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3,5

sur 353 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ferai court, par pudeur, pour témoigner de mon admiration pour ce roman qui m'a bouleversée.
Retrouver Nathan Zuckermann, le double fictionnel de Philip Roth, vingt ans après avoir fait sa connaissance et avec toujours - mais seulement - vingt ans de moins, dans cette complexion-là de corps et d'esprit est en soi un moment d'émotion intense et éprouvant : retiré du monde depuis dix ans, diminué physiquement, Nathan Zuckermann fait l'expérience douloureuse à l'occasion d'un passage à New York d'avoir de nouveau et contre toute attente, envie d'une femme.
Loin du caractère libidineux et voyeuriste qu'on a pu reprocher à ce livre, je me suis retrouvée en empathie profonde avec cet homme vieillissant, lucide face à la mort qui s'annonce et si élégamment désespéré de n'avoir plus rien à mettre en face d'une dernière pulsion de vie, ni illusions ni mécanique d'un corps devenu défaillant.
Comme quoi, n'en déplaise aux pourfendeurs "d'intellos", une émotion cérébrale peut résonner aussi puissamment dans le corps qu'un coup au coeur.
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J'ai commencé mon compagnonnage littéraire avec Portnoy et son complexe, et depuis cette époque j'ai conservé un lien qui ne s'est jamais distendu avec les romans de Philip Roth.
Comme un grand-frère il m'a précédé et accompagné à la fois, dans ma vie de post adolescent, de trentenaire puis maintenant d'homme plus proche de sa fin de vie que de son jour de naissance, mesurant au fil des anniversaires la progression inéluctable vers ce qui est le destin de tout homme.
Nathan Zuckerman s'est exilé dans la campagne du Massachussets, les Berkshires, au milieu des arbres, des lacs, près de Larry Hollis, un voisin envahissant mais compatissant, confident malgré lui de ce voisin qui s'est imposé à lui.
Il se rend de temps à autres à Athena, la ville proche où il s'offre un contact avec la civilisation. Il n'a pas cessé d'écrire, même si l'idée de publier l'a complètement quittée.
Lors d'un séjour à New-York, pour raisons médicales, sur un coup de tête, il répond à l'annonce d'un jeune couple de trentenaires souhaitant échanger leur appartement de l'Upper West Side contre une maison à la campagne.
Cette virée à New-York et la perspective d'y revenir est pour Nathan l'occasion de revisiter sa vie en la comparant à ce que vit aujourd'hui ce couple de trentenaires et que désormais il ne peut plus vivre.
"Moi,qui, depuis l'âge de de douze ans, avais toujours apsiré à la singularité et recherché en moi ce qui sortait de l'ordinaire, voilà que je me retrouvais semblable à tout le monde.
Et n'est-ce pas en fait, cette ombre omniprésente de l'humiliation qui lie chacun d'entre nous à tout le monde ?"
Nathan voyage dans le temps en restant sur place. Rien ne semble avoir bougé. On l'attendait même peut-être. Il retrouve Amy Belette, la compagne de l'écrivain Lonoff un de ses mentors, qu'il a connue en 1956, retrouve Tony le plus jeune fils des patrons d'un restaurant italien dont il était l'habitué. Tony a maintenant les cheveux gris..."Je me faisais l'effet d'être un imposteur, qui prétendait être l'homme que Tony avait connu jadis, et j'aurais donné cher pour être lui."
Regard sur la vieillesse ou non, plutôt sur le voyage dans la vie qui nous place sur une échelle dont nous ne pouvons plus descendre les barreaux sinon regarder monter les autres, qui ne nous rattraperont jamais.
Nathan Zuckerman nous fait vivre avec réalisme, sans complainte et sans complaisance, son histoire qui recoupe celle des USA, des grands mouvements démocrates dans les années 1960 et 1970 à "Nine Eleven" et aux craintes et aux doutes qui habitent les citoyens actifs du pays, qu'il ne comprend plus.
En quelques lignes l'auteur nous fait partager les incompréhesions de Nathan qui s'étonne de voir les gens parler au téléphone dans les rues, jusqu'aux chauffeurs de taxi qui collés à leur téléphone ne conversent plus avec leurs clients...
