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EAN : 9782850565717
Somogy - Editions d'Art (15/09/2002)
5/5   1 notes
Résumé :
Originaire de Hongrie, Endre Rozsda (1913, Mohacs-1999, Paris) accomplit l'essentiel de sa carrière de peintre et de dessinateur à Paris. Dès 1939, il y fait la connaissance de Arpad Szenes, Istvan Hajdu, Vieira da Silva, Giacometti, Max Ernst, Picasso, et se lie d'amitié avec Françoise Gilot. La répression soviétique du soulèvement hongrois de 1956 le contraint à un exil définitif. André Breton préface le catalogue de sa première exposition parisienne dès 1957. À l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai eu la chance de recueillir ce beau livre, tout neuf, cet été. Il m'attendait dans un dépôt sauvage d'ordures en même temps que 22 CD intacts de Maria Callas. Malheureusement je n'ai jamais contemplé ses tableaux de près.
L'oeuvre de Rozsda n'est pas seulement surréaliste, elle est tellement spéciale que j'ai plongé dans l'ouvrage immédiatement laissant les disques pour un ami mélomane.
Le peintre franco-hongrois a beaucoup écrit lui-même pour expliquer sa démarche. C'est le temps que Rozsda cherche à saisir. C'est l'oubli qu'il ordonne pour comprendre le chemin parcouru, celui des misères mais aussi des délices. Ce temps est multicolore et surtout lumineux.
Ses oeuvres tardives ressemblent à un amoncellement inimaginable, à un maquis dense de détails. Mais le spectateur arrive à y respirer et éprouver un réel plaisir du regard grâce à l'émotion qu'elles dégagent.
J'ai vraiment apprécié cet album, admirablement construit, auquel plusieurs auteurs, poètes et écrivains ont contribué, et entre autres Érik Orsenna. Il éclaire sur différentes périodes et nombreuses activités de l'artiste qui est parallèlement dessinateur et photographe. J'en ai tiré beaucoup de citations, ne rechignant pas devant leur longueur, pour faire partager mon enthousiasme et notamment pour faire connaître aux autres les investigations historiques qu'il contient.
La première période de Rozsda, où il incarne remarquablement des femmes âgées et des mendiantes, lui apporte le succès tout en le rangeant au postimpressionnisme hongrois. Brusquement, sous l'effet d'un concert de Béla Bartók, la vétusté de son propre style lui saute aux yeux. En 1938, il part à Paris, il se lie d'amitié avec Françoise Gilot, la future compagne de Picasso, à qui il donne des cours de peinture. Rozsda fait également connaissance avec Max Ernst, Alberto Giacometti, Raymond Queneau, André Breton. Sa peinture se transfigure au contact des surréalistes. Puis au cours des années 1960 il change encore et évolue vers l'abstraction lyrique d'une minutie et d'une richesse exceptionnelles. Il s'éternise devant une seule toile. Aléatoire à lui-même, il y met tout en vrac pour observer comment les choses s'accordent, s'accolent et s'arc-boutent. Et pour en revenir heureux comme un dieu.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Au début de l’année 1938, il [Rozsda] assiste à un concert de Bartok. Le compositeur, accompagné de sa femme, interprète l’une de ses propres œuvres : Sonate pour deux piano et percussions. À la manière d’une solution chimique, la découverte de la musique de Bartok cristallise toutes les questions qui l’agitent alors, les rendant à la fois plus précises et incisives. Il raconte : « Je m’étais assis à un endroit d’où je pouvais voir les mains de Bartok. J’étais ébloui. Je n’avais jamais pensé à ce que la musique aurait pu être au-delà de Bach, de Mozart, au-delà de Moussorgski. J’étais absolument ivre de cette musique. […] J’ai compris à ce moment-là que je n’étais pas le contemporain de moi-même. J’ai compris que j’étais en dessous de cela. Je croyais que j’étais un bon peintre, mais en fait ma peinture pouvait exister sans moi. J’ai pensé : « Si je meurs, rien ne manque. C’est une petite couleur qui s’en va ». »
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Au début des années 30, comme certains Hongrois de confession juive, Rozsda, qui s’appelait alors Endre Rosenthal, avait choisi de changer officiellement de nom. Il avait opté pour un patronyme peu courant : Rozsda, nom commun hongrois signifiant « rouille », à la fois couleur et oxydation. Couleur du règne minéral et des oxydes plus que du spectre solaire. Corroder, attaquer la surface en piqûres, taches ou plaques : points, lignes ou aplats. Curieuse coïncidence entre la manière dont la rouille se développe et celle dont, quarante ans plus tard, Rozsda envahira la surface de la toile avec une technique qu’il fera sienne jusqu’à la fin de ses jours.
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En lui [ Rozsda] le dessinateur et le peintre sont presque totalement différents, et mènent des activités parallèles semblant aboutir à des univers visuels sans rapport l’un avec l’autre.
Les tableaux de sa maturité sont la négation du vide. […] En voyant pour la première fois ses dessins, on découvre au contraire des figures évoluant librement sur un fond neutre, ouvert, désencombré des amalgames les empêchant d’être distinguées nettement. […] Certains dessins représentent ses propres réflexions sur la vie, d’autres intègrent d’ailleurs le morceau d’écriture qui a inspiré la figuration. Deux anatomies, avec des phrases calligraphiées sur le torse et les cuisses, portent cette indication : « Hier, j’ai pensé qu’il serait bon de mourir. Seulement, aujourd’hui, je me suis aperçu que je n’existe plus depuis longtemps. Voilà, je suis délivré. »
(Extrait d’un texte de SARANE ALEXANDRIAN publié dans ce beau livre sous la direction de David Rosenberg)
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Lorsqu’on lui dit qu’il bâtit ses tableaux, il répond : « Il n’en est pas question, car c’est le tableau qui me bâtit. Il me transpose de telle manière que je suis différent en terminant une toile de ce que j’étais en la commençant. Je suis la Parque qui tresse le fil du temps, qui crée les choses, mais non celle qui les achève. » Il ne sait jamais à l’avance ce qu’un tableau va devenir. Il n’y a pas de plan préalable. L’œuvre émerge et prend forme peu à peu, avec le temps. Il lui faut parfois plusieurs années pour peindre un tableau : « Le tableau est fini quand il se détache de moi et prend son vol. S’il est réussi, il existe par lui-même ; il possède son verbe, sa conception, son orbe. Il est né. »
Voyant, il attend et espère l’instant où il sera vu à son tour : « De mes souvenirs et de la lumière, je fais un tissu dense que je contemple jusqu’à ce qu’il s’anime, me rend mon regard et se dresse en face de moi. »
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FRANÇOIS LESCUN
ROZSDA
(extrait d'un vaste poème dédié à l'artiste peintre)

Fuse la vie
[...]
Ici une voûte ogivale
travaillée par les flammes de ses racines
projette en plein ciel
ses nervures de fluor

rien qu’un tour du caléidoscope
un fourmillement de vitraux
une rosace aux pivots de musique
Fugue de marottes à clochettes
fugue de phallus
fugue de coquelicots
échevelés par la brise estivale
[...]
Fuse la vie
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