Nomansland, Angleterre, XIXème siècle. le jour même où Pell Ridley devait se marier avec son voisin, la jeune fille s'enfuit sur son cheval blanc, embarquant son petit frère, Bean, avec elle. Fuir la maisonnée misérable, la fratrie envahissante, la mère fantomatique et le père, prédicateur ivrogne... Pell s'enfuit, refusant la route toute tracée qui était prévue pour elle.
Ne pas se fier à la couverture : la balade sera décidément bien sombre et terre-à-terre : Pell va se retrouver confrontée au problème de sa survie : rapidement les vivres s'amenuisent et il n'est guère facile de trouver un travail lorsque l'on est une fille... Trouver un endroit où dormir, économiser de maigres restes de nourriture, se laver... Tant de dilemmes auxquels devra faire face Pell.
Mais la jeune fille a un caractère d'héroïne. Orgueilleuse, fière, elle sait ce qu'elle ne veut pas devenir : « Je n'ai pas de mari et je n'en aurai jamais ». Ressembler à sa mère, devenir la domestique d'un époux ingrat, cela n'est pas pour Pell.
Point de romance dans ce roman, ou si peu : les êtres se raccrochent par leurs ressemblances : celle d'être des « parias », au fil de sa quête, Pell voyagera avec une curieuse gitane, Esther, elle aussi en marge de la société. Elle rencontrera également un homme, sauvage et curieux, préférant la solitude, la compagnie des bêtes plutôt que celle du monde. Les liens avec les animaux sont d'ailleurs privilégiés dans le roman : Pell aura deux compagnons tout au long de son voyage : Jack, son beau cheval blanc, puis un chien. Les relations avec ses bêtes seront toujours tendres, confiantes, comme pour renforcer la différence avec les humains. Sur son passage, Pell attirera ragots, malveillances, jalousies.
La romance est par contre, dans les paysages de l'Angleterre victorienne, landes rugueuses et magnifiques que Pell traversera et admirera, vivant au grand air.
Pell finira par voir sa quête aboutir, non sans conséquences pour elle-même comme pour sa famille, mais en parvenant à trouver sa « maison », son chez-soi en revendiquant sa liberté et son individualité, tout en refusant le conformisme et le puritanisme de la société de l'époque.
Meg Rosoff n'hésite pas à nous livrer la misère de l'Angleterre victorienne: les asiles pour enfants abandonnés tenus par des soeurs peu enclines à la bonté, les villages miséreux où l'on exploite les plus pauvres.
Quête initiatique,
La balade de Pell Ridley est une belle épopée, très bien écrite, avec une héroïne remarquable et singulière, prête à tout pour affirmer son identité.
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