Philip Roth écrit avec Exit le Fantôme, un de ses romans les plus personnels et les plus émouvants, se regardant dans le miroir et le tournant vers le pays qui l'a consacré, encensé, mais aussi décrié.
Son incapacité à séduire Jamie, la jeune femme du couple avec lequel il échange son appartement, n'est pas uniquement liée à son incapacité physique, elle illustre quelque part l'incapacité de l'Amérique à nous séduire une fois de plus, retranchée qu'elle est dans ses peurs.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Avec son dernier roman traduit en français, Philip Roth fait preuve, une nouvelle fois, d'une singulière virtuosité. « Exit le fantôme » est à la fois mélancolique et moqueur, ancré dans le réel le plus brutal et méditatif. L'histoire pourtant qu'il nous sert est d'une invraisemblable banalité. Quelques peccadilles et quelques jours passés à New York. Nathan Zukerman – le vieil homme, double en papier de l'auteur – lutte avec les séquelles de son cancer de la prostate. Il a en effet accepté une intervention chirurgicale. Voila qu'il se remet à espérer, voila que ressurgit le désir… Mais la libido de ce vieux et irrémédiablement impuissant séducteur est ce que cela nous intéresse ?
Philip Roth heureusement joue en maître avec le récit, il est comme toujours époustouflant d'intelligence. Certes, Zuckerman décide de faire un échange d'appartement et tombe bien amoureux de Jamie la jeune et riche apprentie écrivain. Trois coups de patte de l'auteur suffisent cependant à réintroduire de la complexité dans le texte : Zuckerman croise Amy Belette ancienne et mourante compagne de l'écrivain E.I. Lonoff qu'il admirait ; le jeune et agressif Richard Kliman écrit la biographie scandaleuse de cet écrivain ; le très médiocre fils Bush est inexplicablement réélu pour la deuxième fois … le tour est joué !
Philip Roth est universel lorsqu'il traite de la finitude de l'Etre humain et du renoncement qui l'accompagne. Il nous touche lorsqu'il dit la douleur de vivre vieux, les dernières velléités du corps et l'inquiétude de la mémoire qui flanche. le séjour à New York de Zuckerman, après onze ans de solitude, va ouvrir de vieilles plaies, en révéler de nouvelles.
Zuckerman va être confronté à la violence du monde qu'il a fuit il y a plus d'une décennie. Il croise d'anciennes connaissances et voila qu'instantanément il se retrouve plongé dans le champ des luttes littéraires. Il n'admet pas la marchandisation de l'art d'aujourd'hui qui s'attache aux sordides secrets plutôt qu'aux mystères profonds de la création. L'écriture peut être un sport de combat mais la bagarre avec Richard Kliman qui viole l'intimité de Lonoff est décidément épuisante et sans plaisir. Autre violence, le vieil écrivain est plongé dans un monde qui a changé et qu'il réprouve. Il observe avec beaucoup de justesse ce peuple qui réélit un idiot. Il s'agace de ces fous pendus à leur kit main libre dans les rues et qui parlent tout seul. L'auteur peint décidément le monde d'aujourd'hui avec beaucoup de sagacité.
Philip Roth est aussi un virtuose de la construction et sans cesse il nous surprend. Un exemple. Un banal rendez-vous manqué au restaurant avec Amy Belette et c'est le doute. le narrateur n'est plus sûr de lui et nous synchroniquement ne sommes plus sûrs du narrateur. Nous partageons de façon saisissante son incertitude. Est-ce que Zuckerman est amnésique ?
Enfin, Philip Roth est préoccupé de littérature et cela donne quelles très belles pages. Zuckerman écrit, à la suite de ses rencontres avec Jamie, des dialogues fantasmatiques, confidentiels et amoureux. C'est une merveilleuse trouvaille littéraire qui permet au lecteur de s'interroger sur la fiction, le ressort autobiographique et le mensonge. Amy a écrit un article et c'est une réflexion de Philip Roth sur la critique . Zuckerman relit ses classiques et c'est, cette fois, des pensées sur la lecture.
« Exit le fantôme » est un livre bilan que seuls permettent la plume incisive et le trait vif d'un grand écrivain, une grande oeuvre accomplie.
