Qu'a écrit
Joseph Roth dans ce dernier roman, alors qu'il s'acheminait vers la mort? Il a écrit les morts de la vie, probablement celles de sa vie.
Il a écrit la jeunesse viennoise insouciante, soudain appelée à monter au front et qui s'y engage avec allant.
Ce sera la mort des milliers de camarades et celle d'un empire, d'un monde. Pour ceux qui y étaient attachés, la nostalgie était irrépressible. Ce fut le cas aussi pour
Stefan Zweig, dans le monde d'hier.
Le couple formé à la hâte à la veille des combats est intermittent, et au lendemain de la guerre les femmes ne sont plus les mêmes, même si leur vie professionnelle et leurs amours féminines ont aussi leurs déboires. Quel contraste avec les principes moraux de la "Belle" époque!
La seule naissance est celle d'un fils.
Entretemps, il y eut la captivité, à laquelle l'amitié a eu du mal à résister.
Et enfin, la mort de la mère, la nuit même où les nazis prennent le pouvoir. le monde entre dans la mort.
Un chapelet de pertes. Mais le livre n'est pas larmoyant, ce n'est pas le genre de l'auteur. L'écriture est à la fois simple et raffinée, agréable malgré la puissante nostalgie qui s'en dégage, et non exempte d'auto-dérision.
Le pouvoir d'évocation de l'auteur ressuscite une période dont il est difficile d'être nostalgique mais qui est pleine de richesses.
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