(note personnelle : Rosny se permet, surtout au début de l'ouvrage, quelques digressions, dont voici deux exemples)
La servitude a pris, à notre époque, une forme plus douce sans cesser d'exister. L'instinct grégaire des hommes n'est pas un instinct heureux. Les guerres, les révolutions, l'ignorance des masses, leur crédulité a fait de nos sociétés un enfer. Beaucoup, et des meilleurs, pour échapper à la contrainte des lois civiles, aux misères matérielles, et surtout aux misères sentimentales, se réfugient dans des ordres religieux où ils subissent du moins un esclavage volontaire.
[...]
Mais poussez un peu plus loin, forcez la division du travail, faites de l'ouvrier un automate, de l'intellectuel un impuissant, du guerrier une brute, de tous, des libérés de la nature, diminués, corrompus, vicieux, et loin d'avoir rempli l'appel de la destinée, vous aurez abîmé un corps et déformé un esprit. Les essais collectivistes les plus récents sont arrivés à des résultats si déplorables que toute la haute humanité les rejette comme une honte.