Ce 25 juillet 2019, ma boite aux lettres m'a livré un fort joli paquet, coloré entre timbres fleuris et la vignette illustrée de l'éditeur, offrant un buste d'homme sculpté… Et nous voilà dans le vif du sujet : Ce texte, hommage premier à la sculpture !! mais pas que !...
Je m'empresse de remercier la gentillesse de Babelio et des éditions de L'Arbre hominescent pour l'envoi de ce texte de
Valérie Rossignol, auteure et sculptrice…que je découvre, en même temps que l'édition. Cerise sur le gâteau, L'heureuse surprise de lire le nom de
Belinda Cannone, qui a rédigé un avant-propos… Auteure et essayiste que j'ai appris à connaître à travers deux très beaux textes : «
S'émerveiller » et «
le Don du passeur »…
Ouvrage dense, construit en diptyque ; la première partie: « Homme de terre », où
Valérie Rossignol décrit avec lyrisme ainsi qu'avec une grande subtilité les mystères de l'acte créateur, et particulièrement les liens uniques, de symbiose silencieuse, entre le sculpteur, et le modèle ; ici l'Homme-muse… car l'originalité de ces lignes proviennent que la sculptrice-auteure choisisse un modèle masculin… Une idée peu courante… et même à contre-courant !...
Ce que
Belinda Cannone formule avec justesse dans l'avant-propos » La création partagée » : « Je n'avais jamais entendu évoquer, ou jamais si bien, ce qui se joue entre l'artiste et son modèle dans l'atelier du sculpteur. (...) Dans l'atelier de
Valérie Rossignol, le modèle n'est pas un corps qui s'abandonne, c'est une "âme", pour reprendre le vocabulaire de l'auteur, que la sculptrice cherche à saisir et à restituer. le corps nu de l'homme est devant elle, il a consenti à poser, ce qui n'est pas confortable, souvent fatigant, consenti à être regardé- étonnant renversement d'une situation traditionnelle où des hommes peignaient et sculptaient des femmes nues. « (p. 8)
La première partie m'a emportée…vraiment , alors que la lettre à l'Homme aimé, j'ai eu du mal à m'y sentir à l'aise… le style déborde quelque peu d' « emphase »…mais que ce n'est que mon avis, restant des plus subjectifs !!
Une lecture enthousiaste d'un côté… et perplexe, de l'autre, comme si en tant que lecteur, j'étais restée très extérieure, même si…même si… il y a des analyses , des interrogations très fines sur l'Amour humain, la sexualité..!
« le désir est fragile et crée la dépendance à l'autre. Nous sommes vulnérables face à l'incertitude de ce qu'il en fera. Je me suis rendue inaccessible aux hommes pour ne pas leur accorder ce pouvoir sur moi. Je ne voulais pas dissocier la chair et l'esprit. Contrairement à ceux qui ont voulu me faire admettre que cette dissociation était ordinaire. « (p.77)
Ce 2 août … Plus de temps à lire ce texte que je ne l'avais prévu. Je l'ai lu par fragments… Guère possible de le lire d'une seule traite… car son contenu est très compact, dense à souhait ,en questionnements, approfondissements artistiques et , humains, … le noyau central est cette dichotomie « Corps-Esprit » si majoritairement véhiculée…
Cette dichotomie est analysée dans l'acte de l'Artiste…puis dans l'Acte d'amour et l'Amour humain…dans sa globalité rêvée et vécue avec émerveillement par la narratrice-sculptrice…
J'ai été captivée par la première partie « Homme de terre » qui fouille avec subtilité et profondeur l'acte créateur, et plus spécifiquement les étapes du travail de la sculptrice… des rapports avec la terre, la matière à pétrir, la lumière, et le modèle , l'Homme-Muse,… situation atypique ou peu commune… où nécessairement , se faufilent les attirances ambivalentes face à la nudité de l'autre sexe…La seconde partie, Lettre adressée à l'homme aimé… est aussi plein de qualités ; c'est entre autres un hommage absolu à l'Homme aimé, au miracle de cet amour fusionnel accompli, entre l'amour charnel et l'amour spirituel, vécu comme un « miracle » aussi merveilleux que l'acte créateur de l'artiste…
La contradiction totale absolue entre la chair et l'esprit, cet acte créateur très physique dans le modelage, le pétrissage de la terre, la nudité du modèle…et en même temps tout cette sensualité… qui est sublimée par l'oeuvre entrain de se faire !
« J'aime l'histoire que le corps me raconte par la façon dont il se déplace, se détourne, me fait face ou m'esquive. C'est la mémoire de la chair, de ce qu'elle a enduré, des coups qu'elle a reçus, des caresses qu'elle a attendues ou données, des oublis dont elle a été victime, comme si l'on pouvait négliger le corps sans porter atteinte à l'être. C'est parce qu'il est nu, que je suis une femme et qu'il est un homme que la vibration a lieu, au-delà ou en-deçà des mots. Nous sommes dans un espace que ni l'art ni la littérature n'a exploré à défaut d'avoir accordé une attention suffisante au corps masculin et à la façon dont une femme pouvait le voir. » (p. 24)
j'achève cet ouvrage que je suis enchantée d'avoir lu… même si mon sentiment final est ambivalent, partagé, tiraillé comme le questionnement de
Valérie Rossignol entre la Chair et le Spirituel, entre la « Terre de la sculptrice et la Chair du modèle –masculin, et l'homme aimé»…Des tiraillements… et puis ces deux textes bien distincts brassent des thèmes fondateurs des plus intimes : L'Art, L'Amour, l'appréhension de son corps, de celui de l'autre, La sexualité, la complexité des comportements et sensibilités des Hommes vis-à-vis des Femmes, et vice-versa , etc. !....
Comme d'habitude… je ne lirai les chroniques des camarades qu' après avoir rédigé mon propre ressenti ; d'autant plus dans ce cas où je parviens pas à une appréciation tranchée…La preuve en est le désordre absolu de cette chronique qui va dans tous les sens, à l'image exacte de mon appréciation perplexe….J'essaye de comprendre mon attitude contradictoire de lectrice…Je crois deviner un début d'explication : J'ai , en débutant cet ouvrage, apprécié la poésie, le lyrisme certain de chaque phrase…et puis…et puis… trop, trop d'envolées, pourtant magnifiques ! C'est pour cette raison, entre autres, que j'ai éprouvé la nécessité de lire ces écrits , en discontinu…Toujours une perception très , très subjective. Ceci étant formulé bien maladroitement, je reste enthousiaste de cette découverte… qui m'a d'ailleurs aussitôt donné envie d'aller regarder le travail de cette artiste,!
Merci, donc, à
Valérie Rossignol, ainsi qu'à la toute nouvelle maison d'édition, « L'Arbre hominescent » !