Que penser de ce voisin... mmm...Bien, en réalité, l'idée de départ m'a plutôt séduite: Colombe Barou cherche un appartement pour s'installer avec son mari, très souvent en déplacement (le travail...paraît-il), et ses jumeaux, Oscar et Balthazar. Elle trouve l'objet de ses rêves, un endroit calme, spacieux et lumineux, tout ce qu'il lui faut pour paufiner ses manuscrits (Elle est nègre dans une maison d'édition).
La petite famille s'installe. Quelques jours plus tard, Stéphane, le mari, part travailler et s'absente, comme à son habitude. Et là, les problèmes commencent pour la gentille Colombe.
le voisin du dessus, le mystérieux docteur Faucleroy, un homme apprecié de tous et couvert de louanges, va bouleverser sa vie. Il va pourrir ses nuits, avec sa sono et sa musique.
Trois heures du matin... les Rolling Stones...
Trois heures vingt du matin... jour suivant... toujours les Rolling Stones...mais cette fois-ci, c'est Angie qui pointe son nez..
Sympathy for the Devil prend la relève...
Peut-on vraiment sympathiser avec le diable sans pactiser avec lui?
C'est sur cette ambiguité que se joue l'intrigue. A priori, Colombe va "péter un plomb". Faucleroy devient "l'ennemi". Colombe explique à son mari, lors de son retour, ce qu'il s'est passé. Comble de l'horreur, rien n'arrive lorsque le mari est là...comme par hasard. Colombe se débat, elle lutte, elle s'obnubile et devient littéralement obsedée par le bon docteur. Chose étrange, elle ne le voit jamais, et nous non plus.. comme s'il n'existait pas vraiment, comme s'il ne pouvait s'agir que d'un fantasme, le fantasme d'une femme mal dans sa vie qui s'invente des histoires pour mieux supporter le quotidien...
Le gentil docteur jouerait-il au chat et à la souris, ou à la patiente et au docteur?
Quoi qu'il en soit, la femme "bobonne", empêtrée dans sa serpillère et son balai, dans sa routine plan-plan (c'est elle qui le dit!), bien gentille et timide, écrasée par l'autorité de sa petite soeur Claire, va au fur et à mesure se tranformer en une femme plus liberée, plus sexe et sexy. le manque de sommeil semble paradoxalement lui donner et lui offrir la possibilité de s'interroger sur sa vie et de changer.
Tout au long du roman on se sent sur le fil: cette femme se transforme, on observe sa mue. Elle semble grandir, s'affirmer, et en même temps se fragiliser, remettre tout ce qui compose sa vie et son existence en question. Elle est au bord du gouffre, et aussi au début d'un nouveau chemin. C'est cette ambiguité, cef oscillement qui me plaît, ou plutôt qui m'a plu.
Mais tout s'est très vite dégradé sur la fin, que je n'ai vraiment pas aimée
Colombe finit par rencontrer son docteur, on se rend compte d'une manière sûre, qu'elle a eu une relation avec lui, qu'elle s'était comme dédoublée, que la femme qu'elle entendait gémir de plaisir dans la chambre du dessus certaines nuits, c'était elle, et je ne sais pas, ça a rompu le charme pour moi, le fait qu'elle ne soit pas folle, qu'elle ne se soit pas inventée ce personnage de Faucleroy. Qu'il existe en dehors de son esprit, qu'elle le rencontre, pour moi, ça a cassé l'oscillation dont je parlais précédemment. J'aurais préfèré qu'elle l'ai imaginé, qu'elle soit dingue quoi. En plus, je trouve le personnage du docteur bâclé. Un type manipulateur, étrange, beau, mais incompréhensible.
Beaucoup de questions restent en suspend. Pourquoi avoir joué avec Colombe? Pourquoi tout cela? Est-ce vraiment réaliste? Je ne sais pas, je n'adhère vraiment mais vraiment pas à la fin qui casse complètement le charme qui se dégageait jusque là très bien du roman. Je ne l'aurais pas fait "réel" ce personnage, j'aurais fait de Colombe une dingue, ça m'aurait plus touché.
Voilà...
Qu'en pensez-vous?