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EAN : 9782707331489
105 pages
Editions de Minuit (01/11/1983)
4.25/5   30 notes
Résumé :
La joie est, par définition, illogique et irrationnelle.
La langue courante en dit là-dessus plus long qu'on ne pense lorsqu'elle parle de " joie folle " ou déclare de quelqu'un qu'il est fou de " joie ". Il n'est effectivement de joie que folle ; tout homme joyeux est à sa manière en déraisonnant. Mais c'est justement en cela que la joie constitue la force majeure, la seule disposition d'esprit capable de concilier l'exercice de la vie avec la connaissance d... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une réflexion ardue sur une émotion volatile. Difficile de conceptualiser - même avec Nietzsche en soutien - sur un état difficilement accessible. La joie se vit plus qu'elle ne s'explique.
Les critiques précédentes sont exhaustives, charpentées et pensées.
Je me contenterai donc dépingler une phrase essentielle, clé de joies simples, à portée des non-philosophes,
"Toute joie parfaite consiste à mon sens en la joie de vivre, et en elle seule." Vivre, s'aviser que le monde existe et qu'on en fait part.
J'ois la joie de bon aloi.
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Un livre à connaitre des mélomanes, des inconditionnels de la musique classique et de la musique rock, amateurs de Mozart et des tragiques grecs (Sophocle, Eschyle).
Ce livre peut être un bon guide pour apprécier une interprétation musicale où on décèlerait un brin d'allégresse teintée de folie retenue. Clément Rosset vous permettra de connaitre la philosophie tragique de Nietzsche et de resituer les concepts qu'il a construits, l'apollinien et le dionysiaque, l'éternel retour, la joie et le tragique, dans des oeuvres musicales et théâtrales .
Clément Rosset, un philosophe contemporain, non habitué des plateaux de télévision qui gagne à être mieux connu, lorsqu'il nous invite à parcourir la galaxie philosophique, à travers la musique, la littérature et le cinéma.
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La force majeure, c'est la joie, selon la conception qu'en a Nietzsche, c'est-à-dire le fait d'aimer le présent qu'il soit jouissance ou souffrance, approbation du vivant jusqu'à la mort. Cette joie de vivre quoiqu' indéfendable car promise à une fin tragique s'appuie sur le gai savoir c'est à dire savoir qu'il n'y a pas de sens à l'existence, pas de dieu, pas de loi. La vie est absurde et tout le reste est illusion.
La béatitude nietzschéenne est pure adhésion à l'existence sans remords ni arrière pensée. La souffrance peut être transfigurée en une épreuve positive, ce qui arrive souvent quand un malade échappe de peu à la mort. La vie lui apparait comme un bien précieux.
La béatitude nietzschéenne est liée à la jubilation musicale, elle a le pouvoir de dire oui au monde. Même chopin est heureux dans le malheur. La musique donne des ailes à la pensée, rend libre parce qu'elle nous apprend à entendre, nous impose de supporter son étrangeté jusqu'à ce qu'on s'habitue à son discours et qu'elle nous fascine. La fascination est un mode d'approbation de la réalité.
Clément Rosset revient sur certaines interprétations de la philosophie de Nietzsche qu'il estime fausses et sur certains concepts il est vrai assez obscurs (éternel retour du même, la volonté de puissance).
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C'est un livre que j'ai lu avec un grand plaisir et dont j'ai surtout retenu l'idée que la joie (c'est elle la force majeure) ne peut s'accompagner que de l'acceptation tragique de l'existence.
Clément fait une comparaison assez jolie avec l'automne qui n'est beau que parce qu'il est éphémère.
Pour Spinoza, il n'existe que deux affections : la joie et la tristesse. Tout le reste n'est que modifications de ces deux affections premières.
Une idée vraiment originale est qu'il nous faut nous méfier de l'universel et de l'idée que nous sommes tous semblables.
Car nous ne sommes alors plus très loin du fanatisme...
Le totalitarisme a besoin de l'assentiment général, alors que la joie se suffit à elle-même...
La vraie joie, pour l'auteur, c'est la joie de vivre.
Rosset évoque ensuite assez longuement Nietzsche et un peu Cioran.
Deux penseurs tragiques. La joie étant plus du côté de Nietzsche.
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Le 12 février dernier, j'étais tout en émoi, je voyais des liens partout, notamment « une parenté d'esprit entre Émile Cioran et Clément Rosset, ce dernier lui ayant même consacré un essai : La Force majeure ». J'ai vraiment écrit ça ! Eh bien non. Je viens de terminer la lecture de cet essai, et, s'il est vrai que les deux philosophes s'accordent sur le constat de « l'égale et morne insignifiance de toute chose », en revanche ils s'opposent quant à la manière d'échapper à cet état de fait. Alors que Cioran ne voit d'issue que dans le suicide (la vie, un « état de non-suicide », écrit-il dans Précis de décomposition), Rosset, lui, table sur la joie, la « béatitude » nietzschéenne, laquelle tire sa force du réel, c'est-à-dire de ce qui, précisément, ne peut que la contrarier.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Affirmer le caractère névrotique de l'espérance peut certes sembler paradoxal : puisqu'on tient généralement celle-ci pour une vertu, c'est à dire une force. Pourtant il n'est pas de force plus douteuse que l'espérance. Ce n'est sans doute pas par hasard, ni par l'effet d'une erreur de copiste, que Hésiode assimile, toujours dans Les travaux et les jours, l'espoir au pire des maux, au fléau qui est resté dans la boîte de Pandore, à la libre disposition des hommes qui s'y précipitent dans la pensée qu'ils y trouveront le salut et le contre-poison à tous les autres maux, alors qu'il s'agit d'un poison parmi les autres, sinon du poison par excellence. Tout ce qui ressemble à de l'espoir, à de l'attente, constitue en effet un vice, soit un défaut de force une défaillance, une faiblesse, - un signe que l'exercice de la vie ne va plus de soi, se trouve en position attaquée et compromise. Un signe que le goût de vivre fait défaut et que la poursuite de la vie doit dorénavant s'appuyer sur une force substitutive : non plus sur le goût de vivre la vie que l'on vit, mais sur l'attrait d'une vie autre et améliorée que nul ne vivra jamais. L'homme de l'espoir est un homme à bout de ressources et d'arguments, un homme vidé, littéralement "épuisé" ; tel cet homme dont parle Schopenhauer, qui "espère trouver dans des consommés et dans des drogues de pharmacie la santé et la vigueur dont la vraie source est la force vitale propre".
