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Mirèse Akar (Traducteur)Maurice Rambaud (Traducteur)
EAN : 9782070389483
251 pages
Gallimard (15/11/1994)
4.07/5   128 notes
Résumé :
Ce récit, écrit à la première personne, raconte la lente maladie du père de l'auteur âgé de quatre-vingt-six ans, sa lutte obstinée pour vaincre la tumeur au cerveau qui finira par l'emporter. Dans ce combat contre le drame de la vieillesse, le fils guide et assiste le père jusqu'à s'identifier à lui. Patrimoine est une histoire vraie (comme le précise le sous-titre) dont Herman, le père, plus encore que le fils, est le barde. Une histoire cruelle et émouvante, que ... >Voir plus
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Un récit de Philip Roth à la première personne, qui évoque directement la fin de vie de son père, ça sort de l'ordinaire de ses romans sur la société américaine. Pourtant on y retrouve sa patte à base de prose dense et envoûtante, tandis que ses personnages, surtout celui du père, prennent l'épaisseur, la justesse et la sincérité que son acuité sur la vie impose avec naturel.
Herman Roth est le père de 86 ans, à la tumeur au cerveau révélée qui n'entame pas tant que ça son caractère impérieux. le fils Philip Roth (narrateur) se montre empli de bienveillance et de compassion envers son paternel. Un fils dévoué qui va même jusqu'à inciter son père à l'oublier dans son testament au profit de son frère Sandy, alors que la concrétisation de sa demande le laissera abasourdi. Il se contentera de l'aide, de la merde : « Tel était mon patrimoine, non pas l'argent, non pas les téphillim, non pas le bol à raser, mais la merde ».
Un beau récit fort et poignant, sur des choses tristes qui concernent tout le monde, pour lesquelles on peut (malheureusement) facilement s'identifier.

« Pourquoi, après tout, demanderait-il, faut-il qu'un homme meure ? Ce que, bien entendu, il aurait raison de demander. C'est là une bonne question. »
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N'oublie pas (que tu vas mourir)

Mon rapport particulier à Philip Roth guide ce retour : je ne suis pas un grand fan. Mais je le lis, convaincu que c'est un écrivain important et toujours, en somme, à la recherche du livre qui lèverait mes retenues. En conséquence, je préfère ses romans courts car il finit hélas par me fatiguer. Me fatigue, sa propension à en rajouter en digressions techniques et à charger la structure de ses phrases, quand bien même parvient-il souvent à m'emporter et à m'éblouir.

Patrimoine est assez court et plutôt bien « tenu » (j'ose ce jugement, mesurant cependant ce qu'il a de ridicule de ma part !) parce qu'il suit assez strictement et presque chronologiquement les dernières années de la vie du père de l'auteur, depuis la découverte de la tumeur au cerveau qui accélère le processus du vieillissement, de la décrépitude, jusqu'au dernier souffle.

Écrit à la première personne, le roman présente un caractère plus intime. Mais est-ce un roman ? le narrateur porte en effet le nom de l'auteur et il n'est pas douteux que Roth parle de son père. Patrimoine a pour sous-titre « Une histoire vraie ». Je pense cependant que la vérité oscille entre le nom commun (histoire) et l'adjectif qualificatif (vraie), dans son acception littéraire plutôt que factuelle.

— Ah oui ? Tu y crois à ces trucs, toi ? Tu crois à toutes ces choses qu'il raconte ?
— Pas toi ?
— Qui sait ? Peut-être est-il tout simplement en train d'écrire un livre.

À l'issue d'une puissante scène de récurage, le narrateur écrit, en écho avec le titre : « Tel était mon patrimoine : non pas l'argent, non pas les téphillim, non pas le bol à raser, mais la merde. »
La jaquette promet au demeurant « une élégie de l'horreur ». Mais ce n'est pas ça. L'expérience du vieillissement accéléré d'un proche est une épreuve cruelle, possiblement sordide, mais ce combat est ici assez vite gagné quand la situation sanitaire se corse : « Du jour où l'on passe outre à son dégoût, où l'on ignore son écoeurement et où l'on se jette à l'eau pour échapper à des phobies aussi fortement ancrées que des tabous, la vie offre énormément à chérir. »

Nonobstant la tendresse du regard, le livre n'est pas non plus « un tombeau pour le père » qui reste — ou devient — un personnage de roman, progressivement construit comme alter-ego du narrateur qu'il renvoie à ses vanités, à sa mort certaine et peut-être pas si lointaine…

« On ne doit rien oublier. »

Le patrimoine, c'est la mémoire transmise et dont hérite Philip Roth, dont il a fait son univers romanesque, le monde de son père, des Juifs de Newark, que l'auteur préserve de l'oubli. En cela, on est pleinement dans un roman de Philip Roth. Et celui-ci m'a plu.
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Le grand romancier américain nous livre cette fois un récit autobiographique.
Il nous raconte la dernière année de vie de son père, âgé alors de 87 ans, à partir du moment où il est établi que la paralysie faciale dont celui-ci souffre est dû à une tumeur du cerveau qui évoluait depuis longtemps, et dont l'extension est telle qu'elle va le tuer à plus ou moins brève échéance si on ne fait rien, mais qu'une intervention chirurgicale pour l'enlever n'est pas dénuée de risques. Et le père ne prendra pas cette option.

