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Critique de Soleney


Cela faisait très longtemps que je n'avais pas eu autant de plaisir à dévorer un livre… Pour vous dire, j'étais tellement prise dans l'histoire de la Peur du Sage que je n'ai même pas vu le temps défiler (5 heures avant que j'arrive à lever le nez du bouquin !). La dernière fois que ça m'a fait ça, c'était à la lecture de L'Homme-runes, soit il y a un peu plus de deux ans…

Mais pourquoi je la trouve si bien, cette série ?
Tout d'abord, parce que les intrigues se multiplient outrageusement. Petit récapitulatif :
- La quête des Chandrians (meurtriers des parents de Kvothe), qui est le fil rouge de la saga, mais qui n'apparaît pourtant que très occasionnellement ;
- La (sur)vie en milieu étudiant, accompagnée de ses histoires annexes (trouver de l'argent pour se nourrir, payer la réinscription, apprendre le nom du vent, ridiculiser Ambrose Jakis, découvrir les secrets de l'Université…) ;
- La quête amoureuse avec l'insaisissable Denna (déjà, il faut réussir à la trouver, puis il faut se distinguer de ses multiples prétendants, la protéger de son étrange mécène, découvrir son passé mystérieux…) ;
- Ainsi que se faire un nom à la cour du Maer (maintenir le mystère autour de sa personne pour que tous les nobliaux aient à jaser, devenir son homme de confiance, lui sauver sa vie sans se faire tuer, intriguer pour lui…) ;
- Plus toutes celles qui vont apparaître dans ce volume.

Et presque aucune d'entre elles n'est tout à fait résolue. Ainsi Kvothe est sans cesse contraint de trouver de l'argent, de courir après Denna, de retrouver la confiance du Maer (qui a tendance à disparaître très très vite…).
Grâce à cela, pas un temps mort ! Et Kvothe va évidemment se servir de toutes ses péripéties pour construire sa légende – faisant preuve ainsi d'une mauvaise foi évidente… J'ai apprécié ce côté du personnage parce que ça le montre (lui, le héros légendaire) sous un jour moins relisant. Et c'est sûrement plus proche de la réalité que tous les héros sans peur et sans reproche qui apparaissent dans la fantasty.

On pourrait croire que l'auteur se risque sur un terrain dangereux à multiplier les trames, mais en fait pas du tout. Il maîtrise les aventures de son protagoniste à la perfection, et évite la sensation de confusion qu'il aurait pu y avoir. En fait, je dirais même que Patrick Rothfuss a choisi le bon moment pour faire bouger son personnage principal – sa vie à l'Université commençait à être un peu monotone.
Toutefois, il y a quelques choix de Kvothe que je n'ai pas approuvé, comme le fait qu'il dépense son argent alors qu'il est presque sur la paille (par exemple, quand il utilise ses dernières pièces pour acheter une tourte à la viande), qu'il continue à chercher des noises à Ambrose au lieu de laisser tomber (tu le sens, toi, que ça va juste le foutre encore une fois dans la merde...), etc. Mais tout le monde fait ses propres choix. Cela ne rend le héros que plus humain.

Tout comme, Denna, en fait. Dans le volume précédent, on apprend qu'elle se déteste au plus haut point.
Oui, elle se hait. Elle, la fille magnétique à qui aucun homme ne résiste n'a que mépris pour sa personne. La fille pour qui Kvothe a le plus d'admiration et d'affection n'a aucune estime d'elle-même. Comment ? Pourquoi ? Eh bien, elle est humaine, tout simplement. On est nombreux à ne pas se rendre compte de sa valeur. Qui a réussi à percevoir exactement l'image qu'on peut renvoyer à autrui ? Denna, elle, estime qu'elle fout toujours tout en l'air à chaque fois qu'elle essaie de faire quelque chose de bien. C'est plutôt rare de voir ça pour ce genre de personnage – le genre qui éblouit.

Un autre personnage fascinant est Bast. Tout simplement parce qu'on ne sait rien de lui, qu'il est visiblement Fae, mais qu'on ne sait pas comment ni pourquoi il est devenu l'élève de Kvothe (les Faes ne sont-ils pas censés en savoir plus sur la magie que nous ?). Et on ne sait pas non plus à quelle espèce il appartient...

Il y a une grande nouveauté dans cette saga qui la rend très différente de tous les autres livres de fantasty que j'ai pu lire. Je le sentais depuis le début, mais je n'arrivais pas à mettre un mot dessus. En fait, c'est très simple : c'est la première fois que je lis de la fantasy qui ne fait pas reposer le sort du monde sur les épaules de son héros ! C'est incroyable, inattendu et étonnant, et pourtant j'ai mis deux tomes et demi (le troisième ne comptant pas vraiment puisqu'il fait partie de la deuxième journée) à le comprendre. Kvothe n'a pas pour vocation de sauver le monde, il cherche juste à en percer les mystères…

Finalement, la seule chose que je pourrais reprocher à ce livre (et encore), c'est le fait que la carte ne soit pas du tout détaillée. Plusieurs villes manquent à l'appel : où est Trebon ? Où est Haert ? Où est la cour du Maer ? Ce qui aurait pu être une bonne idée, aussi, ç'aurait été de marquer d'une croix les lieux où il s'est passé quelque chose d'important (comme la mort de la troupe de Kvothe, par exemple). Pour finir, les limites entre les royaumes sont difficilement distinguables (le trait aurait pu être plus gros).
Mais je chipote : c'est déjà bien qu'il y ait une carte !

Bon, il y a aussi le fait que le prologue et l'épilogue soient très semblables à ceux du premier tome, et je n'en ai pas vu l'intérêt. Dans le Nom du Vent, la relecture du prologue après avoir eu connaissance d'une partie des aventures de Kvothe nous le fait voir sous un autre jour, plus pessimiste. Mais je n'ai pas eu cette même impression avec le deuxième volet. Ça m'a paru un peu redondant. Mais peut-être que je suis passée à côté de quelque chose ?

Bref, une suite largement à la hauteur du premier tome ! Les personnages et les intrigues sont plus nombreux et plus prenants (Simmon et Wilem se personnalisent !). Un seul regret : j'aurais vraiment dû découvrir cette série plus tard… Comme ça, je n'aurais pas eu besoin d'attendre pour lire le dernier livre !
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