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Critique de JulienDjeuks


Les fabliaux réunis ici semblent avoir eu un destin à succès puisque nombre d'entre eux ont été repris par Boccace dans le Décaméron. « le Chevalier qui fit parler les cons » a même inspiré les Bijoux de Diderot à quelques siècles d'éloignement. On peut penser que les manuscrits circulaient sous cape de clerc, en feuillets placés sous le matelas, aux côtés de la Carmina Burana et du Roman de Renart. Dans certains de ces récits, il y a une part de réalisme assez rare à l'époque du roman de chevalerie (c'est le propre des fabliaux d'être ancrés dans la vie quotidienne, à la différence des contes et romans). Pour comprendre les stratagèmes mis en oeuvre par les femmes pour tromper leur mari, il y a une précision du détail qui annoncerait presque les romans policiers. Les récits parodiques que sont le chevalier lâche, celui qui fait parler les cons, et surtout le long « Tubert », gagnent en fait en réalisme en touchant au licencieux, en montrant la naïveté des personnages, leur ridicule, leurs illusions… On toucherait par endroits au Don Quichotte. La naïve qui se fait foutre pour une grue a bien des airs de Quichotte, élevée loin de toute connaissance du monde, des réalités du corps. C'est bien cette caricature de la princesse enfermée dans sa tour élaborées par les romans de chevalerie, qui se maintint à travers les âges. Les récits sont peu poétiques ou excitants en eux-mêmes, ils ne sont pas non plus salaces bien qu'ils ne se refusent pas à parler crûment, on est plutôt dans la rigolade érotique, dans le genre des histoires qu'on se raconte entre amis pour égayer la soirée en compagnie d'un verre de gnaule.

Anonymes (trad. Richard Straub)
- La Saineresse (La Saigneuse) : une femme de bourgeois veut faire mentir son mari qui se vante de ne pas pouvoir être trompé. Elle fait entrer un homme aux airs de femme pour la saigner.
- La Damoiselle qui sonjoit, qu'un jeune homme venait la prendre dans son sommeil.
- La Damoiselle qui ne pooit oïr parler de foutre, empêchant ainsi son père d'embaucher le moindre domestique. En vient se présenter un qui prétendait lui non plus ne pas supporter le mot.

Jean Bodel (trad. Lucien Rossi)
- le Vilain de Billuel, dont la femme fâchée qu'il empêchât un rendez-vous galant qu'elle avait avec le prêtre lui fit croire qu'il était mort.
- Gombert et les deus Clers, qui couchèrent chez lui et avaient des vues sur sa femme et sa fille.
- le Sohait des Vez (Le Songe des vits), son vilain de mari s'étant endormi de trop de vin, la femme se voit en rêve dans un grand marché de vits et de couilles.

Garin, (trad. Lucien Rossi)
- le Prestre ki abevete (Le Prêtre voyeur), qui fait croire à un vilain qu'il y a un enchantement quand on regarde par le trou de serrure, qu'on voit les personnes en train de baiser
- Les Treces, une femme qui fait croire à son mari que l'amant qu'il a surpris dans leur lit était en fait le veau, qu'il a ensuite battu et coupé les tresses d'un cheval.
- Celle qui fu foutue et desfoutue por une grue, une jeune fille très préservée par sa famille croit faire une bonne affaire en négociant une grue contre un foutre. Voulant réparer son affaire, elle demande au jeune homme de lui rendre son foutre...
- le Chevalier qui fist parler les cons, rapportant des vêtements dérobés par son écuyer à des fées prenant leur bain, il reçoit le don de faire parler les cons.
- Berangier au lonc cul, une femme dont le mari était un faux chevalier particulièrement lâche, se déguise en chevalier et le défie.

Gautier le Leu, (trad. R. Straub),
- le Prestre taint, qui fait des avances sans succès à la femme du teinturier, se venge de ses coups à la messe.
- La Veuve, qui profite de la mort de son mari pour rechercher de bons jeunes

Douin de Lavesne (trad. Lucien Rossi)
- Trubert, jeune fils de paysan qui trompe la femme du seigneur en lui vendant une chèvre multicolore peinte contre quelques sous et un foutre, se joue du seigneur en lui vendant à nouveau la même chèvre contre quelques sous et quatre poils de cul…
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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