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Nathan Zuckerman, écrivain septuagénaire et alter ego de l'auteur, s'est retiré volontairement sur les hauteurs des Berkshires dans une petite maison à la campagne : pas de télévision, ni de cinéma, ni de téléphone portable, ni d'ordinateur. Il lit, écrit, se baigne dans un étang, se promène dans les bois. Il est seulement retourné une fois en ville pour être opéré d'un cancer de la prostate et il y revient, 11 ans plus tard, afin de recevoir une injection de collagène qui permettrait de limiter une incontinence très handicapante. Or, en arrivant à New York où il vivait auparavant, il se sent complètement déphasé. Il ne reconnaît pas la ville, trouve les gens bizarres : il est devenu un étranger dans ces lieux qui lui étaient si familiers. En sortant de l'hôpital, il rencontre Amy Bellette, une femme qui a partagé autrefois la vie d'un grand écrivain : E.I. Lonoff. Elle qui était si belle a beaucoup vieilli et est gravement malade. Zuckerman est très troublé de la voir dans cet état. Les repères du vieil auteur se dissolvent : les lieux ont changé, les gens ne ressemblent plus à ce qu'ils étaient, certains sont morts.
En achetant un journal, il découvre l'annonce d'un jeune couple d'écrivains qui veulent échanger leur appartement new-yorkais plein de livres contre une maison à la campagne. Pourquoi Zuckerman les appelle-t-il, lui qui ne voulait plus mettre un pied en ville ? Il ne se comprend même plus lui-même et encore moins lorsqu'il se surprend à tomber amoureux de la jeune femme. Lui, amoureux ? Mais quelle folie ! Il pensait être à l'abri du coup de foudre…
« Exit le fantôme » est un roman étrange, fascinant et dérangeant. Roth parle de façon très crue de la vieillesse, de la maladie, de la déchéance physique, de ce corps qui devient laid, de la mémoire qui vacille, des mots qui ne viennent plus et que l'on cherche sans cesse. Il dit ce que c'est que de vivre diminué, dépendant, comme dépossédé de ce que l'on a été. La mélancolie qui se dégage de ce texte est immense.
Roth décrit de façon magistrale la douleur profonde d'un homme qui tombe amoureux d'une femme au point de la désirer follement alors que son corps ne répond plus et que sa virilité est perdue. C'est l'humiliation, la honte. Alors Nathan Zuckerman écrit les scènes qu'il n'a pas vécues, qu'il ne peut plus vivre. Il les fantasme. Il compense le réel par l'imagination. C'est indiscutablement un des pouvoirs des mots : faire exister ce qui n'est pas.
Comme toujours dans l'oeuvre de Roth, il est question de littérature, de ce qu'elle est devenue : une marchandise comme une autre. Il aborde le sujet de l'écriture, du statut de l'écrivain prié de respecter le politiquement correct sous peine d'être conspué et banni à jamais si un élément de sa biographie s'accorde mal avec l'air du temps.
La construction du roman peut paraître étrange : on semble errer d'une rencontre à l'autre, d'un thème à l'autre dans de longues et fascinantes digressions mais cette errance mime la perte des repères de Zuckerman qui ne reconnaît ni les lieux, ni les gens, se trompe d'heure, égare ses papiers, oublie ses rendez-vous, doute, hésite à partir…

Toutes les obsessions de Roth sont là : la vieillesse, la sexualité, la littérature, la politique, le monde moderne. « Exit le fantôme » est une espèce de roman total car non seulement il embrasse de nombreux thèmes mais il est aussi multiforme : on y trouve des lettres, de longs échanges théâtraux...
Roth semble ici vouloir faire le point sur ce qu'il est devenu dans un monde qu'il juge perdu, superficiel, matérialiste.
Un texte magnifique, impressionnant d'humanité.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Défi ABC 2016-2017

Monsieur Zuckerman, quel plaisir de vous rencontrer! Je ne m'attendais à vous croiser dans les couloirs du Mount Sinaï, mais c'est ainsi, les messieurs, fussent-ils écrivains de génie, finissent par avoir l'âge de leur prostate. Vous avez donc mis un terme à votre retraite campagnarde. Les menaces à votre encontre ont cessé, mais les temps ont changé, sinon, comment expliquer la réélection de Georges Bush Jr? Et ces passants, tous enchaînés à leur téléphone portable, mais que peuvent-ils bien avoir à se dire de si pressant? Enfin, ainsi va le monde.
