Pascaline a 40 ans, elle exerce le métier d'informaticienne.
Après son divorce, elle trouve un petit appartement de deux pièces à Paris.
Lors de sa première visite, elle est enchantée par les lieux bien éclairés, dans un quartier calme. Elle peut redémarrer une nouvelle vie.
Dès le début de son installation, elle apprend que son appartement a fait l'objet d'une scène de crime.
A partir de ce moment, sa vie va se transformer en enfer : elle va ressentir des impressions plus que désagréables à l'intérieur de ses murs. Son passé, ses angoisses vont resurgir et engendrer une souffrance insoutenable.
L'ambiance du roman est lourde, le personnage central trop englué dans ses problèmes pour que j'aie apprécié le roman. Et pourtant, ce n'est pas la première fois que Tatiana de Rosnay donne une importance aux lieux dans lesquels habitent ses personnages.
Dans"Rose", nous étions en compagnie d'une charmante vieille dame qui ne voulait pas quitter son appartement pendant les travaux de Haussmann, dans "Le voisin" , nous étions en plein suspense avec l'habitant situé au-dessus de l'appartement de notre héroïne, dans "Elle s'appelait Sarah", la petite fille était revenue dans le logement où son petit frère avait été caché.
On peut dire que les habitations occupent une grande place dans quelques romans de l'auteure.
Ceci n'est pas un défaut mais une particularité.
Je dois rendre une vérité au récit :
Allez expliquer pourquoi un grand nombre de personnes se sentent tout de suite bien ou mal quand ils pénètrent dans certains lieux et je l'affirme : c'est mon cas et j'en ai déjà parlé avec d'autres. Parfois, on sait pourquoi, parfois pas. Mystère...
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Première lecture de Tatiana de Rosnay et première surprise.
Comme le nom de cette auteure sonne doux à mes oreilles, je m'étais imaginé une plume paisible et sereine.
Dès la lecture de la quatrième de couverture de la mémoire des murs, j'ai bien imaginé qu'il n'en serait pas ainsi. Mais je n'ai pas pensé que je puisse entrer et vivre dans l'horreur et la folie absolue des premières aux dernières pages.
Tout est noir dans ce roman : les lieux, les personnages, les situations, les émotions. L'air ambiant est pesant et le souffle nous manque.
On aimerait faire une pause, ouvrir une fenêtre sur un soleil d'été étincelant. Impossible. Tatiana de Rosnay nous capte, nous triture, nous torture, nous jette et revient nous chercher. Inlassablement.
Ses mots s'adressent à la part la plus intime de nous-mêmes pour nous forcer à lever les yeux et regarder la réalité si sordide parfois.
On plonge dans un fait divers aux côtés de la folie de Pascaline. Et on essaie de se démener, de surnager pour l'empêcher de sombrer (et nous avec). Mais en vain. On assiste au naufrage.
Et on pleure devant notre impuissance.
Impuissance qui n'est pas celle de l'auteure qui, d'une main de maître, fait jaillir un univers dépaysant et dérangeant à souhait.
La mémoire des murs me donne envie de découvrir l'histoire des lieux que je hante à longueur de journées et de nuits. Que vais-je y découvrir ?
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Rue Nélaton. Il ne subsiste rien du Vél d'Hiv. C'est une annexe du ministère de l'Intérieur qui le remplace, une sombre bâtisse moderne qui mange tout un côté de la rue. En face, des immeubles anciens, datant de 1890, de 1910. Des immeubles qui ont tout vu de la rafle. Des immeubles qui devaient se souvenir. Il m'a semblé que les bâtisses dans mon dos exsudaient une tristesse indicible, et qu'il n'y avait que moi pour capter leurs stigmates. Il n'y avait que moi pour écouter et comprendre la mémoire des murs.
Chaque lieu avait désormais une histoire, son histoire, ses drames, ses peines. J'avais peur, une peur bleue, peur du bagage émotionnel d'un lieu de vie. Il me semblait que j'étais devenue une sorte d'éponge, de buvard, une antenne qui captait de façon surnaturelle tout ce qui s'était passé dans une maison. En pénétrant dans un appartement inconnu, j'ai constaté une chose étonnante : j'étais sensible aux odeurs, et ce que mon odorat débusquait en franchissant un pallier étranger reflétait aussi, à sa façon, un pan du passé. Des relents sucrés, lourds, fanés, faisaient surgir des histoires d'alcôve flétries, répugnantes, usées par les années; des effluves poussiéreux, faussement propres ; mêlés à des substances de cire liquide pour parquets, de nettoyant javellisé pour cuisines, ressuscitaient des intimités dont je ne voulais rien savoir : des cohortes de ménagères acariâtres, des conflits familiaux le matin au petit déjeuner, des maris grognons et nonchalants, comme le mien l'avait été, et une armada d'adolescents bruyants aux doigts gras qui maculaient les murs des couloirs.Il y avait aussi des odeurs qui me prenaient à la gorge, des exhalaisons de renfermé, de vie figée, de mouvements pétrifiés, et c'était ces odeurs là, ces odeurs étouffantes que j'avais appris à craindre, car je me doutais qu'elles avaient un lien avec un drame, un crime, un meurtre. "
J'ai fini par constater une chose bizarre. Au bureau, je me sentais bien. Ni frissons, ni nausée. Le vertige me prenait dès que j'arrivais chez moi. Je refusais de croire que c'était lié à mon appartement. Cet appartement, c'était mon nouveau départ. Ma nouvelle chance. Rien ne pouvait les gâcher. Alors je faisais avec.
Helena allait sur ses six mois. Elle était en pleine santé. C'était un samedi de mars. Pluvieux. Pas froid. J'avais promis d'accompagner maman au cinéma. Frédéric préférait rester à la maison, suivre un match de football à la télévision. Il garderait notre fille. Il se débrouillait bien avec les biberons, le bain, les couches. Je lui faisais confiance. Le film était un thriller américain. Le fils Douglas. Une actrice blonde qui décroisait souvent les jambes, vêtue d'une jupe courte. Une intrigue bien ficelée. Je n'ai jamais revu ce film. Je n'ai pas non plus vu les autres films de l'actrice blonde et du fils Douglas. Quand ils passent à la télévision, je zappe.
Maman avait faim, après le film. Nous sommes allées dîner dans un bar à vin, près du cinéma. Je n'y suis jamais retournée. Pendant le repas, j'avais pensé téléphoner à Frédéric, voir si tout allait bien. Il allait encore ronchonner, se plaindre que je ne le pensais pas capable de s'occuper de sa fille. Je n'ai pas téléphoné. Il n'y avait aucune raison de le faire. Tout allait bien. Je me sentais détendue. Contente de passer un moment avec maman, que je voyais peu. Contente de retrouver mon beau mari, ma belle petite fille, tout à l'heure. J'avais vingt-cinq ans. Tout allait bien dans ma vie.
Il y a quinze ans, il n'y avait pas de téléphone portable. Que ce serait-il passé ce soir là, si on avait su comment me joindre ? Ça n'aurait rien changé. À l'heure où je prenais mon dessert, Helena était déjà morte.
J'ai toujours été attirée par les maisons, les appartements, leurs secrets,.leurs mystères. Comment, lorsqu'on entre dans un endroit, on peut s'y sentir merveilleusement bien ou, au contraire, horriblement mal. Je ne parle pas de fantômes, d'apparitions, simplement de la sensation puissante qu'une demeure peut exercer sur vous, malgré vous.
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