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EAN : 9782707311801
92 pages
Editions de Minuit (01/10/1988)
4.12/5   13 notes
Résumé :
Il n'y a probablement de pensée solide - comme d'ailleurs d'œuvre solide quel qu'en soit le genre, s'agit-il de comédie ou d'opéra-bouffe - que dans le registre de l'impitoyable et du désespoir (désespoir par quoi je n'entends pas une disposition d'esprit porté à la mélancolie, tant s'en faut, mais une disposition réfractaire absolument à tout ce qui ressemble à de l'espoir ou de l'attente).
Tout ce qui vise à atténuer la cruauté de la vérité, à atténuer les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La philosophie c'est toujours un peu compliqué à comprendre. Avec Clément Rosset, le livre est structuré, les idées sont expliquées, cela reste difficile mais accessible. Avoir une théorie du réel doit tenir compte du fait qu'on est mortel, que la réalité est une reconstruction par le cerveau (il faut tenir compte des neurosciences) mais aussi que tout est incertain. L'absence de certitude, l'inexplicabilité de la réalité est cruelle, "inéluctablement cruelle". Comme il le dit "la philosophie est une science des problèmes insolubles". D'où des solutions douteuses. Toute vérité est intéressante mais foncièrement ambigüe, douteuse donc, et paradoxale.
"Sa puissance vient de sa capacité à chasser les idées abusivement vraies. Sa vertu est ....hygiénique".
Que ceux qui ont des certitudes lisent ce livre !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
P. 55 Je terminerai par une remarque qui concerne l'amour (au sens usuel) mais n'a rien à voir avec la thèse générale du livre. L'amour est sans doute l'expérience la plus gratifiante qui soit ; il n'est cependant jamais, et ce contrairement à un préjugé tenace, l'occasion d'une véritable "découverte". Je veux dire qu'on y expérimente quelque chose dont ont on possédait toujours et déjà la notion, - ce qui explique le fait apparemment paradoxal que tant de penseurs aient pu parler aussi profondément de l'amour (tels Schopenhauer, Kierkegaard ou Nietzsche) sans en avoir connu l'expérience réelle. Il en va de l'amour comme des cent thalers évoqués par Kant dans la Critique de la raison pure : ceux qui sont dans ma poche ont l'inestimable avantage d'exister et d'être à moi, mais ne diffèrent aucunement de l'idée que je me faisais au préalable de ces même cent thalers. C'est aussi un peu ce qu'exprime Freud lorsqu'il remarque que la prétendue découverte de l'amour adulte et l'amour infantile de la mère, n'est jamais que l'occasion d'une retrouvaille.
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P. 42 On sait que l'ordinaire surestimation des fonctions intellectuelles est telle que les hommes, qui redoutent pour la plupart et dans leur folie d'être considérés comme impuissants en matière sexuelle, redoutent au moins autant d'être tenus pour des imbéciles : comme si c'était perdre tout honneur et se voir presque rayé de la carte de l'existence que d'avouer un défaut d'intelligence. Descartes illustre très bien, quoique apparemment sans y voir de malice, cette revendication universelle d'intelligence, aussi opiniâtre qu'absurde, dans la tout première phrase du Discours de la méthode : "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'ont." Je soupçonne fort, pour ma part, cette inflation des valeurs purement intellectuelles, manifeste dans toutes les entreprises de séparation radicale du corps et de l'esprit, d'être principalement attribuable à un fantasme mégalomane issu du souci - dont les psychiatres font aujourd'hui le centre nerveux de la névrose obsessionnelle - de couper les ponts entre la nature de l'homme et la nature de toute chose, qu'il s'agisse de l'animal ou de la matière inanimée.