Et New York est une ville faite pour les rencontres: Jamie, la jeune et belle épouse de Bill, avec qui vous décidez un échange de maison, et l'exaspérant Richard Kliman, qui aimerait tant votre aide pour publier une enquête à scandale sur votre respecté mentor, Lonoff, et même Amy Bellette, si troublante autrefois, si près de la mort aujourd'hui... Que de fantômes se réveillent, que de désirs devenus irréalisables, quel naufrage que la vieillesse... le désir, la mémoire, le corps vieillissant deviennent fantômes.
Monsieur Zuckerman, je tiens à vous remercier pour les quelques heures que j'ai eu l'honneur et le plaisir de passer en votre compagnie.
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On ne peut pas écrire une note critique sur un roman de Philip Roth, parce qu'il le supporte difficilement, et qu'il a gagné le droit de ne pas être harcelé.
Ainsi écrit-il : "Dès que l'on entre dans les simplifications idéologiques et dans le réductionnisme biographique du journalisme, l'essence de l'oeuvre d'art disparaît ».
Bien sûr, si, comme moi, le lecteur a dépassé la soixantaine, c'est une découverte éprouvante. Les personnages tentent sans succès d'échapper au cancer et à Alzheimer, qui guettent dans les beaux appartements de l'Upper East Side comme dans les logements miteux de la Première avenue, et qui n'épargnent pas les grands écrivains, qui se découvrent « semblables à tout le monde ».
Je ne vous donne pas les détails, pour ne pas gâcher vos nuits, mais ils sont ici exposés avec une cruauté que je n'avais encore vue nulle part. le sujet du livre est la création, bien sûr, mais il est bel et bien submergé par l'angoisse, que le héros solitaire ne partage avec personne. C'est un livre superbe, ne le laissez pas passer, et si vous ne l'avez pas lu, ouvrez aussi « La tache » (Gallimard 2002), qui vous laissera une impression inoubliable.
Lien : http://www.bigmammy.fr
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Roman que l'on dirait envoutant, peut-être aussi désespérant, déroulant sans vergogne la déchéance sexuelle d'un homme âgé, écrivain célèbre, amoureux d'une jeune femme peu accessible, et qui revient sur une période incertaine de sa jeunesse.
Nathan Zuckerman est un personnage récurrent de l'oeuvre de Philip Roth. Cet écrivain célèbre, double de l'auteur, a soixante et onze ans, a été opéré d'un cancer de la prostate, à la suite de quoi il est impuissant et incontinent. Depuis une dizaine d'années, il vit reclus dans le Massachusetts, cherchant à fuir les pressions que pouvaient exercer sur lui, le monde, la politique, les médias, les autres. Surtout, il était menacé de mort : « Douze balles dans la peau » lui étaient réservées par un antisémite anonyme.
On est en novembre 2004, l'Amérique vote, Bush ou Kerry ? de passage à New-York pour un traitement chirurgical original de son incontinence urinaire (injection locale de collagène), il croise fortuitement une vieille connaissance, Amy Bellette, sans se signaler : remontent alors les circonstances de sa rencontre (unique) avec cette femme aujourd'hui diminuée par l'évidence d'une intervention sur le cerveau. Autrefois, il y a presque cinquante ans (en 1956) c'était une beauté, éprise de E.I. Lonoff, un écrivain qui eut son heure de gloire mais qui est aujourd'hui complètement oublié. Il avait peut-être essayé d'écrire un ultime roman qui n'était pas paru.
Zuckerman décide de séjourner une année dans la métropole en passant par un échange de maison : répondant à une annonce, il fait la connaissance de Billy et Jamie, jeune couple marié qui souhaitait prendre le large pour échapper au terrorisme d'après le 11 septembre 2001. Et voilà que Nathan Zuckerman tombe sous le charme de Jamie, quarante ans de moins que lui, belle, attachée à son mari, cultivant néanmoins la liaison qu'elle eut avec Richard Kliman, jeune écrivain fougueux qui, hasard ou non, cherche à exploiter le manuscrit inédit de Lonoff pour écrire une biographie à scandale, en proclamant avoir découvert un secret de sa vie, (d'ordre sexuel, de nature incestueuse). Lonoff ne mérite pas une telle publicité, même si c'est pour le sortir de l'ombre, estiment Nathan et Amy Bellette.
