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Critique de brigittelascombe


"Qui sera le sauveur de la France?"
Sûrement pas le Duc de Reichstadt, Franz pour les uns, François pour les autres, homme écartelé entre deux nationalités, deux visions politiques opposées, qui bien que fils de Napoléon I, ce "Petit Bonaparte" triste et sans grande envergure, n'en est pas moins fils de Marie Louise d'Autriche dont le père autoritaire est l'Empereur d'Autriche (soutenu par son chancelier Metternich, ironique, méprisant et décourageant).
" Alea jacta est!" L'Aiglon, même promu Napoléon II, ne serait-il qu'un cygne sacrifié sur l'autel du pouvoir et de ses complots?Voilà, à mon avis, le point de vue romantique que nous donne à voir Edmond Rostand (poète et dramaturge du XIX° siècle, académicien) dans cette pièce de théâtre (en six actes et en alexandrins), ce drame héroïque dont l'action se situe en 1830 à Baden près de Vienne.
"Saperlipopette!" Sacré Flambeau! le bon vieux grognard est là pour rebooster les neurones en berne de ce dit prisonnier dépressif (mais pourtant utopiste) dont le courrier est censuré,dont la porte est gardée et qui n'a pas de vie propre mais surtout, Flambeau, fervent bonapartiste soutenu par moult partisans est là pour ranimer la flamme du trop résigné fils d'un défunt vainqueur.
"Tara tata!" "La Marseillaise a des favoris" pas des moustaches! Dur, dur, d'être empereur. Qu'Edmond Rostand excuse mes impertinences peu académiques mais les divers passages de Flambeau (familier, impertinent,théâtral, grandiose et lyrique) au langage pittoresque, m'ont distraite quelque peu des angoisses de ce jeune homme romantique, tout droit issu des générations succédant au poète allemand Goethe,(dont les tourments intérieurs sont équivalents aux souffrances du jeune Werther).
Edmond Rostand, dont Cyrano de Bergerac reste le chef-d'oeuvre, produit avec L'Aiglon, une pièce basée sur un fond historique intéressant. L'ambiance du palais est bien rendue.Le portrait de l'Aiglon, surnommé perfidement "La Gloriette",qui "ne se sent pas prêt" à être empereur, qui joue avec des soldats de plomb mais ne manie pas les vraies armes, qui doute,qui n'est que "le souvenir d'un fantôme",qui ne peut vivre sa vie d'homme amoureux, est émouvant.
Edmond Rostand sait rendre cet exilé mélancolique attachant car pitoyable.
La satire, en filigrane (car Edmond Rostand dédie ce drame "à mon "fils Maurice,à la mémoire de son héroïque arrière grand-père Maurice, comte Gérard, Maréchal de France) dénonce l'impérialisme autrichien.
On pense alors bien que l'époque soit différente à L'homme sans qualités de Robert Musil (qui ironise sur l'aveuglement de la société viennoise bercée par l'impérialisme de François-Joseph et fête ses 70 de règne alors qu'elle a subi la défaite de la première guerre mondiale).
"Que suis-je?" "Vivre a bien un prix". Voilà aussi des questions existentielles que pose l'auteur, élevant ainsi son Aiglon à un discours plus général quant à l'identité d'un homme.
A lire, un classique incontournable!
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