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Citations sur On n'est pas là pour disparaître (25)

C’est trop compliqué
d’être un homme
de travailler de dialoguer de s’étonner de sourire
d’encaisser sans rien dire
de ne pas douter
de soi
des autres
c’est compliqué
d’être curieux d’être ouvert d’être attentif d’être prêt
au meilleur comme au pire
de supporter
la douleur l’abandon la déception la jalousie
c’est compliqué
d’aimer
d’être sûr de soi
d’être rassurant
d’être fort
c’est compliqué
de ne pas en vouloir aux femmes
à toutes les femmes
d’éduquer des enfants
de rester là
de regarder la télé
d’un air détaché
de réprimer ses désirs
de faire comme si c’était normal
comme si c’était normal de vivre
et de mourir
comme si ce n’était pas révoltant
humiliant
désespérant
comme si on n’avait rien de mieux à faire
qu’attendre
c’est compliqué
d’accepter la mort
de ses parents
de ses amis
et bientôt la sienne
de ne pas succomber à la panique
à la lâcheté
c’est compliqué
d’être propre bien habillé correct présentable
de se contrôler
de se maîtriser
de se contenir
de se respecter
de manger avec des couverts
de boire dans des récipients
de se lever
de se coucher
de chier aux bons endroits
et à heures fixes
de se raser
de bricoler
d’être tolérant d’être indulgent
d’être humain
c’est compliqué
de comprendre ou de cacher quand on ne comprend pas
d’être ingénieux ou de cacher quand on ne l’est pas
de s’habituer ou de cacher quand on ne s’habitue pas
d’être furieux sans le montrer
d’être triste sans le montrer
d’être seul sans le montrer
d’être là plutôt qu’ailleurs
d’être prisonnier
c’est si compliqué
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Il y a trop de maladies, beaucoup trop. Et il y a aussi trop de médecins. S'il y avait moins de médecins, certaines maladies ne porteraient pas de nom. On ne les connaîtrait pas. Elles flotteraient dans l'univers vague des maladies non identifiées et on pourrait ainsi être sûr de ne pas en être atteint.
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C'est bizarre d'éprouver le manque de quelque chose qu'on ne connait pas. D'habitude, quand quelque chose manque, on sait ce que c'est, c'est d'ailleurs pour ça qu'il ou elle manque. Le manque, c'est quand on me retire une chose dont je sais qu'elle m'est nécessaire et dont l'empreinte reste en moi vivace. Mais là, c'est autre chose, un manque flottant, un manque profond que je ne peux pas circonscrire. C'est pire, bien pire, parce que j'ai beau réfléchir, je ne sais pas ce qui me manque.
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Il y a des moments où les choses, en perdant le nom qu'elles portent, s'éloignent. Si je ne fais pas des efforts acharnés pour les retenir, je finirai par les perdre toutes. Toutes les choses.
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Il y a autour de moi des objets, je crois qu'ils m'étaient familiers mais ils ne me disent rien, ne me parlent plus. J'ai beau tendre l'oreille pour écouter ce qu'ils murmurent, je ne les entends pas. Je crois que je deviens sourd, c'est cela, je deviens sourd.
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il y a des moments où les choses, en perdant le nom qu'elles portent, s'éloignent. Si je ne fais pas des efforts acharnés pour les retenir, je finirai pas les perdre toutes. Toutes les choses.
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C'est la première chose qui frappe quand on entre (dans un hôpital psychiatrique), la manière dont le silence s'est emparé des lieux, s'est insinué dans les interstices, comme si le silence était une chose palpable, vivante et vibrante, la dernière chose vibrante de cet univers carcéral.
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Je peux décrire comment ça se passe je peux c’est quand je cherche un mot ou un nom je sais que je l’ai connu mais je n’arrive pas à le faire venir chaque fois que je m’approche il s’éloigne il s’enfonce il tombe c’est comme un trou dans lequel les mots les uns après les autres s’engloutissent je m’efforce je descends je plonge vers eux pour les rattraper et les faire sortir à la lumière mais beaucoup m’échappent beaucoup chutent dans le tourbillon je suis obligé de trouver des substituts
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p. 80 On a une confiance illimitée en la vie. Tant qu’on ne tombe pas gravement malade, on croit que cela n’arrivera pas. Qu’on ne tombera pas malade. Qu’on ne mourra pas. Plus exactement, tout en sachant que cela forcément arrivera, on ne peut pas se projeter dans cette certitude. On ignore, avec une facilité déconcertante, la certitude de la mort.
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il gratte contre le mur, c’est à cause de moi, je vais le laisser seul le moins longtemps possible, lui expliquer pourquoi je suis obligée de l’enfermer, le médecin m’a dit que je pouvais lui expliquer, il paraît qu’il peut comprendre parfois, il ne faut pas hésiter à lui dire, on ne peut pas vivre comme ça, l’un enfermant l’autre pour sa sécurité, on ne peut pas, ça ne marche pas, ça ne sert à rien, l’amour est impuissant, ça ne sert à rien d’aimer quelqu’un, de l’avoir aimé, l’amour n’est pas plus fort que la mort, c’est une illusion qui se dissipe dès que la maladie arrive, c’est trop dur, je n’ai pas assez de force, l’épreuve est trop difficile, c’est trop difficile d’enfermer l’homme qu’on a aimé et de l’entendre gratter de l’autre côté comme une bête
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