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EAN : 9782841864140
123 pages
Michalon Editions (30/08/2007)
4/5   1 notes
Résumé :

L'hypothèse est simple : pour présider, il faut désirer ; il faut adorer le contact avec les hommes, mais également aimer le rapport de force, la brutalité. Être capable de se renier. Être écartelé entre la posture machiavélique et la sincérité. Être tour à tour caporal vociférant, père de la nation, bourreau pour les siens, humaniste, savant discret, orateur, tacticien maladr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Loghorée politique
La loghorée politique dont nous avons été abreuvé ces derniers mois a certainement du inspirer François Rosset, puisque son dernier livre, A ma décharge, qui paraît cette rentrée aux éditions Michalon, est tout entier consacré à l'artifice de cette parole, bue pour elle-même. Ce long monologue d'un président de la République, qui cherche à justifier son inaction, son désir, sa personne, ses failles comme ses faux-semblants est un étrange objet, dont l'ironie aiguise chaque paragraphe. Point de volonté de véracité dans ce roman, contrairement à d'autres auteurs qui ont connus les feux de l'actualité pour avoir évoqué les confidences de vrais hommes politiques, mais un travail sur la langue et l'esprit bien plus révélateur que les confidences à deux balles que nous servent tous les commentateurs avisés.

Dans ces propos, qui ligne à ligne, cherchent sans cesse, comme en proie à un délire ou à une angoisse maladive, à justifier le moindre de leurs actes ou plutôt de leurs mots, l'homme politique devient, sous ce prisme, rien de moins qu'un névropathe, plongé dans une faconde sans fin, pour le seul plaisir de parler, de s'expliquer, de chercher à se faire aimer tout en sachant n'être que détesté. Dans cette terrible introspection, dont le lecteur/auditeur est le psychanaliste, il reste à savoir qui est le plus à soigner : nous, électeurs, qui confions notre pouvoir aux mains de ces malades, ou lui, la personne public, qui en vie et en meurt.

"Quand l'idée me vient d'une loi, ou lorsque je me représente une décision qu'il serait bon de prendre, je suis dans l'obligation de parler à l'oreille de mes ministres. A force de ne plus oser penser, ils s'effraient d'entendre."

Encore une fois, François Rosset défile le tramage des folies qui nous gouvernent. En nous plongeant dans la schizophrénie politique, dans ce jeu incessant entre paraître et être, dans cette bouillie de mots qui cherchent, lettre après lettre, à justifier de leur existence, il nous dévoile un pan de la nature humaine. Un livre qui tient plus du récit d'aliéné comme les mémoires d'un névropathe de Daniel Paul Schreber que des mémoires d'un De Gaulle, VGE ou Mitterrand. A moins qu'elles n'aient été, d'un coup, débarrassées de la gangue dont elles sont recouvertes par des armées de nègres. A ma décharge est un objet assurément étrange, parfaitement aliéné, donc parfaitement réussi.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"La forme particulière de ma surdité se combine magnifiquement avec l'ouverture au monde qui est pour la laideur une nécessité. Un chef d'Etat en exercice est un homme doué de plusieurs avatars dont les identités sont connues du grand public, qui sont en place pour des raisons que son corps est le seul à maîtriser. Leurs moues sont les siennes, ses maniérismes sont les leurs. Voici le seul train de vie de l'Etat qui mérite d'être mentionné. Train, c'est-à-dire entrelacs de postures et de gestes issus d'organismes séparés qui se fondent en une manifestation unique, laquelle produit en s'ébaudissant une rumeur mystérieuse comme celle qui indique au héros de la mythologie grecque l'approche d'un monstre. La vie au sommet de l'Etat, raréfiée, cénobitique, sécrète cette créature au faciès changeant, dont le langage demeure inaudible et la gestuelle difficile à analyser, car elle est enfantée par un petit nombre de systèmes nerveux, dont chacun est à soi seul remarquable."



Dans ce délire sans queue ni tête, perce une psalmodie étrange et fascinante de la parole pour elle-même. Cette "tête de l'Etat" qui semble se confier à nous sur le ton de l'intimité et ne fait que parler, parler et parler encore - à elle, bien plus qu'à nous - et qui ne s'écoute pas plus que nous n'en sommes capables, semble une tête folle. C'est là la force de ce court roman, donner à entendre l'autre côté du cerveau. Un roman qui entre dans les circonvolutions du cerveau des malades qui nous gouvernent pour mieux montrer la folie dont ils sont le siège.



"Demain, je dois visiter l'escadre, rencontrer les amiraux. A un moment ils se plaindront, je sais cela. Ils parleront des budgets de l'Etat, comme on fait allusion au voisin que l'on exècre parce que son train de vie éclipse le nôtre - à mots couverts pour ne pas trahir une mesquinerie accablante. Les militaires tiennent le Budget pour un Moloch qui détourne au moyen de son bras articulé cette manne financière dont ils
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