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Critique de madameduberry


Pour l'inspiration, et la connection à la terre, la proximité au monde animal et végétal qui nous entoure et nous enserre, si peu que nous quittions la protection du confort et de la ville, elle m'évoque Colette. Mais Colette sans le lyrisme, sans les affèteries auxquelles notre bourguignonne nationale se risquait parfois, et qui font parfois qualifier son écriture de démodée.
Marie Rouanet décrit diverses maisons réduites au rudimentaire et à l'essentiel, où elle passa des moments de sa vie.Dans ce cadre la première proximité est celle du corps humain, ses odeurs, ses humeurs, ses excréments. Un cadre dépouillé de tout confort : pas d'eau courante, pas de "cabinets d'aisance", pas de ramassage des déchets, juste une bonbonne de gaz qu'il faut monter sur l'épaule.. toutes les fonctions vitales s'effectuent au prix d'un effort et d'un raisonnement.A contrario, les bonheurs sensuels des repas de poissons, de coquillages, de salades sauvages,à l'abri des chênes ou sous les étoiles retrouvées car n'étant pas éteintes par la pollution lumineuse, le silence très relatif, traversé par le vent, les cris animaux..Mais Marie Rouanet ne nous épargne pas l'envers du décor ,et sa propre enfance encore paysanne lui permet d'éduquer ses enfants : ils s'accomoderont donc de l'absence de lieux clos pour les fonctions excrétrices, de la présence persistante du pot de chambre à travers "l'odeur légère qui imprègne le bois de la table de nuit où il est enfermé" (je cite de mémoire), ils contribuent largement à la subsistance en ramenant quotidiennement le produit de leur pêche, tandis que les parents se résignent parfois à aller acheter le pain et les légumes pas encore trop flêtris de l'unique épicerie du village voisin.L'entrecroisement des souvenirs d'enfance de Marie Rouanet et de méditations plus contemporaines sur l'agréable, l'utile, que l'on disjoint à tort, et le divertissement pascalien des plaisirs de la ville, qu'elle pratique également,ne font pas de ce petit ouvrage une apologie de la vie sauvage, ni un pamphlet contre le progrès, ni une oeuvre passéiste voire réactionnaire. Toute la rudesse, le pénible de la vie paysanne d'autrefois sont bien évoqués et même détaillés, ainsi que leurs efffets sur le corps et l'âme qui la traversent.Mais Marie Rouanet , comme tous les voyageurs du temps, est confrontée au paradoxe d'une subjectivité qui, elle, sera forcément anachronique.C'est cette lucidité, cette division subjective qui font aussi le prix d'un livre que je trouve honnête et sincère, en même temps que remarquablement écrit.
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