LA BELLE ÉTOILE
Pour une fois encore
Je me suis laissé dériver
Dans le lacis des rues sombres
La barque a de nouveau quitté le port
Et j’ai oublié rames et boussole
Mystérieuses
Femmes ou statues
Façades de pierres ou visages de plâtre
Vous me prenez mes nuits
Vous mêlez malgré moi votre sang et le mien
Rien qui me hèle rien
Dans la solitude où j’erre
Aucune porte qui s’ouvre
Et cet envol de mouchoirs ne peut me retenir
Le courant est trop fort et le gouvernail est brisé
Laissez résignez-vous
Ne tendez pas la main au naufragé
Je vais rouler comme un caillou jusqu’à la mer
Et ne vous désolez pas sur mon sort
Il a son éternité de mémoire d’innocence et d’oubli
Dans l’austérité amère de la nuit
Les étoiles s’éteignent à force de regards
C’est entre deux flots que se termine le voyage
Les phares clignent des yeux sur la côte
Je m’illumine soudain comme une algue de phosphore
Je pense à toi
au plus profond des îles du sommeil
comme à une clarté
dans le gris de ma détresse
QUAND ANNA MURMURAIT
Vous ne m’avez jamais trouvée
Dans vos escales
M’avez-vous bien cherchée
Ô mes matelots
C’est comme si vous étiez
Entièrement façonnés par la mer
Quand vous débarquez n’allez donc pas
Jeter vos pierres dans une eau dormante
Alors que la tempête habite mes rivages
Aucune folie ne m’est étrangère
Croyez-vous que je ne sache pas m’engloutir
Comme vous dans les sombres flots
Vidéo de Paul Louis Rossi