rosales atterrit au dernier degré de la pauvreté avant celui de la rue: sa tante l'amène dans un "Boarding home", sorte d'asile privé qui accueille aliénés mentaux et immigrés indésirables. En l'occurrence, William est doublement concerné, malgré une carrière prometteuse d'écrivain, avant sa déchéance.

Guillermo Rosales aborde ici son expérience personnelle de l'exil politique et de l'enfermement : les descriptions de ce boarding home sont crues et difficilement tolérables tant on tombe au fond d'un inhumanité ordinaire, malgré une faible lueur d'espoir. C'est sans concession ni morale, le narrateur n'est pas blanc non plus dans ses actes, et c'est un témoignage bouleversant de comportements abjects bien réels.
Commenter  J’apprécie          260
Ce livre m'a profondément dérangée car dérangeant et si vous ne ressentez pas quelque gêne en le lisant, c'est soit que vous êtes insensible, blindé comme une carapace ou encore que vous êtes fou vous-mêmes. Oui, car telle est bien l'histoire, celle que tout le monde prend pour un fou : l'histoire de William qui, comme tant d'autres réfugiés cubains aux Etats-Unis, après avoir vécu l'enfer à Cuba, sont partis pour ne plus jamais revenir? Ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'une autre prison les attendait à l'arrivée : celle que l'on appelle les "boarding home", véritable asile psychiatrique. Certes, tous les Cubains n'y ont pas été enfermés mais ceux qui avaient un profond dérèglement mental (du moins, au vu des autres) y étaient et l'enfer continuait de nouveau, pour ceux qui étaient fous sans vraiment l'être. C'est le cas de notre protagoniste qui, comme tant d'autres, se voit réduit à l'état d'animal de par les conditions de vie qui lui sont imposées. Pas d'hygiène, pas de nourriture convenable, des bourreaux en tant que surveillants ou encore hommes crapuleux, bref, je vous en passe pour ne pas vous révulser d'entrée envers cette lecture.

En arrivant dans ce home, William était d'une extrême maigreur et lorsqu'il en ressortira (enfin, si il en ressort un jour), son état n'aura pas changé. Obligé de cohabiter avec des véritables fous, lui, qui a lu tout Proust, Hemingway et bien d'autres à l'âge de quinze ans, notre narrateur se fait peu à peu une raison jusqu'à ce qu'il rencontre Francine, une nouvelle pensionnaire. Cette rencontre-là, il y en a rarement deux dans une vie et cela va véritablement le changer et surtout, lui redonner espoir...Espoir en la vie et espoir en l'amour. Cependant, si tout se terminait comme dans un conte de fées, ce livre n'aurait pas de raison d'être mais je ne vous en dirai pas plus par peur de trop vous dire.

Un ouvrage qui m'a parfois donné la nausée je l'avoue mais que je ne regrette pas d'avoir lu, bien au contraire. Je ne peux que vous en recommander la lecture mais vous préviens : ayez le coeur bien accroché !
Commenter  J’apprécie          260
Je me regarde dans le miroir qui reflète les nuages gris planant dans la pièce. Il y a quinze ans, j'étais beau. J'avais des femmes. Je me pavanais avec arrogance dans le monde. Aujourd'hui… aujourd'hui…

Regardez-moi… Je vis dans un 'Boarding Home' qui put la pisse et la merde au milieu des fous. Moi qui à quinze ans avait lu le grand Proust, Hesse, Joyce, Miller et Mann. Et Hemingway. Sacré auteur cet Hemingway. Un jour, je serais comme lui. Mais maintenant, voilà où j'en suis. Dans une maison de fous. A Miami. Cuba, ce n'était plus possible. Ici, c'est pire. Mais au moins ici, je suis libre. Libre de vivre au milieu de débris humains, libre de lire mon recueil de poètes anglais, libre d'aller pisser au milieu du réfectoire, libre de prendre Hilda par derrière, même si cela lui fait mal à cette vieille suintant la pisse. Miami, le 'Boarding Home', cette maison qui abrite les fous et les gars comme moi, des réfugiés de Cuba. Un jour, je partirai. Il le faut, si je veux retrouver le chemin de l'écriture, la voie de l'espoir et celle de l'amour. Un jour… Pour le moment, laissez-moi vous présentez mes compagnons de mauvaises fortunes, tous déchus dans cet hospice puant et répugnant. Laissez-moi vous ouvrir la porte, il y a René et Pepe, les deux débiles mentaux ; Hilda, la vieille décatie qui urine continuellement dans ses robes ; Pino, un homme gris et silencieux qui fixe l'horizon ; Reyes, un vieux borgne dont l'oeil de verre suppure sans cesse un liquide jaunâtre ; Ida, la grande dame déchue ; Louie, un yankee vigoureux au teint olivâtre qui hurle sans arrêt comme un loup pris dans la folie ; Pedro, un vieil indien, peut-être péruvien, témoin silencieux de la méchanceté du monde ; Tato, l'homosexuel ; Napoléon, le nain ; et Castano, un vieillard de quatre-vingt-dix ans qui sait seulement crier : « Je veux mourir ! Je veux mourir ! Je veux mourir ! » Cela fait du beau monde n'est-ce pas… dans ce 'Boarding Home'.