Ce roman tourne autour de ces tensions contradictoires, le culte brûlant que voue Nathan à Jamie, l'insistance de Richard Kliman à finaliser son projet alors que, de par son mépris des autres et son harcèlement incessant, il est constamment rejeté, enfin le secret de Lonoff, objet potentiel d'une cabale à coloration scandaleuse ou mystère destiné à rester une énigme dans un recoin confidentiel.
Philip Roth nous promène dans un New York qu'il connait bien, entre son hôtel Hilton, l'appartement chaleureux où trône Jamie, le taudis où vit Amy Bellette, et son imaginaire qui lui fait (re)vivre à sa guise sa relation avec la jeune femme devenue sa passion.

Ce roman fourmille de signes, de réflexions parfois à peine évoquées, autour du déclin physique des hommes, marqués dans le cas de Nathan par ses troubles urinaires, sexuels, neurologiques (mémoire non fiable), également déclin mental avec la perte du désir et de l'élan littéraire. Ce délitement est traité avec l'acuité et l'ironie dont sait faire preuve Philip Roth, et co-existe avec d'autres thèmes comme le rejet des biographies qui dénaturent les récits, les valeurs de leurs sujets, le risque de confusion entre l'écriture journalistique et l'écriture romanesque, l'ambiguïté du coup de foudre au cours d'une relation par trop inégalitaire, etc. Roth opère, dissèque les caractères avec sa perspicacité, son sens de la discrimination habituelle, et utilisant froideur ou cruauté quand il le faut (Kliman le mérite bien).
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Une boucle se ferme dans ce roman, pour les lecteurs de P Roth voici le temps d'une dernière danse avec Nathan Zuckerman l'alter ego fictionnel de Philip Roth.
Nathan Zuckerman, écrivain célèbre, vit à la campagne depuis des années, depuis en fait qu'il a reçu des menaces de mort, rien de tel pour vous faire aimer la solitude.
L'homme a vieilli, plutôt difficilement, il est atteint d'un cancer de la prostate et pour faire bonne mesure d'impuissance et d'incontinence, même sa mémoire fou le camp. C'est pour se soigner qu'il revient à New York alors que la campagne présidentielle bat son plein.
Décidé à échanger sa maison contre un appartement à NY, il fait la connaissance de Jamie jeune romancière dont il tombe amoureux fou comme seul peut l'être un homme au crépuscule de sa vie.
Pour faire plaisir à la jeune femme il rencontre un journaliste qui s'apprête à publier une biographie qui révèle des détails scabreux de la vie d'un écrivain que Nathan a bien connu : Lonoff
ll a été dans le passé un témoin privilégié de la vie d' Amy Bellette la maitresse de Lonoff. Aujourd'hui Lonoff est mort et Amy est atteinte d'une tumeur au cerveau. Zuckerman est révulsé par ce déballage, par les secrets sordides qui n'ajoutent ni ne retranchent rien au talent d'un homme et il va tenter de faire échouer le projet.
C'est une lutte contre la mort que mène Nathan Zuckerman en réalité, Lonoff lui a déjà perdu, Amy Bellette va lâcher la rampe, notre héros ne se résout pas à abdiquer. Il veut encore plaire, séduire une dernière fois même si ce n'est qu'en rêve.

Voilà posé l'histoire que nous raconte Philip Roth dans ce livre.
Il y règle par avance quelques comptes avec les soit disant biographes qui seraient tentés d'écrire sur lui. Son livre plein de colère contre la déchéance physique, plein de rage contre la perte du désir, nous montre un homme qui doit faire le deuil de sa puissance aussi bien physique que créatrice. le combat de Zuckerman est le sien.
Parcouru par une ironie noire, ce livre testament est le salut d'un artiste à son public avant que le rideau ne tombe, une dernière parade brillante et désespérée pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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EXIT LE FANTÔME de PHILIP ROTH
Ce livre fait partie du cycle Zuckerman et l'on retrouve l'écrivain septuagénaire, reclus à la campagne, un rien acariâtre, qui, par un concours de circonstances, va se redécouvrir amoureux. Nostalgique et crépusculaire, j'ai aimé la description de ses tourments qu'il ne croyait plus possible. Grande et belle lucidité.
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