Un beau moment poignant de lecture grâce à mes « camarades » -libraires,[*** « Caractères » / Issy-les-Moulineaux ] qui m'ont prêté en avant-première, le S.P du « dernier-né » de Tatiana de Rosnay… Ce roman sortira en librairie à la mi-mai [2021 ] !...
Une toute première, car à mon regret , en dépit d'une curiosité constante, je n'ai encore jamais lu cette auteure…voilà qui sera « réparé » !!
Un jeune homme, Martin, orphelin de mère, bien sous tous rapports, solitaire, rêveur, dans un rapport distant, dénué de compréhension ,avec son père ; lui, brillant avocat, amateur de jolies femmes, semblant plutôt encombré avec « sa paternité ».
Dans ce désert d'affection, le jeune homme, un jour, finit par descendre de « ses nuages »..Ilest intrigué par une femme S.D.F, Titine, Célestine…se trouvant sous un porche, à proximité de son domicile… Ils vont
s' apprivoiser l'un l'autre…Une grande affection va naître entre ces deux-là, deux grands solitaires,« orphelins » chacun à leur manière !
Ils vont beaucoup parler… se rendre compte qu'ils ont un point commun et pas des moindres : L'Ecriture !
Célestine écrit un Journal intime que Martin est fort curieux de lire… de son côté, martin a un auteur de prédilection ou plus exactement en « idée fixe »:
Emile Zola… Se désintéressant des études, sauf en philosophie, où il continue à avoir des résultats très satisfaisants, il s'enferme dans sa chambre et écrit , « tente « d'écrire son « premier roman »… avec, bien sûr, comme fil conducteur,
Zola !
En dehors de l'affection naissante et grandissante de ces deux-là, l'auteur fait progresser la narration, en donnant la parole « aux sans-voix » , aux « Invisibles » de notre société !!
“Longtemps, il la regarde dormir, ressassant les mêmes questions, celles qu'il rêve de lui poser: qui est-elle ? Pourquoi a-t-elle abouti là? A-t-elle eu des enfants, un mari, un homme qui l'aimait, et pourquoi est-elle seule maintenant ? Pourquoi a-t-elle choisi de vivre rue du Bac ? Et l'hiver, comment fait-elle pour dormir, pour manger ? Elle doit, comme tous ceux qui vivent dans la rue, redouter l'approche du froid, des nuits qui tombent tôt, des jours qui se lèvent tard.
Martin ne peut plus regarder les SDF comme avant, ou plutôt il ne peut plus ne pas les regarder. (...)
On ne peut leur donner d'âge, car ils sont sans âge, sans identité, sans domicile. Martin se dit qu'il y en a tant, à
Paris, des Gaspard de Verneuil, des
Célestine du Bac, qu'on finit par ne plus les voir, par devenir détaché à leur égard. (p. 64)”
Je n'en dévoilerai guère plus… car il y a un vrai suspens, à l'intérieur de cette histoire qui prend l'allure d'un conte ou d'une fable. Célestine, très malade, aimant Martin comme un « fils » veut l'aider et lui laisser des choses positives pour avoir envie, enfin, avoir l'envie d'envisager « Un Avenir ». elle lui demande de lui confier trois de ses souhaits les plus chers…
Une histoire émouvante entre deux solitaires qui n'avaient, au demeurant, pas la moindre chance de se rencontrer et encore moins de se côtoyer !!! Mais l'Existence offre quelques rencontres-miracles qui changent toute une Vie, ce qui sera le cas pour ces « deux-là »…
En lisant avec émotion et curiosité ce roman, une autre fiction m'est revenue à l'esprit, fiction très voisine dans ses thématiques. Il s'agit du premier roman d'une jeune autrice,
Célia Samba, «
La rue qui nous sépare »…
Une légère gêne au début de ma lecture et puis je me suis laisser entraîner par cette nouvelle histoire, à rebondissements… avec une enquête « familiale » en prime, concernant la mort brutale de la mère de Martin dans un accident d'avion !
Une chose est sûre : Il reste nécessaire, très important que des livres donnent la parole régulièrement à ceux qui, un jour, ont tout perdu… et nous rappeler à l'ordre dans nos conforts et quotidiens bien balisés ; Rappels à la vigilance et à un minimum d'empathie envers « notre » voisin !
A la fin du roman, se trouvent « classiquement » les remerciements de Tatiana de Rosnay envers ceux qui l'ont aidée et encouragée dans cette publication, avec une note supplémentaire sur la genèse de ce manuscrit, nous apprenant, qu'il fut « en hibernation » très, très longtemps , rédigé entre 1990 et 1993…il a resurgi à l'occasion d'une einième déménagement…
Une jolie couverture noir et blanc ou plus exactement, baignant dans une sorte de « grisaille lumineuse »,ce qui pourrait paraître contradictoire ; cliché représentant un jeune homme assis en équilibre sur un bord de fenêtre, donnant sur les toits de
Paris. … Photographie nous donnant très justement l'ambiance, le ton de l'Histoire : poétique, tendre, nostalgique…dans une solitude sereine… regardant de « haut » le spectacle du monde !!