Si vous voulez comprendre les fous, lisez ce roman de Guillermo Rosales.

Si vous voulez comprendre les réfugiés, lisez ce roman.

Si vous voulez comprendre les cubains, lisez ce roman.

Si vous voulez juste prendre un bon coup de poing dans l'estomac, là où ça fait mal, là où ça déchire votre âme et pompe votre énergie, précipitez-vous sur ce petit roman (116 petites pages qui font mal) « Mon Ange » du cubain Guillermo Rosales. Une vraie réussite, un immense coup de coeur, surtout si voir des fous déféquer au milieu de la salle, uriner sur eux ou sortir leur pénis pendant le petit-déjeuner (à chaque page – ou presque) ne vous rebutent pas.

Sur ce, je vais allez pisser en méditant sur cette pensée : [...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          263
Je dis que ce livre est sauvagement torturé, culotté et brutal, courageux, sordide, amoral et détraqué. Je dis qu'il a l'odeur fauve de cuir crasseux d'un ring des quartiers portuaires de Valpo, le goût aigre et dépravé du vomi dont la gueule béante des exilés de tout recouvre les détenus. Je dis qu'il frappe d'humanité, de vide, de soumission, d'absence, de folie, de survie à tout prix comme les bastons scélérats à creux de dix mètres au large d'Unimak Island, je dis que ce livre arbore cette tignasse pouilleuse de petit saligaud qui casse les vitres de nos évidences en disant : c'est pas moi, qu'il purge les entrailles de nos vies et prend salement nos apparences à la gorge, tel un agressif souteneur à chaussures bicolores guetterait son prostitué cheptel en arpentant les artères nicaraguayennes de Belo Horizonte, je dis que ce livre n'arrondit jamais les angles de ses méfaits littéraires, qu'il éructe une envie d'échappée belle aussi vaine que la menace d'un poing rongé d'arthrose, qu'il pue l'urgence angoissée d'un mauvais matelas maculé du foutre de tous les autres avant moi. Je dis que ce livre crache l'existence par tous les orifices de ses infamies et de ses espoirs mutilés de guerre perdue d'avance. Je dis que ce livre est épouvantable, au sens carnassier du terme, qu'il se trémousse de perversion, d'enfermement et de vitalité à la façon d'une douteuse entrecuisse trop chère payée, qu'il saoule d'humanité raturée aussi frelatée qu'un rhum des bas-fonds de Las Reglas, je dis que ce livre n'a pas la grâce aristocratique d'une grand voile mais l'épaisse vaillance de la plus rageuse des voiles d'avant : ses mots claquent aussi fort qu'un brave Tourmentin dans la bave écumante du gros temps. Je dis que ce livre bande comme el hijo de la Gran Puta, qu'il est aussi suicidé que le fantôme noyé de la petite nonne dominicaine au ventre gonflé de promesse de l'île de Chacachacare, qu'il arnaque comme on quitte furtivement dans la moiteur profanée du matin un lit qu'on ne voulait pas défaire, qu'il est de l'infecte et noble race des mafieux qui refusent tout repentir, que sa lucidité fait battre nos tempes migraineuses d'une cuite trop longtemps solitaire, qu'il brûle sans sommation comme l'or impur d'un soleil achève les imprudentes coques éventrées des traîtres chenaux de Hog Island.
Je dis enfin que ce petit diamant brut violemment acéré est de la trempe de ceux qui ne se laissent jamais polir, carajo.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          202
Miami...Bienvenue dans un boarding home dont je ne connaissais ren dans lequel sont "logés" les "fous". Vous y entrez quand la folie est présente mais c'est loin d'être une pension de famille car ici règnent la crasse, la pisse, les cris, les abus et le profit pour ceux qui les tiennent aux dépens des malades. le narrateur, William, l'auteur car lui-même fut hébergé dans un de ces lieux, atteint de schizophrenie, exilé cubain, témoigne des "soins" reçus auxquels il survit en partie grâce à la poésie et à son ange rencontré dans cet enfer. Un court roman, fort, dérangeant dont on ressort écoeuré, mal à l'aise et au bord du malaise. Un roman témoignage à la fois de l'exploitation de la misère humaine, de la détresse de ceux qui rêvaient du miracle américain mais également d'un auteur sur le fil et qui se suicidaire 3 ans plus tard
Commenter  J’apprécie          172
Je ne connaissais pas l'histoire des "boarding rooms" à Miami, ces "asiles" où étaient enfermés les exilés cubains qui devenaient, à leur arrivée aux Etats-Unis dans les années 70-80, des sortes de parias placés par leurs familles dans ces institutions, à défaut de pouvoir (et de vouloir) les aider à s'intégrer dans la société américaine. Ce court roman (120 pages environ) relate donc l'histoire d'un jeune homme, William (l'alter-égo de Guillermo Rosales), qui va passer des années dans un de ces "boarding rooms". Ce dernier y raconte son quotidien, mais aussi et surtout les magouilles du propriétaire des lieux (qui vole les pensions des locataires), son manque d'humanité et la descente aux enfers de certains exilés cubains qui ont quitté la dictature castriste et échappé à la misère, mais qui doivent faire face à présent à l'incompréhension, voire à l'abandon de ceux qui les ont précédés. Pas étonnant que ce roman ait longtemps été "échangé sous le manteau". Avec force et violence, "Mon Ange" dénonce le désoeuvrement et le désespoir de l'exilé.
Commenter  J’apprécie          160
Une fois n'est pas coutume je commencerai par vous parlez de l'auteur car il le faut pour comprendre au mieux cette oeuvre terrible.