Philip Roth nous décrit, sans fioritures et sans misérabilisme, le parcours conjoint du fils et du père, la combativité et la détresse de ce père qui fut et reste autoritaire, difficile à vivre, mais en même temps d'un incroyable courage et dévouement pour les autres.
Se mêlent au récit les souvenirs de la mort de sa mère quelques années auparavant, et d'autres souvenirs évoqués par son père, ou par lui-même.
On y découvre un père issu de l'immigration juive d'Europe, qui s'attachera toute sa vie à s'intégrer aux Etats-Unis, et qui, à force de travail, connaîtra une certaine ascension sociale malgré son niveau d'éducation limité.
On y découvre surtout l'amour profond qui lie le fils au père, avec une interrogation sur le rôle que joue le fils aîné, Sandy, dont ne saura pas vraiment les sentiments, ni pourquoi le père fait surtout appel au fils cadet, alors que l'aîné, je l'ai lu sur internet, est chirurgien. Sans doute l'auteur est il, sans qu'il le dise, le préféré de son père.
Et le récit nous révélera, de façon surprenante et brutale, quel patrimoine Philip Roth évoque dans le titre de son livre.

C'est très émouvant, très sincère, très cru, mais c'est la volonté de l'auteur de nous faire partager les détails même les plus intimes de la souffrance, et de la détresse, la sienne et celle de son père, qui se confondent souvent. Il y a aussi des grands moments de tendresse et d'humour.
C'est un témoignage d'amour entre fils et père, très fort, et une réflexion profonde sur le temps et la mort, qui touche au plus profond toutes celles et ceux qui ont traversé l'épreuve de la fin de vie de leurs proches.

"On ne doit rien oublier", ce sont les derniers mots du livre, on comprend que c'est pour cette raison que ce grand romancier qui nous a emmené sur tant de chemins d'auto-fiction, a écrit, cette fois, "une histoire vraie".
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Récit signé Philip Roth en hommage à Herman Roth, son père. Il travaillait pour un assureur, n'était pas ce qu'on qualifierait d'un "grand homme", mais c'était son père, "LE" père pour lui.

Ce livre n'est pas simplement le récit de la vie du père de Philip Roth ni même un simple témoignage de son expérience du deuil.
C'est un récit certes "inégal" mais intéressant lorsqu'on a lu plusieurs des ouvrages de l'auteur car on y retrouve finalement l'origine des obsessions qui traversent l'oeuvre de Philip Roth. Étonnamment aussi, on retrouve dans le portrait qu'il fait de son père les traits de certains de ses personnages.
L'autre intérêt de cette lecture réside dans le fait que la vie d'Herman Roth est l'occasion pour l'écrivain de décrire l'Amérique des années 1940-1960 pour cet immigré et fils d'immigré sur la côte est.

S'il est vrai que contrairement à Paul Auster, Philip Roth n'est pas un intello et cela se ressent sur son écriture, cela reste bien écrit. Certes, c'est une écriture moins travaillée, plus âpre, avec des visions plus crues et pessimistes - sans doute à cause de ses origines modestes et au fait que sa famille a été confrontée à la discrimination en plus des fins de mois difficiles - mais cela donne une autre vision de cette Amérique si fascinante.

