Après avoir lu les deux livres fort denses que sont d'une part "
Jean Moulin" de
Daniel Cordier, et d'autre part "Sodome et Gomorrhe" de
Marcel Proust, une pause avec ce court roman d'un de mes romanciers préférés,
Philip Roth, et ceci même si ce roman est nettement un ton au-dessous de ses meilleurs,
La Tâche ou
le Complot contre l'Amérique, ou
Némésis par exemple.
Et le sentiment de retrouver une sorte d'ami qui vient vous raconter une histoire. C'est le cas pour moi de
Philip Roth ou de
Modiano,
Duras,
Kundera, et quelques autres.
La Bête qui meurt est le dernier ouvrage du cycle "David Kepesh" qui comprend aussi
le sein et
Professeur de désir.
Le roman est facile à lire, construit comme un long monologue (ce procédé rappelle
Portnoy et son complexe) que David Kepesh adresse à une interlocutrice ou un interlocuteur dont nous ne saurons rien, est-ce le lecteur finalement?
David Kepesh enseigne la critique littéraire à l'Université et anime aussi une émission littéraire à la TV et à la radio. Après un mariage raté, il est devenu un célibataire assumé, qui ne recherche que des relations féminines épisodiques, des jeunes élèves dont il prend soin de n'avoir une relation qu'après qu'elles ont terminé et validé leur cursus universitaire avec lui, et d'autres qui sont principalement des ex-élèves.
Jusqu'à, il y a huit ans, l'apparition de Consuela Castillo, magnifique jeune femme de 24 ans d'ascendance cubaine au corps parfait et aux seins opulents, qui vient suivre son cours alors qu'il a 62 ans.
Il va alors connaître avec Consuela la dépendance, la
jalousie, le manque, la peur de vieillir, puis le sentiment d'abandon, la dépression, quand il provoque la rupture après 18 mois de relation.
Mais voilà qu'est survenu récemment un évènement imprévu et dramatique qui ramène à lui Consuela, je n'en dis pas plus....Et le récit se termine "en suspens".
Le monologue est mené rondement, et comme on est dans le style oral, il y a de nombreuses digressions où David évoque sa relation sexuelle avec Consuela, ses relations féminines passés et présentes, sa relation houleuse avec son fils dont il critique le puritanisme, celle avec son meilleur ami George dont il assistera à la mort, mais aussi ses opinions tranchées sur le sexe, le couple, le mariage, sur les années de libération sexuelle des femmes dans les années soixante, sur la vieillesse et la mort...
C'est merveilleusement enlevé, souvent cru, parfois un peu facile, souvent désabusé, à la fois ironique et émouvant.
Et sans en avoir l'air, Roth nous livre une réflexion aiguisée sur les relations homme-femme, le sexe, la famille, la vieillesse, la maladie, la mort.