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Critique de Titania


J'ai lu ce dernier roman d'un grand auteur, comme un testament précieux dont tous les mots comptent car ils sont les derniers publiés, et j'ai beaucoup aimé cette tragédie grecque en Amérique pendant la seconde guerre mondiale.

Némésis c'est le destin qui frappe des humains qui n'y peuvent rien, avec la maladie, la mort, le deuil, le handicap ou même la génétique. C'est le destin brisé de ce prof de gym, rejeté de l'armée en raison de sa mauvaise vue. Ne pouvant partir à la guerre avec ses deux amis, il se retrouve à vivre à Newark une des grandes épidémies de polio du 20eme siècle.

Philip Roth nous plonge alors dans ce passé pas si lointain où on ne comprenait pas grand-chose à cette maladie qui frappait au hasard les enfants et les jeunes adultes, tout comme la guerre au loin fauchait à l'aveugle la jeunesse du monde dans le Pacifique et en Europe.

On a oublié, car depuis, la plupart d'entre nous n'ont loupé aucun de leurs rappels de vaccins, mais j'ai le souvenir dans mon enfance de ces voisines appareillées qui marchaient avec des cannes anglaises, survivantes handicapées et témoins de cet horrible virus paralysant.

Maintenant on sait et on a vaincu, mais Philip Roth nous ramène en ce temps où l'on ignorait tout, et il analyse comment se défait la vie, le corps, et l'esprit de Bucky Cantor à l'épreuve de la maladie, comment dans l'ignorance, s'installe une psychose collective, se délitent les liens sociaux avec la recherche de boucs émissaires, le sentiment de culpabilité ou de châtiment divin.

J'aime beaucoup la construction en boucle du récit, dont on découvre qui est le narrateur au début, et comment il a eu connaissance de l'histoire à la toute fin. C'est magistral, du travail de virtuose. Enfin, on ne peut s'empêcher de penser que cette chronique de la souffrance résonne avec son propre destin d'homme malade, la fiction se confondant avec sa réalité.


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