Au final, ce n'est peut-être pas une lecture que j'encenserai plus que de raison, mais c'est une lecture que j'ai apprécié. Et j'en retiendrai certains passages drôles (comme la fois où le père se fait volé par un ado noir) et l'émotion que l'on voit dans ces passages qui nous ramène à l'essence de notre condition humaine qui réside aussi dans la peur de la mort. Et cela sans emphase stylistique de Roth. Sans pudeur non plus, mais c'est sans chichi, cette condition humaine qui n'a rien de politique mais est plutôt. physiologique et émotionnelle : l'effroi de se voir et de voir l'autre diminuer, autant que la difficulté d'accepter la fatalité et de laisser partir; mais surtout : se souvenir malgré tout.
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Philip Milton Roth (1933-2018), est un écrivain américain, auteur d'un recueil de nouvelles et de 26 romans, dont plusieurs ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques. Patrimoine, paru en 1992, et sous-titré Une histoire vraie, n'est pas un roman mais un récit autobiographique relatant les derniers mois de vie du père de Philip Roth.
Herman Roth, veuf et âgé de quatre-vingt-six ans, bien qu'aveugle d'un oeil est en parfaite santé jusqu'à ce qu'une paralysie faciale lui déformant le visage entraine des examens mettant en évidence la présence d'une tumeur au cerveau qui finira par s'avérer fatale. C'est ce laps de temps de quelques mois que l'écrivain nous invite à partager.
Le récit alterne passé et présent au gré des discussions entre le père et le fils. le présent, ce sont les examens et avis des spécialistes, l'éventuelle opération comportant de nombreux risques certains pour un avantage pas vraiment assuré. Inquiétude, moments de calme, le père et le fils, chacun à leur manière réagissent différemment. le passé ce sont les souvenirs du père qui remontent à sa mémoire, l'époque où il était agent d'assurance à Newark, sa femme décédée, ses enfants dont Philip, ses copains juifs et leurs commerces, la ville qui a changé etc. Mais ce sont aussi les souvenirs du fils sur ces mêmes sujets.
Toute la beauté de ce livre – car il est magnifique – tient dans l'universalité du propos. Si le bouquin parle d'Herman et Philip, tous les lecteurs se sentiront concernés surtout si comme moi, ils ont un certain âge… pouvant alors se glisser aisément dans la peau des deux protagonistes à la fois. le fils qui accompagne les derniers instants de son père ; et ce père qu'on voit vieillir avec tous les travers liés à l'âge : l'irritabilité et l'entêtement, les souvenirs ressassés, le corps qui lâche prise au grand désespoir de l'esprit encore vaillant etc.
L'écriture est précise et détaillée et si le sujet est dramatique, l'écrivain ne verse pas dans le sentimentalisme pleurnichard. On y trouvera même une pointe d'humour, ne serait-ce que dans le titre du livre, « patrimoine », qu'on croit évident au vu du sujet, mais qui cache une astuce bien dans l'esprit de l'auteur.
Un livre extrêmement touchant et émouvant, tout d'infinie tristesse et d'amour où l'oeuvre de mémoire est primordiale, « « Je dois tout me rappeler avec précision, me disais-je, tout me rappeler avec précision pour, le jour où il ne sera plus, pouvoir recréer le père qui m'a créé. » On ne doit rien oublier. »

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Le gosse prend l'argent, rend le portefeuille et détale. Et tu sais ce que fait mon père ? Il l'interpelle. "Combien d'argent tu as pris ?" Et le gosse, docilement, le compte : "Vingt-trois dollars", dit-il. - Très bien, fait mon père, maintenant, surtout ne va pas le dépenser pour te payer des saloperies."
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On nettoie la merde de son père parce qu’elle doit être nettoyée, mais, dans le sillage du nettoyage, tout ce qu’il y a lieu de ressentir se ressent comme jamais auparavant : du jour où l’on passe outre à son dégoût, où l’on ignore son écoeurement et où l’on se jette à l’eau pour échapper à des phobies aussi fortement ancrées que des tabous, la vie offre énormément à chérir.
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Du jour où l'on passe outre à son dégoût, où l'on ignore son écœurement et où l'on se jette à l'eau pour échapper à des phobies aussi fortement ancrées que des tabous, la vie offre énormément à chérir.
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Après je ne pus rien faire d’autre que suivre son brancard jusque dans la chambre où on l’installa, et m’asseoir à son chevet. Mourir est un travail, et c’était un travailleur. Mourir est quelque chose d’horrible, et mon père était en train de mourir. Je lui pris la main qui, elle au moins, donnait encore l’impression d’être sa main ; je lui caressai le front qui lui, au moins, donnait encore l’impression d’être son front ; et je lui dis toutes sortes de choses qu’il n’était plus en mesure de comprendre. Heureusement, il n’y avait dans ce que je lui dis au cours de cette matinée rien qu’il ne sût déjà.
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A voir la salle de bain, on aurait pu croire que quelque voyou pervers avait cambriolé la maison et laissé sa carte de visite [...] Je pensais avec horreur à ses héroïques et vains efforts pour se nettoyer [...] et à la honte, à l’humiliation dont il se sentait l’objet [...]. On nettoie la merde de son père parce qu’elle doit être nettoyée, mais dans le sillage du nettoyage, tout ce qu’il y a lieu de ressentir se ressent comme jamais encore auparavant [...] . Du jour où l’on passe outre son dégoût, où l’on ignore son écœurement et l’on se jette à l’eau pour échapper à des phobies aussi fortement ancrées que des tabous, la vie offre énormément à chérir.
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