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P. 46 : L'adoration d'une vérité se double ainsi toujours d'un indifférence à l'égard du contenu de cette vérité même. Il arrive même parfois à de tels fanatiques, lorsqu'ils en viennent à douter de leur idole ou de leurs idoles successives, de ne trouver d'apaisement que dans une dévotion envers une cause humble mais indiscutable, par exemple la vérité arithmétique. Celui qui a cru en tout mais aussi douté de tout peut très bien faire, en fin de carrière, un excellent expert-comptable : l'établissement d'additions justes et de comptes exacts lui offrant enfin l'occasion d'une indubitable et interminable jouissance du vrai. Ainsi Bouvard et Pécuchet, après avoir tâté de tout, devaient-ils en revenir, selon le projet de Flaubert, à leur projet initial de copistes scrupuleux et irréprochables.
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P. 43 Il existe ainsi une espèce de nombreux faux sages qui n'accèdent à la paix de l' âme que par le fait d'une sorte d'anesthésie générale à l'égard de la réalité, d'une insensibilité au réel qui les rend incapables de craindre comme de désirer ; tel par exemple Paul Valéry, qui en convient lui-même : "Je confesse que j'ai fait une idole de mon esprit, mais je n'en ai point trouvé d'autre." On ne saurait mieux dire que l'intérêt porté à la seule intelligence est la traduction d'une incapacité à s'intéresser à quoi que ce soit, - incapacité dont Bouvard et Pécuchet font, avant Valéry, la dure expérience, propre à rappeler, encore une fois, le lien subtil mais tenace, qui rapproche, bon gré mal gré, l'intelligence pure de la bêtise absolue.
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P. 31 cette citation de Samuel Butler (passage de Ainsi va toute chair) : "Un très petit nombre d'hommes attachent de l'importance à la vérité, ou pensent qu'il est plus noble et meilleur de croire le vrai que de croire le faux en dépit du fait qu'à première vue il peut sembler plus profitable de croire le faux. Et pourtant c'est de ce petit nombre d'hommes seulement qu'on peut dire qu'ils croient à quelque chose ; les autres ne sont que des incroyants honteux".
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"J'entre ici en perdante. Je sais que les mots ne pourront rien. Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin, comme le reste de la littérature. Je ne dis pas qu'elle est inutile, je dis qu'elle ne console pas." C'est ainsi que débute Inconsolable, le livre que nous explorons au cours de cet épisode.
À travers un récit porté par une narratrice confrontée à la mort de son père et qui scrute, au quotidien, la douleur, la tristesse, le monde qui n'est plus le même et la vie qui revient malgré tout, son autrice, la philosophe Adèle van Reeth, tente de regarder la mort en face et de mettre des mots sur cette réalité de notre condition d'êtres mortels. C'est un livre qui parle de la perte des êtres chers et qui est en même temps rempli de vie.
Adèle van Reeth nous en parle au fil d'un dialogue, où il est question, entre autres, de la difficulté et de la nécessité d'écrire, de la vie avec la tristesse et d'un chat opiniâtre. Et à l'issue de cette conversation, nos libraires Julien et Marion vous proposent de découvrir quelques livres qui explorent la question du deuil.
Bibliographie :
- Inconsolable, d'Adèle van Reeth (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21563300-inconsolable-adele-van-reeth-gallimard
- La Vie ordinaire, d'Adèle van Reeth (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20047829-la-vie-ordinaire-adele-van-reeth-folio
- le Réel et son double, de Clément Rosset (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/501864-le-reel-et-son-double-essai-sur-l-illusion-e--clement-rosset-folio
- L'Année de la pensée magique, de Joan Didion (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1177569-l-annee-de-la-pensee-magique-joan-didion-le-livre-de-poche
- Comment j'ai vidé la maison de mes parents, de Lydia Flem (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16192372-comment-j-ai-vide-la-maison-de-mes-parents-une--lydia-flem-points
- Rien n'est su, de Sabine Garrigues (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22539851-rien-n-est-su-sabine-garrigues-le-tripode
- Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21199965-vivre-avec-nos-morts-petit-traite-de-consolati--delphine-horvilleur-le-livre-de-poche
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