Pour le lecteur, le fil rouge, c'est celui de la vie de Julia qui se reconstruit pour nous page après page, puzzle douloureux dont chaque voix délivre une bribe. le fil rouge, c'est aussi celui de la peur, qui enferme et capture les vigognes, ces animaux insaisissables qui survivent proches des sommets désertiques des Andes, là où le ciel est pur mais la nourriture rare.
Dans les années de la dictature de Videla, Julia s'est résolument dressée. Pour cela elle a été emprisonnée, a du fuir et revenir, pour finir par disparaître. Entre les pages secrètes de son journal et les voix de ceux qui l'ont connue, qui l'ont aimée ou détestée, parfois crainte et prise pour folle, nous apprenons petit à petit à la connaître, même si au bout du récit, elle nous échappera encore.
Publié pour la première fois en 1998, Un fil rouge est un récit à la recherche de la mémoire, celle d'un personnage et celle de tout un peuple, tissée avec les fils amers de l'Argentine d'aujourd'hui. L'histoire est un labyrinthe où chacun fait son chemin. Prison, souffrance, vol d'enfant, exil, mais aussi amour et amitié, révolte et espoir jalonnent celui de Julia dans lequel Sara Rosenberg nous entraîne et où résonne aussi sans doute sa propre histoire, ayant elle-même connue la prison en ces années de dictature.
La splendeur et la profondeur de la voix qui s'élève, mêlant exaltation, nostalgie, révolte et lucidité a quelque chose de désespérant, mais elle ne semble ni se résoudre au désespoir ni se noyer dans un pessimisme cynique.
Il y a tout au long de ce Fil rouge, des mots et des images qui peuvent nous hanter et nous éclairer, sans complaisance aucune. Au delà du fil de la peur, il y a celui de la mémoire. le démêler est pour chacun un travail nécessaire. Vital, même et surtout lorsqu'il réveille douleur et colère. C'est dans cette aventure que nous entraîne irrésistiblement Un fil rouge.
J'ai asisté à une conférence où Sara Rosenberg était invitée; je ne la connaissais pas. J'ai beaucoup aimé sa manière de parler de l'écriture, de son pays l'Argentine,sans excès, avec beaucoup de sincérité et de sensibilté surtout quand elle évoque la dictature, période traumatisante. c'esst donc avec le plus grand plaisir que j'ai acheté ce roman qui n'est pas récent mais qui est très émouvant...je le termine vite !
J'ai bien aimé le roman de Sara Rosenberg et je ne change rien à ma présentation qui est identique à l'impression que j'ai eue lors de la rencontre littéraire mais comme bien souvent.... j'ai l'impression que le roman perd de sa force quand il est traduit.....dommage l'édition espagnole est introuvable...Bonne lecture !
Un moment passionnant avec en plus la rencontre avec l'autrice mais il y a déjà quelques années. Sara nous a fait vibrer avec l'Argentine.
Je l'entends encore dire : "La ville nous appartient et nos devons l'occuper avec la vie et l'art. Les murs et les places sont à nous, les toits sont la propriété de ceux qui ont des choses à dire au ciel".
Temps des rapaces humains bien implantés. Temps de pénurie et de bonheur de supermarché, vitrines pleines de produits identiques, en masse. Aux coins des façades bien propres, dorment, recroquevillés, des petites silhouettes errantes, ces formes sombres présentes dans toutes les villes.
Il semblait si difficile de dire non. Savoir dire non. On assimilait toujours cette difficulté à une carence intérieure où à une espèce de lâcheté innée qui rendait suspects tous ceux qui doutaient de quelqu'un ou de quelque grande vérité du moment.
Habiter quelque part n'a jamais été simple et les frontières que nous avons essayé d'ignorer se sont imposées partout sur cette terre, chaque jour plus sanglantes et abyssales.
La tendresse est un acte de résistance civile.
Que signifie l'expression "jeter un froid" ?