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Une des marques les plus assurées de la joie est, pour user d’un qualificatif aux résonances fâcheuses à bien des égards, son caractère totalitaire. Le régime de la joie est celui du tout ou rien : il n’est de joie que totale ou nulle (et j’ajouterai, anticipant sur la suite de mon propos, qu’il n’est de joie qu’à la fois totale et de certaine façon nulle). L’homme joyeux se réjouit certes de ceci ou de cela en particulier ; mais à l’interroger davantage on découvre vite qu’il se réjouit aussi de tel autre ceci et de tel autre cela, et encore de telle et telle autre chose, et ainsi de suite à l’infini. Sa réjouissance n’est pas particulière mais générale : il est « joyeux de toutes les joies », omnibus laetitiis laetum, comme le dit un amoureux comblé dans une pièce du dramaturge latin Trabéa, partiellement citée par Cicéron. Parole pénétrante, encore qu’on ignore tout du contexte dans lequel elle se situait. Ce que suggère une telle parole peut à peu près s’énoncer ainsi : il y a dans la joie un mécanisme approbateur qui tend à déborder l’objet particulier qui l’a suscitée pour affecter indifféremment tout objet et aboutir à une affirmation du caractère jubilatoire de l’existence en général. La joie apparaît ainsi comme une sorte de quitus aveugle accordé à tout et à n’importe quoi, comme une approbation inconditionnelle de toute forme d’existence présente, passée ou à venir.

La force majeure, p. 7-8
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L’appoint de la joie est nécessaire à l’exercice de la vie comme à la connaissance de la réalité.
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Conséquence curieuse de ce totalitarisme : l’homme véritablement joyeux se reconnaît paradoxalement à ceci qu’il est incapable de préciser de quoi il est joyeux, de fournir le motif propre de sa satisfaction. Car il aurait sur ce point beaucoup trop de choses à dire en général, tout en ne trouvant rien à alléguer en particulier.

La force majeure, p. 8
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Cette manière moderne d’ignorer Nietzsche par le biais d’un commentaire enthousiaste soit du fait que Nietzsche ne pense pas, soit du fait qu’il pense dans le sillage d’une modernité post-hégélienne, équivaut évidemment à une fin de non-recevoir (…) Il y aurait sans doute à s’interroger sur les causes d’une telle fin de non-recevoir, qui persiste près d’un siècle après la mort de Nietzsche. La raison fondamentale de ce rejet me paraît résider en ceci que tout discours totalement affirmateur, comme l’est celui de Nietzsche ou comme le sont ceux de Lucrèce et de Spinoza, est et a toujours été reçu comme totalement inadmissible. Inadmissible non seulement aux yeux du plus grand nombre, comme l’insinuait Bataille dans son livre sur Nietzsche, mais aussi, et je dirais plus particulièrement, aux yeux du petit nombre de ceux qu’on appelle les "intellectuels" .
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Vidéo de Clément Rosset
Clément Rosset, le réel et la joie : Entretiens avec Raphaël Enthoven (2006 / France Culture). Photographie : Getty. Crédits : Louis Monier. Cinq entretiens avec Raphaël Enthoven pour l’émission “À voix nue”, diffusés du 20 au 25 février 2006. « “La saveur de l'existence est celle du temps qui passe et change, du non-fixe, du jamais certain, inachevé ; c'est d'ailleurs en cette mouvance que consiste la meilleure et plus sûre permanence de la vie...” Clément Rosset (1939-2018) Né dans les années 30, ancien élève de l'École Normale Supérieure, Clément Rosset obtient à vingt ans l'agrégation de philosophie (malgré la parution, le jour de son dernier oral, d'un grand article dans “Le Monde” sur son tout premier livre). Il conduit ensuite une honorable carrière universitaire principalement à Nice, avant de prendre une retraite anticipée qu'il consacre à ciseler des ouvrages toujours plus brefs, incisifs et désopilants sur le thème du “double”. Il est aujourd'hui adoré du petit nombre de ses lecteurs qui lui reconnaissent le double mérite d'être à la fois un philosophe culte et (encore) confidentiel. Avec “Fantasmagories”, - celui qu'on surnomme “le gai savant” choisit de mettre un point final à une réflexion commencée trente ans plus tôt par “Le réel et son double”, et qui, sur une quinzaine d'ouvrages truffés d'histoires drôles, dresse le portrait d'une humanité désemparée, incapable d'accepter l'indifférence tragique du monde et la joyeuse simplicité de toute chose. “On ne demande pas au philosophe de nous donner des raisons de vivre”, répète-t-il à l'envi. De fait, vous n'en trouverez aucune dans ses livres. Mais peut-être trouverez-vous, au gré de ces “À voix nue”, de quoi vous satisfaire du monde comme il est, et sourire, simplement, de la vie comme elle va. » Raphaël Enthoven
1er entretien : 00:00
2ème entretien : 24:45
3ème entretien : 49:28
4ème entretien : 01:13:55
5ème et dernier entretien : 01:38:54
Source : France Culture
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