Guillermo Rosales est un écrivain cubain né en 1949. A l'instar de son personnage, William Figueras, il a fuit Cuba pour trouver refuge comme beaucoup de compatriotes à Miami et porte sur "ces triomphateurs" un regard qui n'a rien de tendre. Considéré comme schizophrène dès son plus jeune âge, il va errer d'hôpitaux en foyers et finira par mettre un terme à sa vie après avoir détruit presque la totalité de son oeuvre. Il ne reste que deux romans et quelques nouvelles.

Il y a dans Mon ange une forte teneur autobiographique. William Figueras, arrive la fleur au fusil à Miami pour ne rencontrer qu'une seule fois les membres de sa famille exilées qui ne veulent pas de ce canard boiteux qui entend des voix. Seule sa tante, l'hébergera durant trois mois avant de céder à la pression et de l'envoyer dans un "boarding home", sorte d'asile pour les reclus de la société. On sent pourtant bien qu'il n'y a pas sa place ce jeune homme intelligent, féru de littérature qui se promène avec son recueil de poésies anglaises mais rien ne peut arrêter la machine à broyer de cet univers hallucinant ...

C'est un roman bouleversant dont on ne se remet pas facilement et qui me hantera longtemps. Prendre conscience du sort de ces laissés pour compte et les voir se heurter à ses murs d'injustice et d'incompréhension les entraînant dans une spirale de folie et de violence sans aucun espoir d'en sortir ... C'est dur, révoltant, ça interroge ... Il fallait le vivre de l'intérieur, il fallait l'écrire !
Lien : http://depuislecadredemafene..
Commenter  J’apprécie          144
Il y a du Kafka dans ce roman court et dense où se mêlent des prédispositions à la folie et les bouleversements mentaux induits par la dictature castriste dans l'île de Cuba. Extrêmement bien écrit, cet ouvrage reste modéré dans le ton.
Commenter  J’apprécie          110
Fort... Humaniste. Un vrai poète qui nous donne des nouvelles d'un front de la vie qu'il aura expérimenté et transcrit pour nous. Charge sans appel contre la culture des vainqueurs.

D'autres extraits de ce livre coup de poing, ci-dessous
Lien : https://filsdelapensee.ch/
Commenter  J’apprécie          90
Un boarding home, à Miami, c'est théoriquement une pension, un internat, mais c'est en réalité une sorte de prison pour réfugiés cubains fous, handicapés mentaux, vieux, tous reniés par leur famille.
Lorsque William, écrivain raté amateur de poésie, ex révolutionnaire castriste désillusionné, y est placé par sa propre famille, car il souffre d'hallucinations auditives, il ne se fait pas d'illusions : « je savais que ce serait mon tombeau ». Son regard lucide, détaché et froid sur l'insalubrité des locaux et sur les violences quotidiennes qu'y subissent ces personnes sans défense et sans ressources, est absolument glaçant. On est proche de l'ambiance de « Vol au-dessus d'un nid de coucou ».
Il y perdra ses dernières illusions, lorsque lui sera volée l'opportunité de vivre une vie normale de citoyen.
A travers le personnage de William, Guillermo Rosales nous offre un témoignage sidérant de sa propre expérience dans un de ces lieux inhumains.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (247) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
140 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}